"Je veux une liste du Centre à Paris, qui additionne les forces et les énergies"

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Marielle de Sarnez a défendu lundi, sur France Bleu, l'idée d'une liste unique du Centre aux municipales à Paris. "Présentons des listes communes, un projet commun qui soit moins partisan et plus concret pour les Parisiens", a-t-elle prôné.

France Bleu - Que pensez-vous de l'intervention de François Hollande, hier soir ?

Marielle de Sarnez - J’ai trouvé que sur la Syrie c’était plutôt convainquant. Je n’étais pas d’accord avec la position très offensive de la France et cette idée de s’isoler en voulant à tout prix frapper la Syrie. Je trouve que se remettre dans un calendrier onusien, et donc de résolution politique du conflit, est une meilleure ligne.

Il l’a compris malgré lui ?

Il l’a compris malgré lui, mais l’important maintenant c’est d’avancer. Peut-être que la pression américaine a eu un effet sur Bachar Al-Assad, c’est probable. Peut-être que ça a fait bouger, mais on voit bien que c'est plutôt Poutine qui tiré les marrons du feu. Malheureusement, la France est isolée. J'espère que maintenant nous allons redevenir moins isolés au sein de la communauté internationale, tout en maintenant une pression. Je trouve donc que c’était pas mal.

Un mot de la Fête de l’ Humanité, c’était ce week-end. Vous retenez quoi de cette fête ? On a beaucoup parlé de la guerre des égos, Jean-Luc Mélenchon d’un côté et Pierre Laurent du Parti communiste de l’autre. Notez-vous la différence de fond ? Faut-il pour les municipales faire alliance avec l’extrême gauche ? Avec le Parti socialiste ?

Je veux bien que vous me posiez des questions sur le Centre et sur le rassemblement que nous essayons, à plusieurs, d’opérer. Franchement, je ne sais pas du tout ce qu'il va se passer entre les amis de Jean-Luc Mélenchon et les militants du Parti communiste. Ça leur appartient tout à fait. Moi, je ne me reconnais pas dans un certain nombre de leurs propositions et leur manière de penser. C’est donc leurs affaires.

Le Front National faisait sa rentrée politique à Marseille. Est-ce que Marine Le Pen est l'une de vos préoccupations ?

Une de mes préoccupations sur le plan national, c’est la désespérance des Français vis-à-vis d’un système politique qui, depuis des décennies, dysfonctionne. On a beaucoup de déception. Chaque fois que l'on a une nouvelle majorité, on a de nouveaux déçus, des gens qui s’éloignent de la politique, qui regardent la politique avec une grande insatisfaction et parfois même du rejet. Ils trouvent dans les extrêmes un exutoire. C’est pour cela que je crois profondément qu’il faut que le Centre s’affirme en France, pour parler à tous ceux qui ne croient plus à la politique traditionnelle, qui se détournent des deux principaux partis. Quand le Centre existe, quand il est fort, les extrêmes baissent. C’est mon engagement de démocrate et de républicaine.

On entend beaucoup dire que le Front national est dé-diabolisé. C'est votre sentiment?

Leur discours sur l’Europe, par exemple, est complètement absurde. Imaginer que la France puisse sortir de l’Europe et se retrouver comme toute seule à gérer son avenir et son destin, ça n’a pas de sens. Nous avons besoin d’un avenir commun en Europe, de repenser l’Europe, que les citoyens trouvent une manière de s’exprimer en Europe, que la démocratie soit gagnante en Europe, ce qui n’a pas toujours été le cas. Mais imaginer son avenir tout seul, isolé, je ne le crois pas. La France a été grande seule. Elle reste grande, mais avec désormais une communauté de destins, en particulier en Europe. Je ne crois donc pas du tout aux réponses du Front national sur cette question.

Le dernier sondage du JDD donne une place assez importante au FN aux municipales à Paris. Est-ce que vous vous y croyez ?

Ça dépend en partie de nous, le Centre. Si le Centre arrive a présenter des listes communes, un projet commun, aux Parisiennes et aux Parisiens, à ce moment là le FN sera derrière. C’est l'une des raisons de l’ambition que nous avons de faire ce rassemblement du Centre, du Mouvement démocrate et de l’UDI, d’un centre autonome que nous sommes avec François Bayrou et d’un Centre qui est plutôt au Centre-droit avec l’UDI. Je crois que le moment est venu d’additionner les forces et les énergies, de se retrousser les manches pour avancer.

Tout de même, cette phrase du député parisien François Fillon à propos de faire le choix entre le moins sectaire entre le FN et le PS… Est-ce que pour vous cela exclut toute alliance possible ou tout vote pour l’ UMP, ne serait-ce que pour les municipales à Paris ?

