"Là où c'est possible, nous ferons le rassemblement autour d'une ligne et d'un projet"

Invité de l'émission Ecorama, Marc Fesneau s'exprime sur l'actualité politique en France. Ont été discutés notamment le retrait de Jean-Paul Huchon en Ile-de-France, les possibles alliances aux régionales, les affaires du FN.
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Marc Fesneau, bonjour.
Bonjour.
Alors l’actualité, c'est évidemment Jean-Marie Le Pen. Il a déclaré il y a de cela quelques heures qu’il voulait créer une formation politique, pas un parti politique – il faudra un peu expliquer la nuance – qui n'aura pas vocation à gêner sa fille et le Front National. C'est habile de sa part de créer une sorte d'association des amis de Jean-Marie Le Pen pour compter ses troupes, former un réseau et peser de l'intérieur ? C'est malin ?
Oui, c'est surtout l'énième avatar d'un déchirement familial qui saute aux yeux depuis des mois et des années. Est-ce malin ? Je ne sais pas. Il ne pèsera pas de l'intérieur puisque manifestement le parti est bien tenu par les amis de Marine Le Pen. Je pense qu'il essaie – à travers comme vous l'avez dit, non pas d'un parti mais d'une formation ou de quelque chose qui ressemblerait à un think tank – d'exister de l'extérieur et d'avoir une forme de parole qui lui soit propre. Je pense que de ce point de vue là, on assiste à la décomposition d'un système qui était basé sur un chef unique, un chef de famille. En plus, il y a dans la famille des délitements de cet ordre qui sont extrêmement dommageables. Par ailleurs, le spectacle l'est tout autant. Je ne crois pas que cette histoire valorise l'image que l'on peut se faire de la politique.
Pour l'instant l'image du FN n'en pâtit pas. Au-delà de cette brouille familiale il y a aussi des affaires : le compte bancaire en Suisse qui n'a pas été nié par Jean-Marie Le Pen, le micro-parti Jeanne de Marine Le Pen qui serait au cœur d'un système de surfacturation pendant les élections législatives de 2012, sorte de Bygmalion à la sauce FN et qui vient d'être mis en examen pour escroquerie … Pour vous ces affaires sont-elles de nature à freiner l’ascension de Marine Le Pen ? Pour l'instant ce n'est pas le cas.
En tous cas c'est de nature à normaliser Marine Le Pen. Elle essayait de nous vendre l'idée qu'elle était à la fois exemplaire dans sa manière de gérer son parti et qu'en même temps elle voulait la normalisation de son mouvement. Aujourd’hui il est tellement normalisé que finalement il retombe dans les travers de la plupart des partis politiques ou dans les travers qu'ont connus la plupart des partis politiques, notamment sur la question du financement.
Elle ne pourra plus donner de leçons ?
Je trouve qu'elle aurait mieux fait de s'abstenir de donner des leçons parce qu'il y a l'affaire des financements, celle des euro-députés, celle des centres de formations et la liste est longue. On peut aussi citer l'affaire de l'emprunt contracté auprès d'une banque russe qui pose la question de l'autonomie du parti vis-à-vis de l'autorité russe. Je pense que Marine Le Pen ferait mieux la prochaine fois de s'abstenir de donner des leçons de morale. Comme vous le dites, cela contribue plus à déstabiliser la vie politique et à donner l'impression que la vie politique est marquée tous les jours et toutes les semaines par des affaires, parce que la semaine dernière n'a pas manqué non plus de rebondissements.
Coup de théâtre en Île-de-France, le président sortant Jean-Paul Huchon, qui préside la région depuis 17 ans, a jeté l'éponge, il laisse la place à Claude Bartolone, le Président de l'Assemblée nationale. Cela complique-t-il la donne pour l'opposition ?
C'était une idée qu'un certain nombre avait nourrie. L'idée de faire entrer dans la bataille Claude Bartolone, qui est un bon profil me semble-t-il, et comme l'a dit Valérie Pécresse qui « est un candidat solide » …
Oui un candidat connu et respecté également.
