Jean Peyrelevade et Stéphane Cossé: "François Hollande n’est pas crédible"

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Les économistes Jean Peyrelevade, ancien conseiller de Pierre Mauroy, et Stéphane Cossé, ancien membre du FMI, ont signé mercredi 22 février une tribune dans le journal Le Figaro, pour dénoncer les leurres du programme économique de François Hollande et appeler à soutenir François Bayrou.

Selon Le Figaro, "les économistes jugent irréalistes la disparition du déficit public et le rétablissement de la compétitivité qui figurent dans les prévisions du candidat socialiste".


"L’économie française a deux grands défis à relever : le retour à l’équilibre de ses finances publiques d’une part, le rétablissement de la compétitivité de son appareil productif de l’autre. Tel qu’il est aujourd’hui, le programme économique de François Hollande ne permettrait d’atteindre, au cours du prochain quinquennat, ni l’un, ni l’autre.

Depuis trente ans, la même comédie se déroule. Les gouvernements établissent leur budget avec des hypothèses de croissance outrageusement optimistes, pour donner une apparence de rigueur à des comportements laxistes. François Hollande suit cette regrettable tradition : les taux de croissance qu’il retient (0,5% en 2012, 1,7% en 2013 puis 2 à 2,5% par an) sont très supérieurs aux prévisions de tous les experts (y compris la Cour des Comptes) et à notre performance moyenne depuis dix ans (1,5% par an, hors crise).

François Bayrou, pour sa part, a pris des chiffres beaucoup plus prudents, et sans doute réalistes : 0,2% en 2012, 1% en 2013, puis 1,5% par an. Ces seules différences d’hypothèses conduisent à une différence, cumulée sur toute la période jusqu’en 2017, de quatre points de croissance et donc, en pourcentage du PIB, de deux points de recettes virtuelles. D’où une première conclusion, sans surprise. Si l’on entre les hypothèses de croissance de François Bayrou dans les calculs de recettes et de dépenses de François Hollande, on s’aperçoit que le déficit public en 2017 est non pas nul mais égal à 2% du PIB. Le désendettement de la France, lui, est quasi nul.

La démonstration pourrait s’arrêter là : la disparition du déficit public dans les prévisions de François Hollande relève de l’illusion. Entrer davantage dans le détail est cependant fort révélateur. Les chiffres utilisés ci-après sont exclusivement ceux donnés récemment par le candidat socialiste.

Partons fin 2012 du déficit public prévu par l’actuel gouvernement, soit 4,5% du PIB. L’effort pour revenir à zéro est donc de 90 milliards d’euros.

Dans son programme, François Hollande ne réduit pas la dépense publique. Au contraire, il l’augmente de 20 milliards de dépenses nouvelles et ne prévoit en contrepartie que 5 milliards d’économies. Autant dire rien. L’ajustement du déficit public repose donc entièrement sur les recettes. Quantitativement, les programmes de prélèvements nouveaux prévus par François Bayrou et François Hollande sont du même ordre de grandeur, même si leurs contenus et donc leurs effets probables sont très différents. François Hollande a programmé 44 milliards d’euros d’impôts supplémentaires et de cotisations. Le montant est toutefois absorbé en partie par des dépenses nouvelles de 15 milliards, comme on vient de le voir. Il ne reste donc que 29 milliards par rapport à l’objectif à atteindre de 90. Et il demeure un trou de 60 milliards, que seules des prévisions de croissance irréalistes permettent de masquer.

La méthode de François Bayrou est fort différente. Les 90 milliards qui manquent fin 2012 sont couverts à moitié par des recettes nouvelles, à moitié par des réductions de dépenses. C’est ce deuxième aspect qui fait que l’un des programmes est crédible et l’autre pas : 45 milliards chez François Bayrou, soit plus de deux points de PIB, rien chez François Hollande, au contraire, puisque outre les 20 milliards de mesures nouvelles déjà notées, il fait croître les dépenses publiques de 1% par an en volume.

En outre, la réduction des dépenses n’est pas seulement nécessaire, elle est raisonnablement possible sans excès de rigueur. Par rapport au total de la dépense publique, l’effort n’est que de quelques pour cent, moins de quatre, et n’a donc rien d’insurmontable. Comment François Bayrou y parvient-il ? Par un gel en valeur des dépenses de l’Etat proprement dit en 2013 et 2014, puis en volume en 2015 et 2016, hors dépenses d’investissement que l’on continue à faire croître de 2% par an en volume pour soutenir la croissance. Les dépenses des collectivités locales augmentent au rythme de l’inflation et celles de l’assurance-maladie de 1% par an en volume (inflation plus un point). Au total, la dépense publique passe de 56,9% du PIB en 2012 à 53,4% en 2017 alors qu’elle reste à niveau constant, au niveau de 2012, dans le plan Hollande, une fois qu’on l’a corrigé de ses estimations de croissance excessives.

Venons-en au second défi, celui du retour à la compétitivité. Des 44 milliards de prélèvements de François Hollande, près des deux tiers (28) affectent les entreprises, quelle que soit leur taille. Même si l’on déduit de ce montant les avantages consentis pour le « pacte productif » soit 5 milliards (2,5 pour les aides à l’industrie et 2,5 pour le soutien aux PME), il reste un prélèvement net sur notre système productif de 23 milliards, plus d’un point de PIB et 7 à 8% de son excédent brut d’exploitation. Croit-on que c’est ainsi que l’on améliorera ses performances ?

Pas de réduction des dépenses publiques et de désendettement, déficit public encore important à la fin du quinquennat, alourdissement des prélèvements sur les entreprises, le programme de François Hollande est pas adapté à la situation grave dans laquelle se trouve l’économie de notre pays. Quoi qu’il arrive, il ne pourra pas être appliqué parce qu’il est inapplicable. Le laxisme aujourd’hui annonce le reniement des promesses demain."

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