"Il faut d’urgence une harmonisation européenne du droit d’asile"

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Au micro de RFI ce matin, Marielle de Sarnez a décrypté l'actualité européenne.

Bonjour Marielle de Sarnez.

Bonjour.

Le Premier ministre grec a rejeté hier soir à Bruxelles les conditions posées par ses créanciers pour débloquer une nouvelle tranche d’aide financière. La Grèce doit en principe rembourser 300 millions d’euros au FMI, au plus tard demain. Sommes-nous en train de revivre les pires heures de la crise grecque ?

Moi je souhaite qu’il y ait un accord. Je pense que l’on s’en approche. Il faut maintenant que chacun fasse un effort et en particulier que le gouvernement grec fasse un effort, qu’il accepte d’inscrire à son agenda un certain nombre de réformes en échange d’un partenariat, d’une aide, d’une assistance financière de l’Europe. Je pense honnêtement que l’on n’est pas loin : on égrène les réformes, une réforme de la fiscalité, une augmentation de la TVA, une réforme enfin de l’administration, une réforme aussi des retraites. Tout ceci va dans le bon sens. Je pense qu’il manque cependant à ce plan quelque chose, qui est de l’ordre de : qu’est-ce qui demain peut créer la croissance en Grèce ? Je regrette de ce point de vue que du côté de l’Union européenne comme du FMI on ne prenne pas en compte cette considération de croissance.

Mais peut-on décemment demander à la Grèce de faire encore des efforts supplémentaires ?

Ce n’est pas du tout ce que je viens de vous dire. Je crois qu’il faut leur demander de faire des réformes de fond. On ne peut pas leur demander – par exemple dans ce que j’ai vu qu’on allait leur demander – de baisser encore le niveau des pensions et des retraites. Personne n’aurait accepté cela en France ou dans un autre pays de l’Union européenne. Il faut arrêter avec cela. Par contre il faut leur dire « oui, il faut vous doter d’un cadastre », « oui, il faut que les Grecs paient l’impôt et donc aient une vraie mise en place d’une fiscalité ». Ça, ce sont des réformes de fond, à la vérité sur lesquelles on aurait dû les accompagner depuis le premier jour ! Simplement, on ne l’a pas fait donc je pense que les torts sont vraiment partagés, entre ceux qui ont aidé les Grecs et en même temps les gouvernements successifs depuis 20 ans ou 25 ans, la corruption et la classe politique qui n’a pas été au niveau. On a aujourd’hui rendez-vous avec tout cela et maintenant il faut que ça avance.

La commission européenne est prête à discuter des modalités de répartition des demandeurs d’asile dans l’Union européenne après le rejet d’une première proposition par la France et l’Allemagne. Bruxelles avait demandé la semaine dernière aux pays membres de l’Union de prendre en charge 40 000 demandeurs d’asile originaires de Syrie et d’Érythrée ainsi que 20 000 réfugiés syriens. La France devait en accueillir 9 000 dans ce plan au cours des deux prochaines années. Est-ce que vous êtes favorable à cette politique de quotas que veut mettre en place la commission européenne ?

Je veux répondre deux choses. Premièrement sur la forme, ce n’est pas tout à fait exact ce que vous venez de dire. La commission de Bruxelles propose une initiative : elle a un droit et elle a même un devoir d’initiative, y compris dans tout ce genre de politique publique. Après, ce seront les chefs d’État et de gouvernement qui décideront. Deuxième chose, sur le fond : c’est évident qu’il faut une solidarité européenne, notamment sur l’accueil des réfugiés, je pense notamment aux réfugiés syriens. Il est évident que nous avons deux pays qui sont en première ligne parce que la géographie les a placés là où ils sont placés – l’Italie et la Grèce -. Moi je distingue les demandeurs d’asile – qui ont besoin d’une vraie protection - de l’immigration économique qui est un autre problème. Je crois pour l’immigration économique qu’il faudra que l’on réfléchisse à des voies légales de migration qui fassent qu’on lutte plus efficacement contre l’immigration illégale. En ce qui concerne le droit d’asile, je vous donne quelques chiffres : il y a aujourd’hui quatre millions de réfugiés syriens qui sont dans les pays voisins de la Syrie – Turquie, Liban, Jordanie, jusqu’en Égypte -. Il y en a 130 000 qui ont été accueillis en Europe, il y en a 10 000 qui ont été accueillis aux Etats-Unis. Alors est-ce qu’il faut un plan global de l’ensemble des pays développés, qui disent : « sur un certain nombre d’années, nous accueillons des demandeurs d’asile syriens qui sont chassés de chez eux par cette guerre », la réponse est oui.