Oui, mais le tout avec un tour de passe-passe qui vise à nous montrer que l'ère Jean-Paul Huchon est terminée et qu'il y aurait quelque chose de l'ordre du renouveau avec Claude Bartolone. Claude Bartolone n'est pas tout à fait nouveau sur la scène publique, ni en Île-de-France ni en Seine-Saint-Denis. De plus, il est dans la continuité de ce qu'a fait Jean-Paul Huchon et donc comptable aussi du bilan de ce dernier. C'est sur cet aspect qu'il faudra juger les choses. Je ne comprends pas ce revirement à la vitesse de la comète de Jean-Paul Huchon qui, il y a trois jours, était candidat mordicus et qui quasiment le lendemain nous explique qu'il n'est plus candidat.
Il a peut-être négocié quelque chose en coulisses ?
Oui, c'est cela qui sera intéressant de voir. On saura quels seront les termes de l'échange. J’imagine que ce n'est pas un poste de conseiller régional qui lui a été proposé. On verra surtout à quel point parfois les choses tiennent à des affaires de postes et de distribution. Une fois encore cela ne correspond pas à l'idée qu'on souhaite se faire de la politique.
Est-ce un risque pour la gauche et le parti socialiste de proposer Claude Bartolone en tête de liste, dans le sens où cela va nationaliser un petit peu le scrutin ?
C'est le troisième personnage de l'État.
Exactement. Le gouvernement est impopulaire qui plus est. C'est un risque cette désignation selon vous ?
Il y a une volonté de nationaliser le scrutin avec le risque que cela porte évidemment, mais aussi une volonté de la part du PS d'avoir une figure qui est reconnue à l'Assemblée nationale puisqu'il en est le président. Il y a un deuxième problème, soulevé par un certain nombre de gens qui est celui de son maintien ou pas à la tête de l'Assemblée.
Cela vous dérange, vous ?
Ce n'est pas que cela me dérange, mais je vois mal comment on peut être arbitre – c'est le président de l'Assemblée nationale, il a plutôt un rôle d'arbitre, d'ailleurs il ne participe pas au vote généralement – et entrer dans la mêlée. C'est la difficulté. Les hommes politiques se pensent surhommes. Or, je vois mal comment on peut être président de l'Assemblée nationale et faire autre chose. C'est une fonction qui s'occupe à plein temps, comme celle de candidat à tête de la première région de France.
Oui, c'est l'argument de la droite. Valérie Pécresse l'a dit à plusieurs reprises, sauf qu'on se souvient que Valérie Pécresse en 2010 était candidate aux régionales en Île-de-France et ministre.
Nous portons ce message-là au MoDem de façon continue et je pense que, effectivement dans ces cas-là, il y a une règle qui devrait être que l’on renonce provisoirement à ses fonctions.
Mais pourquoi ? Dans son cas, ce serait pour ne pas être suspecté comme ça de faire campagne avec les moyens dont il dispose en tant que …
Non, je fais crédit à Claude Bartolone de ne pas faire cela. Simplement c’est une question de temps, on va penser que président de l’Assemblée est un travail à mi-temps, que l’on m’en fasse la démonstration ! Quand vous êtes président de l’Assemblée cela vous occupe parce que vous recevez les délégations, vous organisez l’ordre du jour, vous organisez le travail parlementaire et en même temps vous êtes candidat. C’est un peu difficile à manœuvrer et à faire de cette façon-là. Je ne fais pas un grief de probité de ce point de vue, je fais simplement grief du temps disponible pour le faire. Après il fera ce qu’il voudra et les électeurs jugeront. Mais je pense que ce n’est pas là-dessus que les choses se jugeront, elles se jugeront sur le bilan de Jean-Paul Huchon. Je pense que ses amis socialistes ont trouvé voix et moyens de lui faire entendre raison mais la campagne qui s’annonce va être une campagne assez dure parce que c’est une campagne où l’espace du centre devra être entendu, parce que c’est une région dont on sait que la sociologie est une sociologie plutôt modérée. La bascule n’est pas aussi évidente que cela.
Bon, alors, puisque l’on parle des régionales, il y a un paradoxe qu’il va falloir m’expliquer, Marc Fesneau, c’est absolument incroyable. D’un côté, Nicolas Sarkozy et François Bayrou – votre chef – se mènent une guerre d’une violence inouïe – je voulais vous passer la litanie des expressions sur la confiance etc.
