"Je veux que les citoyens silencieux reprennent la parole"

Jean_Lassalle-JL

Jean Lassalle, qui poursuit depuis mi-avril sa marche sur les chemins et les routes de France, était jeudi l'invité d'Europe 1. Il a appelé les citoyens à "résister à la résignation" et à exprimer "ce qu'il faudrait changer".

Europe 1 - Vous êtes un homme politique pas comme les autres. Vous allez à la rencontre de la France et des Français les plus oubliés. Vous avez déjà parcouru, depuis avril, 4.600km à pied, pour revivifier la démocratie. Vous faites un bilan d'étape ?

Jean Lassalle - D'abord, merci. Je pourrais marcher 100.000 ans, mais si vous ne parliez pas de ce que je fais, ça ne servirait pas à grand chose. Je suis parti parce que je suis député de la Nation. Je me sens profondément républicain et j'ai pris conscience, depuis un certain temps, que mes propres fils n'auraient pas les mêmes chances que celles que j'ai eu moi. Je suis fils de berger, j'ai pu m'élever dans la vie. On ne m'a pas tout offert, mais on m'a permis de faire. Aujourd'hui, j'ai senti qu'il y avait, après la terrible crise économique et sociale, une crise humaine, qui met notre pays en danger. C'est pour cela que j'ai voulu partir à la rencontre de la France et des Français.

Alors vous avez mis votre béret, votre écharpe et votre sac à dos, et vous avez parcouru la France. Mais n'est-ce pas l’allégorie d'une longue traversée du désert que le MoDem est en train de passer ? 

Je suis député du MoDem, l'un des deux seuls députés. J'en suis fier. Je rencontre beaucoup de militants du MoDem, alors que je pensais, après tout ce que nous avons traversé, qu'il n'en existait plus aucun. Il se trouve qu'ils sont particulièrement intéressants et parlent des vrais débats. Ils me rappellent les socialistes de Mitterrand, en 1975, qui sentaient qu'il allait arriver au pouvoir et avaient des étoiles dans les yeux. Mais ma marche n'est pas une opération du MoDem, c'est une action de député. On voit le député à l'Assemblée, mais le député est aussi le représentant du peuple au suffrage universel, une parcelle de la nation, qui peut écouter, participer et parler dans toute la France. J'ai voulu poser l'acte d'un combattant, d'un résistant à un système que je ne peux plus accepter.

Ce que vous avez vu, est-ce que ça vous a touché et pourquoi ? 

Je m'attendais à voir en grande partie ce que j'ai vu, mais j'ai tout de même eu plusieurs surprises. D'abord, le niveau de détestation de nos citoyens à l'égard des politiques. Les citoyens aiment bien leur député quand il est dans sa circonscription, mais ils n'ont plus aucune confiance en nous lorsque nous sommes ensemble à Paris. Je n'avais pas non plus vu le sentiment de résignation. C'est plus que de la désespérance, c'est de la résignation, sur pratiquement tous les sujets et dans tous les territoires traversés.

Vous voulez dire que, pour eux, la politique ça ne sert à rien ? 

Oui. Ils me disent : "Vous avez vu dans quel État vous avez mis la France, notre agriculture, nos artisans, nos pouvoirs publics ?" Pendant une demi-heure, j'écoute ceux qui viennent à moi sans les interrompre. Cela fait froid dans le dos. Mais je ne les coupe pas, car il faut que le cœur se vide. Une fois que le cœur s'est vidé, on se rend compte que le Français aime encore la politique mais qu'il ne sait pas quelle politique il faudrait invoquer.

Quelles sont vos observations par rapport à l'emploi, notamment chez les artisans, les commerçants et les petites entreprises ?

Je crois que c'est la catégorie la plus désespérée. Je pense aux artisans, aux petits commerçants, aux petits cafés. Ils n'en reviennent pas. Ils étaient dans une situation de relatif confort, il y a quelques années et tout s'est écroulé depuis. Ils n'y comprennent rien. Il y a plusieurs jours, se tenait une manifestation à laquelle plusieurs d'entre eux voulaient aller. Puis, finalement, ils ne s'y sont pas rendus et m'ont dit : "Ça ne sert à rien, nous sommes résignés". 

Que leur répondez-vous alors ? 

Je les écoute puis je leur dis : "Vous n'y allez pas, mais vous faites quoi après ? Que fait-on si on reste dans cette situation là ?". Je les invite à m'écrire très largement dans les cahiers de l'espoir, pour me dire tout ce qui ne va pas et ce qu'il faudrait changer. Je veux que les silencieux reprennent la parole. Je fais le pari de l'intelligence, qui nous a permis de sortir du règne animal pour entrer dans la société des hommes, c'est cela qu'il faut retrouver.

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