"Le projet du Front National est antinational et conduirait la France au malheur"

François Bayrou a dénoncé avec conviction "le projet antinational" du Front National, sur Public Sénat. "Il conduirait familles et jeunes au malheur. C'est le contraire de ce qu'il nous faut pour reconstruire notre pays", a-t-il démontré.

Preuves par  3  - D’après le reportage que nous venons de voir, le Front National gagnerait plus de terrain que le MoDem car, en temps de crise, un message tonitruant serait mieux entendu qu’un message serein.

François Bayrou - Que dit le reportage ? Il dit "Cet homme-là nous avait dit la vérité sur les principaux problèmes du pays", c’est un point. Deuxièmement, le Front National dit qu’il faut avoir un projet qui soit un projet patriote et national. Excusez-moi mais je pense que le projet du Front National est un projet antinational. Les choix qu’il propose, sortir de l’Euro, revenir au Franc, fermer les frontières, ce sont des choix qui conduiraient la France au malheur. Je ne choisis pas mes mots au hasard : ils conduiraient la France au malheur pour toutes les familles et pour tous les jeunes.

Mais pourtant…

Il n’y a pas de "pourtant" ! C’est une affirmation à laquelle tous ceux qui ont une responsabilité doivent réfléchir parce qu’il y a des moments dans l’histoire où il ne s’agit pas de suivre les inclinations des gens, il s’agit de dire la vérité au pays.

Pourquoi le Front National monte tant aujourd’hui ?

Parce que les thèses qu’il présente, qui sont des thèses simples ou simplistes…

Donc les Français sont simplets s’ils sont séduits par ces thèses ?

N’essayez pas de déformer ce que je dis, essayons de choisir les bons mots. Les Français sont aujourd’hui dans une situation d’inquiétude, et on leur montre un responsable qui est l’autre, le concurrent allemand, le voisin qui nous imposerait des choix, une Europe qui viendrait nous embêter. Tout ça, c’est le contraire de ce qu’il nous faut pour reconstruire notre pays. Je ne sais pas si j’ai le temps de vous raconter deux courtes histoires. La première que je raconte dans mon livre De la vérité en politique. Dans les années 1930 en Angleterre, il y a une vague, qu’on appellerait d’extrême-droite aujourd’hui ou très à droite, qui refuse que l’Angleterre participe au grand combat européen et qui refuse de s’armer. Une vague pacifiste qui dit : "Restons dans notre île, ce qu’il se passe sur le continent, on ne veut pas le savoir". Ils gagnent les élections. Il y a un homme qui s’oppose à ça, tout seul, qui s’appelle Winston Churchill. Il interpelle le Premier ministre qui lui répond "M. Churchill, je sais bien que l’Allemagne est menaçante, mais si j’avais dit ça aux Anglais pendant les élections, j’aurais perdu". Qui avait raison ? Celui qui est allé contre le mouvement des foules ou le contraire ? Deuxième très courte histoire. De Gaulle revient au pouvoir en 1958. Comme vous le savez, il s’était beaucoup opposé à l’Europe. On venait de signer le Traité de Rome un an avant, qui était le traité de construction du marché commun. Tous ses conseillers, tous ses partisans n’avaient qu’une idée, c’était de sortir de ce traité du marché commun et de refaire les frontières. La première note qu’on lui apporte, c’est la note pour sortir du traité de Rome. De Gaulle prend son stylo et, en marge, il écrit "Non, les Français sont forts mais ils ne le savent pas". Cette annotation du Général de Gaulle est valable encore aujourd’hui. Le combat de Churchill contre les facilités d’aller dans le sens de l’opinion est valable encore aujourd’hui. En tout cas, pour moi, c’est là qu’est la clef de notre reconstruction nationale. Patriote, je le suis au moins autant qu’aucun de ceux qui prétendent nous mettre en accusation. Au moins autant, et peut-être plus. Je n’ai rien à redouter sur la défense de la langue, la défense de la culture, la défense de l’économie, rien.

Alors pourquoi les partis républicains français, le PS, l’UMP, apparaissent tétanisés face au Front National ? Est-ce que c’est parce que le cap affiché notamment par le gouvernement n’est pas clair ? Parce qu’on n’appelle pas un chat un chat ?

C’est parce que, depuis quinze ans, nous allons de dérive en dérive et d’échec en échec. Prenez l’éducation. J’espérais que le gouvernement actuel allait faire quelque chose. Qu’est-ce qu’il fait ?

Il a sauvegardé les moyens de l’éducation nationale.