Vous les trouverez plutôt d’un côté que de l’autre.
François Bayrou ne se laisse pas faire, il répond aussi.
Oui, il ne se laisse pas faire, c’est normal de ne pas se laisser faire dans la vie politique.
D’un côté donc, voilà. Griefs, noms d’oiseau. Et de l’autre, vos formations politiques : le MoDem, l’UMP et l’UDI qui veulent reconduire respectivement aux régionales les succès d’alliance qu’il y a eus aux départementales, aux européennes, cela a si bien fonctionné. Tout cela n’est donc qu’un problème de personnes, finalement entre Nicolas Sarkozy et François Bayrou ? C’est un problème d’ego mal placé entre deux mâles dominants ?
Je ne crois pas que cela se pose exactement comme cela, je pense qu’il y a d’abord une différence de stratégie entre François Bayrou et Nicolas Sarkozy. Nicolas Sarkozy est plutôt dans une ligne de friction, d’affrontements directs, il essaie d’antagoniser les choses. Ce n’est pas la ligne qui est la nôtre, pas celle du Mouvement Démocrate.
Oui, mais vous avancez main dans la main.
Je vais au bout de votre question, ce que je constate, moi, effectivement, sur les territoires, sur le terrain, c’est la volonté des responsables de l’UMP de travailler ensemble dans des rassemblements larges qui dépasseront d’ailleurs ces clivages-là, notamment les régionales. Chez nous, partout où cela a pu se faire, cela s’est fait avec un certain succès comme vous l’avez fort bien dit aux municipales et aux départementales. On le fait tout à fait convenablement et dans des conditions qui me paraissent être raisonnables. Après, si la question se pose à la direction de l’UMP, en particulier Nicolas Sarkozy, qui à la fois voit sur le terrain qu’il y a cette volonté de rassemblement et qui, en même temps, par ses actes et par ses gestes, et par ses paroles – parfois excessives, on ne peut pas dire le contraire – fait tout pour antagoniser les choses...
Il y a un problème d’hommes, on a compris.
Oui, mais il n’y a pas qu’un problème d’hommes dans cette affaire-là – en tout cas pour ce qui est de notre côté - d’ailleurs François Bayrou a dit « Je suis prêt à rencontrer tout le monde y compris Nicolas Sarkozy s’il y a besoin de s’expliquer, y compris s’il y a besoin de dire que l’on n’est pas d’accord ». Mais la loi politique n’est pas « Soit tu es avec moi, soit tu es contre moi ». On peut aussi avoir des nuances, on peut aussi exprimer des différences, sans que cela soit un drame. Et donc il faut que Nicolas Sarkozy, et peut-être ceux qui fraient dans cette ligne-là, comprennent que, à un moment, dans la vie politique, il faut être capables de se parler, être capables d’être différents, de penser différemment et en même temps de ne pas s’insulter.
Lors des régionales, déjà, le MoDem a désigné ses chefs de file. Vous êtes chef de file, ce n’est pas tête de liste – vous dans la région Centre – quelle est la différence ? Cela veut dire que les choses vont bouger, il y a des négociations qui sont sûrement déjà en cours. Vous ne pouvez pas en parler, n’est-ce pas ?
Non mais je vais vous dire comment cela se passe. Je suis chef de file en région Centre-Val de Loire. Là où nous pourrons opérer les rassemblements – c’est assez simple – avec nos cousins et voisins de l’UDI, avec l’UMP, avec des gens qui s’ouvrent au-delà de cela, nous le ferons, parce qu’il y aura besoin d’un peu de respiration.
Mais sous quelle forme ? Liste commune dès le premier tour ?
On le fera au premier tour là où c’est possible. Et puis là où ce n’est pas possible, parce que nous portons un projet différent, nous incarnons des choses différentes, nous irons sous nos propres couleurs.