Il y a heureusement à l’UMP, et d’ailleurs quelques fois au Parti socialiste, des gens qui sont tout à fait respectables. J’ai de l’estime et du respect pour Alain Juppé et la position qu’il a pris vis-à-vis de François Fillon. Il y a beaucoup de femmes et d’hommes qui sont des républicains au sein de l’UMP, comme dans d’autres partis, et je les respecte.

Par exemple NKM, qui a écrit un livre sur le Front national ?

En tout cas son positionnement politique n’est pas à la poursuite ou à la recherche des extrêmes. Mais le problème est plus général : quand vous avez dans les sondages 20 à 25% des Français qui se disent prêt à voter pour le Front national, l'UMP va vers le Front National. Ce fut pareil quand le Front de Gauche était haut : le Parti socialiste allait vers le Front de Gauche. Cette course aux extrêmes n’est pas bonne pour la démocratie française, elle n’est pas bonne pour les besoins de réforme et de changement que nous avons. Je préfère que le Centre fort s’exprime comme un aimant, quelque chose d’attractif, qui change le positionnement des uns et des autres.

Mais ça ne vous gêne pas d’appeler à voter pour une UMP ou de faire alliance ?

Si ça ne vous ennuie pas, je préfère que l’on vote pour le Centre. J'ai des convictions, des valeurs, des principes à défendre. Je pense que la vie politique française à vitalement besoin de pluralisme. Si le tête à tête entre le PS et l’UMP, pratiqué depuis plus de trente ans dans notre pays, avait été probant pour les citoyennes et les citoyens, cela se verrait et se saurait. Je crois profondément que l’on a besoin d’une offre politique nouvelle, au Centre.

Vous l’avez répété, vous êtes favorable à une alliance avec l’UDI de Jean-Louis Borloo, notamment à Paris. Est ce que ce n’est pas un aveu d’échec du Modem ?

Au contraire. Heureusement que nous sommes là et que nous avons tenu sur cette ligne du Centre. Si nous n’avions pas tenu sur ce Centre indépendant et autonome, on ne parlerait pas aujourd’hui de l’élargissement et d'un rassemblement du Centre. C’est parce que le Mouvement Démocrate existe, que nous pouvons nous inscrire dans une stratégie plus large.

L’union fait la force ?

Bien sûr ! Quand vous additionnez les énergies des uns et des autres, c’est toujours mieux. Il y a des temps et des circonstances où il est bien que chacun ait son parcours, mais il y a d’autre temps et d’autres circonstances où il est bien de se rassembler. Je pense que nous sommes dans des temps et des circonstances qui appellent au rassemblement.

N’y a t-il pas un problème de lisibilité ? De ligne politique ?

Pourquoi ?

Parce que vous ne vous différenciez plus de l’ UDI.

Vous allez dans de la petite politique. Je ne sais pas si les gens qui nous écoutent vont suivre. Le Mouvement Démocrate existe.

Mais les gens peuvent se demander pourquoi il y avait deux partis...

C’est une bonne question. Pourquoi y avait-il deux partis ? En 2002, certains à l'UDI - Jean-Louis Borloo en était - ont choisi de créer ce que l’on appelle aujourd’hui l'UMP. Ils ont choisi de soutenir l’idée d’un parti unique. D’autres - François Bayrou était au premier rang de ceux là - considéraient que le parti unique n’était pas une bonne idée, qu’il fallait maintenir un Centre. Nous nous apercevons aujourd’hui, et nos amis de l’UDI s’en aperçoivent avec nous, que nous avions raison. Heureusement que nous avons maintenu un Centre. C'est parce que nous avons maintenu ce Centre qu’aujourd’hui l’UDI peut dire : "Nous participons à cela, nous avons envie de ce rassemblement là."

C'est pour quand cette alliance ?

Pour maintenant, ou en tout cas pour le mois d’octobre. Je pense que François Bayrou et Jean-Louis Borloo vont avancer sur l’idée de faire une proposition politique d’un rassemblement au Centre, où chacun viendra avec sa propre identité.

Et pour les Parisiens, qu'est ce que cela signifie concrètement ?

