?  L'Europe renaîtra aussi de l’océan

Antarctique
(© Robert mcgillivray / Shutterstock.com)

À l'occasion de la journée européenne de la mer, retrouvez la tribune publiée dans Libération et cosignée par :

- Catherine Chabaud, navigatrice et candidate sur notre liste Renaissance aux élections européennes,

- Jimmy Pahun, député du Morbihan et navigateur, 

- et Pierre Karleskind, océanographe, également candidat Renaissance.

On ne parle aujourd’hui de lui que pour évoquer son élévation comme conséquence du dérèglement climatique et de la fonte des glaces, pour alerter de son asphyxie par les plastiques dont l’invasion s’accélère ou pour pleurer la disparition des espèces qui y vivent. De fait, l’océan est dans une urgence absolue et pourtant il est l’avenir de la terre. Nous sommes nombreux, scientifiques, acteurs économiques, associations écologiques, personnalités politiques, citoyens… à le clamer. Signataires de cette tribune, nous entendons porter la voix de l’océan demain dans les instances de l’Union européenne, convaincus que c’est aussi de lui que renaîtra l’Europe.

Un travail scientifique planétaire de longue haleine, l’a récemment prouvé : «Le fait de se tourner vers la mer est le plus puissant moteur du développement économique qui soit, la clé de la réussite et de la prédominance», nous rappelle Christian Buchet, historien de la mer et directeur scientifique d’Océanides (1). Le récit contemporain de la relation des civilisations avec l’océan s’écrit, aujourd’hui encore, au travers des activités historiques liées à la mer – commerce, pêche, défense –, et il fait parfois peur. Quelques chiffres pour illustrer cet état de fait : 90% du commerce mondial transite par la mer (en majorité par les ports européens), 2,6 milliards d’êtres humains dépendent de l’océan pour les apports en protéines, enfin, la mer est aussi un espace de tension sécuritaire avec la montée en puissance des prétentions chinoises. Mais c’est la découverte de nouvelles ressources, qui convainc d’un océan avenir de l’humanité: ressources biologiques, génétiques, pharmacologiques, minérales, énergétiques… Et encore, seulement 5% de ce milieu qui couvre 71% de la surface de la planète auraient été explorés.

A ces ressources, il faut ajouter les services écosystémiques : l’océan fournit la moitié de l’oxygène de l’atmosphère, absorbe 25% du CO2que nous émettons et équilibre le climat; les écosystèmes côtiers mangroves ou récifs coralliens, nourrissent les populations et protègent les côtes. L’humanité est donc devant un défi abyssal: l’océan est son avenir, mais à la seule condition de mieux le connaître, de le préserver et de le gérer durablement.

L’Union européenne – et à travers elle, la France – a un rôle immense à jouer au bénéfice de ses populations, pour maintes raisons : elle dispose du premier espace maritime au monde (2); grâce à ses régions ultrapériphériques, elle est présente dans les grandes régions océaniques du globe; la moitié de sa population habite déjà sur le littoral. Les consciences s’éveillent sur ces enjeux à Bruxelles. L’Europe s’est ainsi dotée d’une Politique maritime intégrée, a adopté des directives cadres pour retrouver la bonne santé du milieu marin et planifier l’espace maritime, a développé Natura 2000 en mer, mis en place des quotas de pêche, vient de s’engager dans la réduction des plastiques, a marqué son intérêt pour le développement d’une économie bleue durable (déjà 5 millions d’emplois, 7 millions en 2020), notamment en Méditerranée. Mais nous voulons qu’elle aille plus vite et plus loin, car les Européens ont encore le dos tourné à la mer. L’Europe peut apporter la compétence de ses instituts de recherche océanographiques à la décennie de l’océan lancée par les Nations unies (2021-2031) ; elle peut décliner la transition écologique – dont nous faisons notre priorité – dans le transport maritime ou la pêche durable, développer l’économie circulaire, et réduire de manière drastique toutes les pollutions telluriques qui, à défaut d’être traitées, finissent à la mer. Ainsi contribuera-t-elle aux objectifs du développement durable des Nations unies.

Pour cela, il est nécessaire de renforcer la gouvernance de la politique maritime de l’UE, en réaffirmant une approche intégrée reposant sur la préservation des océans, la croissance bleue et la souveraineté européenne. L’Agence européenne de sécurité maritime pourrait évoluer en une véritable Agence européenne de la mer. Les travaux de l’intergroupe mer et littoral ont montré l’intérêt de constituer une commission parlementaire dédiée à la mer. Expérimentons la mise en place d’une commission spéciale «Mare» au sein du Parlement européen !

Il nous faudra développer une culture maritime de l’Europe, notamment au travers d’un Erasmus mer, valoriser le patrimoine maritime de l’Europe, relancer une Course de l’Europe à la voile, comme celle où germa notre identité de marin européen il y a trente ans. A travers cette gouvernance renforcée, L’Europe pourra peser de tout son poids dans la négociation sur la préservation de la biodiversité en haute mer, à travers laquelle nous entendons promouvoir la notion d’un océan, bien commun de l’humanité. L’UE peut s’appuyer sur sa dimension maritime pour «faire poids» face aux nations qui la préféreraient affaiblie. Si, de plus, elle met en œuvre un Pacte avec l’Afrique et développe la défense européenne, comme nous nous y engageons, alors l’Europe fera réentendre sa voix sur la scène internationale. Nous en sommes convaincus, l’Europe renaîtra aussi de l’océan.

(1) La Grande histoire vue de la mer, Christian Buchet, éd. du cherche Midi.

(2) 25,5 millions de km2 avant Brexit, 18 millions après – à comparer à ses 4,4 millions de km2 terrestres.

Catherine Chabaud candidate MoDem de la liste Renaissance, navigatrice , Pierre Karleskind candidat LaRem de la liste Renaissance, océanographe , Jimmy Pahun député MoDem du Morbihan, navigateur

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