Goodyear : "L'État doit prendre ses responsabilités en nommant un médiateur"

Face à l'échec des négociations entre la direction de Goodyear et les syndicats de salariés, Jean-Christophe Loric appelle l'État à "prendre ses responsabilités en nommant au plus vite un médiateur indépendant".
"Ils peuvent bien annoncer toute la misère du monde, ça fait plus de cinq ans qu'on devrait être au chômage et pour l'instant, on est toujours des salariés Goodyear" : ces propos détonnant sont ceux d'un responsable de la CGT d'Amiens-Nord à l'AFP, fin septembre 2012. Le syndicat majoritaire venait de contraindre la direction à retirer son plan de départs volontaires.
"Quatre mois plus tard, la réalité a rattrapé la provocation", souligne avec amertume Jean-Christophe Loric, conseiller général MoDem d'Amiens. Goodyear vient en effet d'annoncer la fermeture pure et simple du site, 1.200 emplois devraient être supprimés.
Pour l'élu local, cette situation dramatique met en lumière "cinq ans de négociations infructueuses entre la direction et les syndicats de salariés, cinq années où chacun a campé sur ses positions, en préférant le rapport de force à la solution négociée". "Ni les uns, ni les autres, n'ont eu comme souci premier la préservation de l'emploi et de l'outil industriel. Ils ont préféré aller dans le mur", s'indigne-t-il.
À ses yeux, "le pire peut toutefois être évité, pour la moitié au moins des salariés". "Sur les 1.173 emplois menacés, 537 sont aujourd'hui affectés à la production de pneus agricoles. Une filière rentable, pour laquelle il existe un repreneur : le groupe Titan", souligne Jean-Christophe Loric. "Partout dans le monde, Titan reprend l'activité agraire de Goodyear. À Amiens, il a formulé des engagements précis et garantie les postes. Mais l'échec des négociations salariales maintient ce repreneur sur la touche", dénonce-t-il.
L'édile demande donc à l'État de "prendre au plus vite ses responsabilités, faute de l'avoir fait plus tôt, en nommant un médiateur indépendant". "En mettant tous les acteurs autour de la table, avec le soutien des salariés, ce médiateur peut aboutir à un accord et sauver la moitié des emplois. Pour les autres, l'État doit accompagner la reconversion. Mais il faut aller vite, chaque jour perdu nous rapproche de la fermeture", conclu avec gravité Jean-Christophe Loric.