Il faut que les internautes comprennent. Les régions où tout se passe bien : c’est l’Ile-de-France, c’est le Nord-Pas-de-Calais, c’est le Pays de Loire, c’est la Bretagne, c’est l’Aquitaine, Limousin-Poitou-Charente on peut dire qu’il n’y a pas trop de souci. En revanche, il y a des régions où cela coince : la vôtre, Marc Fesneau, le Centre vous êtes donc candidat pour le MoDem, cela va coincer avec Guillaume Peltier qui est donc le chef de file UMP. On peut imaginer-là que le MoDem fasse cavalier seul, encore que, il y a des rumeurs que ce serait …
Il y a des rumeurs autour de Philippe Vigier de l’UDI. On va regarder, laissons courir les rumeurs où elles doivent courir et puis après nous, on avance, on travaille sur un projet.
Et un ticket ? Vigier-Peltier ?
Je pense qu’il n’y a pas de ticket dans ces affaires-là. Le candidat est tête de liste parce que c’est celui qui va diriger la région, vous ne dirigez pas la région en ticket, vous ne dirigez pas la présidence de la République en ticket, vous ne dirigez pas l’Assemblée nationale en ticket. Donc il n’y a pas de ticket, il y a un chef de file, il y a une tête de liste, et une fois que la tête de liste sera désignée on verra si l’on peut trouver un terrain d’entente, à ce moment-là c’est lui qui sera président de région et c’est lui le patron.
Vous n’excluez pas d’y aller tout seul ?
On n’exclut pas d’y aller tout seul. Une liste MoDem autonome dans la région Centre.Mais ce n’est pas la question Guillaume Peltier. Il y aura aussi la question de Laurent Wauquiez, ce n’est pas la question de personnes.
J’allais y venir.
Je vous ai brûlé votre question suivante ! Ce n’est pas une question de personnes, je refuse de rentrer – d’ailleurs comme le fait un peu trop Nicolas Sarkozy – sur la question des personnes. Avec Laurent Wauquiez en Auvergne et Rhône-Alpes, on est plutôt sur la logique d’antagonisation, la logique d’affrontement d’un camp contre l’autre comme si, du jour au lendemain, on allait passer de l’ombre à la lumière. Excusez-moi, la vie politique est un peu plus compliquée que cela. J’entendais l’autre jour Guillaume Peltier dire « J’ai envie de mettre fin, presque, à l’ombre du Parti socialiste depuis 12 ou 18 ans en région Centre ». Mais c’est un peu plus compliqué que cela ! Je pense qu’il y a besoin de changer de politique, ça c’est clair, on va le faire aussi avec ce que sont nos capacités, nos moyens, nos envies et le collectif. Donc là où c’est possible de faire le rassemblement sur une ligne politique et sur un projet que l’on partage, on le fera. Et là où ce n’est pas possible et bien on présentera nos propres couleurs parce que c’est cela la démocratie.
Pour partager la campagne, il ne faut pas qu’il y ait Guillaume Peltier, il ne faut pas qu’il y ait Laurent Wauquiez.
Non, j’essaye de vous démontrer que ce n’est pas une question de personne. C’est le discours qu’ils portent qui me gêne, pas les personnalités en tant que telles, c’est le discours qu’ils portent et donc tant qu’on sera dans un discours porté de cette façon-là, non, ce n’est pas possible.
Est-ce que la stratégie de soutien de François Bayrou à Alain Juppé, n’est pas le meilleur moyen de plomber la campagne de l’ex-premier ministre, d’Alain Juppé, face à Nicolas Sarkozy, tant François Bayrou est honnis des militants UMP pour avoir fait battre, disent certains, Nicolas Sarkozy, en 2012 ?
Mais la question des primaires n’est pas une question uniquement des militants UMP. Il faut dire les choses très simplement. Donc la question de la primaire est la suivante : va-t-elle être refermée strictement sur l’UMP ou sur ce qui sera l’UMP avec le nom de l’UMP qui va changer à la fin du mois, ou est-ce que ça va être une primaire ouverte ?
Il n’y a plus que des républicains.
Si c’est une primaire ouverte à tous les républicains, on devrait avoir 40 millions de votants, puisque la République ne se résume pas à un camp, je le dis au passage quand même. Mais soit on a une primaire qui est largement ouverte aux citoyens français et on donne le moyen pour que cette primaire soit ouverte largement aux citoyens français qui veulent le changement, qui veulent une alternance - et à ce moment-là on fera entendre notre voix - soit on a quelque chose qui referme son camp et à ce moment-là c’est une autre aventure qui se mène.
Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem, était là, à votre place, elle nous a dit que François Fillon était aussi compatible avec François Bayrou et le MoDem, c’est pas un peu le retour du TSS, du « Tout sauf Sarkozy » de dire on est compatible avec Alain Juppé ?
Non, il y a ceux qui disent je veux bien travailler avec les centristes et les centristes du MoDem en particulier, c’est ce que disent François Fillon, Alain Juppé et d’autres. C’est Nicolas Sarkozy qui dit absolument l’inverse de ce point de vue-là. Mais je refuse, là aussi, qu’on rentre dans une logique de personnalité ou de personne. C’est une question de ligne politique, et donc la ligne politique n’est pas « tout sauf Nicolas Sarkozy ». La ligne politique c’est qu’il faudra en 2017 qu’on puisse créer les conditions de la victoire, mais aussi créer les conditions du gouvernement, de la gouvernance, parce qu’on va retrouver un pays dans une situation très difficile du point de vue économique et social. Donc il faudra bien qu’on trouve une majorité très large qui permette de mener les réformes dont le pays a besoin. La question n’est pas celle de la victoire en 2017, la question en 2017 est celle de la capacité à gouverner.
Mais il n’y aura pas de victoire pour la droite et le centre si François Bayrou se présente en 2017 ?
Il n’y aura pas de victoire utile pour la droite et le centre, si c’est un pays divisé que l’on met en œuvre. Si au lendemain de la victoire, on se retrouve à nouveau dans un affrontement entre la droite et la gauche avec cette fois-ci la droite au pouvoir et la gauche dans l’opposition, on n’avancera pas plus dans la situation dans laquelle on est aujourd’hui. C’est cela la difficulté en tout cas, c’est ce vers quoi on doit éviter d’aller, et donc c’est pour ça qu’on se battra.
Dernière question : en 2017, si François Bayrou devait se présenter, est-ce qu’on ne pourrait pas dire que ce serait la campagne de trop pour François Bayrou ? Vous parliez de Jean-Paul Huchon, vous disiez c’est peut-être le combat de trop, quatrième mandat sollicité s’il y était allé. Est-ce que pour vous, ce ne serait pas la campagne de trop quand on voit qu’en 2007, François Bayrou avait su susciter un engouement, de l’espoir, et qu’en 2012 il a perdu presque la moitié de ses électeurs ?
Ce n’est jamais la campagne de trop. Je pense que si c’est une campagne où on a quelque chose de nouveau et quelque chose d’utile à dire au pays, c’est une campagne utile ! Si nous avions simplement en 2017 la solution entre Marine Le Pen, François Hollande, Nicolas Sarkozy le retour, parce que c’est ça qu’on nous prédit, c’était la configuration que vous évoquiez, je pense que c’est une configuration, une énième…
Et vous prenez le risque d’avoir un second tour François Hollande - Marine Le Pen ?
On verra à ce moment-là les risques qui sont pris et les réflexions qui sont menées. Mais si vous n’ouvrez pas le champ des possibles et vous ne donnez pas du choix aux gens… Qu’est-ce que vous allez dire à des électeurs qui sont modérés, qui se vivent plutôt comme des gens qui pensent qu’il faut une économie qui soit un peu ouverte sur le monde, mais qui en même temps pensent qu’il y faut qu’il y ait des mécanismes de régulation, qui en même temps pensent que l’Europe a son utilité, est un atout et pas un handicap… Si vous avez simplement sur le bulletin politique le choix entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, ces gens iront soit dans l’abstention, soit dans les extrêmes. Donc l’ouverture du champ des possibles permet aussi de lutter contre les extrêmes, parfois d’avoir du choix. Donc, excusez-moi mais je crains vraiment une perspective qui soit d’offrir un match-retour qui serait simplement la revanche de l’un sur l’autre, et en politique la question n’est pas la revanche, mais le projet que l’on va porter, et la capacité de rassemblement. Là où c’est possible on aidera les rassemblements, sur un projet que nous partagerons en respectant les équilibres.
Les choses vont s’accélérer, quoi, à partir de début septembre ?
A mon avis il faut que les choses soient un peu plus clarifiées avant les vacances d’été, avant le 14 juillet.