Oui, il est allé dans le sens de ceux qui faisaient croire que la question était une question de moyens. Moi je vous dis que ce n’est pas une question de moyens, c’est la question du système éducatif français et de sa capacité à retrouver les forces qui ont fait que l’on a appris à lire à tous les Français pendant cent ans alors que depuis quelques années nous n’y arrivons plus et ça se dégrade. On annonce, vous le savez, une enquête pour ces jours-ci qui serait encore plus catastrophique que les enquêtes précédentes.

Est-ce que François Hollande vous apparaît encore déterminé à réformer ou est-ce qu’au contraire vous avez peur qu’il soit paralysé par cette situation politique ?

François Hollande est prisonnier de sa majorité, ou il se rend prisonnier de sa majorité.

Parce qu’il vous a fermé la porte ?

Non. Ce n’est pas à la hauteur, ce n’est pas le sujet. Il ne m’a pas fermé la porte, je n’ai jamais demandé qu’une porte s’ouvre.

Vous avez demandé l’unité nationale.

J’ai demandé l’unité nationale, ce qui est tout à fait autre chose que les ralliements. Je ne me suis jamais prêté aux ralliements.

Toujours est-il que la classe politique, qu’elle soit de gauche ou de droite, vous refuse pour l’instant cette unité nationale.

Très bien, qu’ils la refusent. Mais il faut bien qu’il y ait devant le pays quelqu’un qui porte l’essentiel, sans compromission. À la question, souvent posée, "Est-ce que vous voulez entrer au gouvernement ?", ma réponse est non. À la question, souvent posée, "Est-ce que vous accepteriez une responsabilité que le gouvernement vous confierait ?", ma réponse est non.

Vous ne voulez même pas la Légion d’honneur. Vous l’avez refusée par deux fois cette année.

Oui. À la question de savoir si j’accepte des récompenses, des distinctions, ma réponse est non. Les figures auxquelles je crois sont celles d’hommes politiques indépendants capables de défendre devant leur pays l’essentiel de son avenir, sans compromission d’aucune sorte.

Indépendant, je suis d’accord. À chaque fois on vous pose un peu cette question : indépendant mais seul ?

Non, pas seul !

Il va bien falloir des troupes, notamment pour les prochaines élections municipales et européennes.

Nous en aurons, vous verrez.

Est-ce que là vous envisagez toujours de faire des alliances ? Peut-être avec l’UDI par exemple pour les Européennes ?

Je suis partisan de tous les rassemblements. Vous savez la différence que l’on avait avec l’UDI, c’est que l’UDI disait "Il faut que le centre soit toujours à droite". Moi je pense que le centre doit accepter d’être au centre. Mais tous les rassemblements sont bienvenus. Puisque je plaide l’unité nationale, je ne vais pas avoir le ridicule d’écarter par condescendance des gens qui sont, sur l’échiquier politique, les plus proches. Je voudrais très souvent qu’ils aient des attitudes qui soient des attitudes de résistance à la bipolarisation dangereuse. Mais en tout je peux bien évidemment travailler, parler, construire avec eux. Je suis à Pau, c’est ma ville, j’en suis élu depuis longtemps. À Pau, je rassemble tous ceux qui pensent que la municipalité actuelle ne marche pas.

La majorité PS actuelle. Donc vous allez rassembler la droite avec vous ?

Entre autres. Il y a beaucoup de gens de gauche. Et ce n’est pas avec moi, vous comprenez. Je ne suis pas en train de dire "Ralliez-vous à mon panache blanc" comme un modèle historique que j’ai beaucoup aimé et qu’à Pau nous connaissons bien, qui est Henri IV. Je ne suis pas en train de dire ça. Je dis : "Réfléchissez, si vous voulez un succès, alors il faut se rassembler. Si vous voulez réformer la France, alors il faut se rassembler", le problème est le même.

Selon vous, il n’y aura pas de réformes avec François Hollande ?

Pour l’instant, il n’y en a pas. Certaines sont sympathiques…

La compétitivité, les retraites à venir ? Ça va être a minima ? Les économies budgétaires ? Jean-Marc Ayrault se flatte d’avoir fait reculer les dépenses de l’État de plus d’un milliard et demi pour la première fois depuis 1958. Il dit vrai ?

Je crois que Fillon avait dit à peu près la même chose dans le gouvernement précédent.

Oui.

Toute maîtrise des dépenses est bien, mais dans le rapport de Gilles Carrez, UMP, quelqu’un de très respectable à mes yeux, ce n’est pas du côté des dépenses qu’il alarme. Il dit que ce sont les recettes qui s’effondrent. Pourquoi ?

Parce que c’est la crise.

Non, parce que nous sommes un pays qui a perdu ses forces de production. De ce point de vue, il a raison d’allumer les signaux d’alerte les plus exigeants.

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