Concrètement, ils vont avoir une offre nouvelle ! Ils ont déjà les offres de la majorité sortante et de l’UMP. Ils vont avoir une offre nouvelle au Centre. Je veux une liste du Centre à Paris. Je pense que c’est très important de faire entendre des voix différentes dans cette élection et j’ai envie qu’on change le visage de cette élection. Je veux que le Centre porte une autre façon de penser la politique à Paris. Probablement aussi une façon moins partisane, plus concrète, s’occupant d’avantage de la vie des Parisiennes et des Parisiens. J’ai des appartenances politiques : je suis au Centre comme vous le savez, et au Mouvement démocrate, mais en même temps je considère que la gestion d'une ville est quelque chose qui doit être fait dans un esprit d’intérêt général, en prenant les problèmes et en essayant de trouver les meilleurs moyens de régler les problématiques. Par exemple, les questions de la sécurité et du logement. Ce sont ces questions là que nous allons mettre au cœur de notre campagne, avec une approche plus large.

Est-ce que vous vous avez envie d’être Maire de Paris ?

Oui bien sûr, j’aimerais être Maire de Paris.

Mais vous aviez abandonné votre poste de conseillère de Paris..

Non, je n’ai pas abandonné mon poste de Conseillère de Paris pour aller à l’Europe. Il se trouve que j’ai fait plus de 10% des voix à la dernière élection et qu’avec le mode de scrutin extrêmement compliqué, nous n’avons eu qu’un siège de conseiller de Paris, le mien, dans le 14e arrondissement. J’ai trouvé qu'il était bien de passer le flambeau de ce siège à Jean-François Martins, qui a été et qui est toujours un très très bon conseiller de Paris. À partir du moment où il n’y avait qu’un siège, il fallait une voix forte qui assume à temps plein cette responsabilité.

Vous avez dénoncé la municipalité sortante comme étant partisane. Est-ce une vengeance parce que Delanoë vous avait fermé la porte en 2008 ?

Non pas du tout. D’abord, je ne vis pas en regardant en arrière. Regarder le passé, ça ne m'intéresse pas du tout. J’ai essayé de faire bouger les lignes à cette époque là. Je trouve effectivement que la gestion d’une ville ne doit pas être partisane, ce n’est pas une question d’étiquette politique, ça n’appartient pas au Parti socialiste et ça n’appartient pas non plus à L’UMP. La ville, elle appartient d’abord à ceux qui l’habitent, à ceux qui la font vivre, à ceux qui y travaillent. Et donc j’ai une autre manière de penser la politique et la vie locale. Je veux des perspectives nouvelles pour Paris.

Sur le logement social, vous souhaitez une procédure "insoupçonnable" pour l’attribution de ces logements. Est-ce que vous ne trouvez pas qu’il y a eu quand même une amélioration par rapport à l’avant Delanoë, avant 2001 où il y avait les fameux fichiers Silex ?

Oui, bien sûr. Il y a eu un peu plus de transparence, mais vous voyez bien que ce n’est pas satisfaisant quand vous avez plus de 125 000 demandeurs de logements. Comment sont-ils attribués ? Personne n’imagine que le système est totalement clair. Je suis pour deux choses. D’abord, un guichet unique. Aujourd’hui, c’est réparti entre la Marie d’arrondissement, la Mairie de Paris, la préfecture et d’autres attributaires. Cela fait que personne ne sait qui attribue les logements. La ville doit être le pilote unique de cette question du logement. Ensuite, je propose un système par point, transparent, qui dise : "Vous vous avez tant de points, donc vous êtes à telle position sur la liste". Tout le monde comprendrait pourquoi ce n'est pas lui ou pourquoi c’est lui qui obtient le logement. Un système transparent.

Vous souhaitez diminuer la pollution de l’air et les particules fines. Comment comptez-vous vous y prendre ?

La réduction du nombre de voiture dans Paris participe à cela. Mais vous savez que la politique de la Ville de Paris n’a contribué qu’à hauteur de 10% à la réduction de la pollution de l’air. Ce n'est pas suffisant. Le reste, c’est la mise en application de normes, en particulier de normes européennes. Je crois qu’il faut mettre le paquet sur les transports alternatifs. Il y a une critique que j’ai faite à Bertrand Delanoë : j’ai soutenu l’idée du tramway, je trouvais que c’était une très bonne idée et je le trouve toujours, mais on n'a pas travaillé sur la qualité des transports en commun en particulier du métro. C'est quand même ce mode de transport là, qui est le plus utilisé par les Parisiennes et les Parisiens. La qualité de l’air n’y est pas bonne. Le cadencement des rames n’est pas bon. Je ne parle même pas du scandale de la ligne 13, que beaucoup prennent, y compris moi-même d’ailleurs... La Ville de Paris finance 50% des revenus du Syndicat des Transports d'Ile-de-France (STIF) : il est absolument normal qu'elle obtienne un retour sur la qualité des transports en commun à Paris. Je suis aussi pour la création de pistes 100% vélo, c’est-à-dire de pistes qui soient complètement dévolues aux vélos, en toute sécurité.

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