La France aujourd’hui, est-ce qu’elle prend une part suffisante à cet effort ?

Elle prend une part, elle accueille une partie, simplement on a un droit d’asile qui fonctionne très différemment en France d’autres pays, par exemple comme l’Allemagne, comme les pays scandinaves. Je crois qu’il faut d’urgence une harmonisation de notre droit d’asile. La plupart des pays scandinaves, au bout de six mois vous disent oui ou non, aux demandeurs d’asile, leur dit : vous pouvez rester ou vous pouvez partir. En France,  ça peut prendre deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, ceci n’est pas raisonnable.

Il y a une réforme qui est en cours.

Cette réforme ne va pas assez loin, et donc je crois qu’il faut d’urgence harmoniser tout cela. Mais on a besoin, évidemment, de faire cet effort de solidarité, vis-à-vis des demandeurs d’asile, on a besoin de lutter contre les passeurs, ça pose toute la question de savoir où se fait la demande d’asile ? Aujourd’hui, si vous êtes syrien, que vous voulez fuir la région et que vous voulez passer en Europe, vous êtes obligé de passr par un passeur, de payer 10 000 dollars, de risquer la vie de votre famille, de vos enfants, pour arriver sur le sol européen, et demander l’asile. Il va falloir qu’on réfléchisse aussi à une autre manière de procéder, peut-être avec l’UNHCR dans les camps de réfugiés qui sont dans les pays voisins de la Syrie. Peut-être dans les consulats européens, il faut que là-aussi on puisse demander l’asile, après ils l’obtiennent ou ils ne l’obtiennent pas.

Vous avez dit il y a quelques jours avoir envie de voter Alain Juppé en 2017, parce que il est rassembleur. Pour ça, il faut qu’il gagne la primaire. Vous allez y participer à cette primaire ?

Si l’on parle de 2017, moi j’ai envie d’une chose, d’abord, c’est que cette élection présidentielle soit utile au pays. Pour qu’elle soit utile au pays, j’ai envie qu’on puisse élire un homme, et puis autour de lui, des équipes, qui puissent enfin gouverner la France comme elle aurait dû être gouvernée depuis 20 ou 30 ans, c’est-à-dire pas camp contre camp, qu’il puisse enfin y avoir une majorité large, pour mener un certain nombre de réformes pour que la France aille mieux, et pour que les français aillent mieux, et donc que l’on sorte de cet espèce d’affrontement, que je trouve absolument délétère entre un noyau dur de droite et un noyau dur de gauche, ce qu’on voit depuis très longtemps, et qui ne réussit pas.

C’est un peu l’idée du centre ?

Oui c’est l’idée du centre, c’est l’idée que portait Giscard, d’ailleurs en son temps, avec l’idée de deux français sur trois. Et donc je trouve que Alain Juppé a cette qualité d’être quelqu’un qui pourra rassembler. C’est pourquoi nous avons dit avec François Bayrou que s’il était le candidat choisi par la primaire nous serions heureux d’être avec lui à ses côtés. C’est ça l’important : de réussir l’élection présidentielle. On va dire les choses autrement. Il y a des millions de français, dont je fais partie, qui n’ont pas envie de revivre le match de la dernière fois. Ils ont envie d’une autre possibilité, d’une autre solution pour le pays. Nous voulons que cette élection présidentielle soit utile pour le pays, et nous pensons que avec Alain Juppé, elle peut être utile pour le pays.

S'il était candidat François Bayrou, son but ce serait quoi ? De barrer la route à Nicolas Sarkozy ?

Je ne veux pas rentrer dans ce type de phrase aujourd’hui. Je vous dis les choses avec honnêteté, c’est rare qu’un homme politique de premier plan, qui a la confiance des français, comme François Bayrou, soit capable de dire : moi je suis prêt à soutenir quelqu’un d’autre, et pas de famille politique. Alain Juppé n’est pas centriste. Mais on est prêts à la soutenir, parce qu’on pense que il a les qualités, et qu’il a la volonté de rassembler large. Prenons acte de ça, c’est assez rare dans la vie politique pour être noté.

On prête à Nicolas Sarkozy, c’est le canard enchaîné qui le rapporte, une formule assassine concernant François Bayrou « le bègue je vais le crever ».

Oui ce n’est pas la première fois. Il y a un mois il a y eu une référence au Sida, vous vous souvenez. Ce n’est pas du tout la première fois, tout cela est révélateur d’une grande violence, moi je crois que s’il y a bien une chose dont le pays n’a pas besoin, c’est de la violence chez les hommes politiques, ce n’est pas un bon service à rendre à la France.

Merci beaucoup Marielle de Sarnez.

 

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