? Erwan Quinio : « Le défi eurocitoyen », un sursaut d’orgueil salutaire
Sorti début 2019, en amont de la campagne européenne, le livre d’Erwan Quinio réussit ce que d’aucuns jugent impossible : rendre les rouages de l’Union européenne compréhensible pour tous, sans se payer de grands mots. Avec une belle simplicité, l’auteur se lance dans une vraie réflexion sur ce qui bloque, sur ce qui dérange.
Se gargariser de slogans incantatoires ne sert à rien et éloigne encore davantage les citoyens de l’Europe. Ce qu’il faut, c’est établir un diagnostic, puis examiner les issues, les chemins à emprunter. Un peu à la manière de Robert Schuman, pragmatique et lucide. L’Europe n’est pas une utopie pour exaltés, c’est un espace commun, bien réel, qui nous oblige, au sens fort. Nous avons une obligation de solidarité et de justice sociale envers les nations engagées avec nous dans ce projet, qui garde un caractère très ouvert, profondément démocratique. L’Europe possède une forme souple, qui nous rend libres d’inventer de nouvelles manières de gouverner. Le lexique de la représentation nationale ne suffit pas à saisir la singularité européenne.
Erwan Quinio nous rappelle que l’Union européenne n’est pas une machine froide et désincarnée. Elle possède un caractère et, même, un bel orgueil. Bien différent de la vanité, l’orgueil est un sentiment de dignité, un refus de s’abaisser et de craindre : « Que faut-il pour piquer notre orgueil et nous réveiller ? » nous demande Erwan Quinio.
Il faut le courage de relever les défis : en donnant un contenu concret, économique, technologique, monétaire, au concept de souveraineté européenne. Face à Trump, à Poutine, à la Chine, à la Turquie, aux menaces diverses, l’Union européenne doit s’affirmer comme une puissance, capable d’une véritable union.
L’Europe, ce sont aussi des références, des valeurs communes. Erasmus, le goût des échanges et des rencontres. Erwan Quinio s’insurge contre les peurs agressives des eurosceptiques qui rejettent l’étranger. Les Balkans, c’est aussi la musique superbe et généreuse de Goran Bregovic, qui parle à chacun d’entre nous.
Car, de quels défis parle-t-on ?
Ce dont on parle, c’est une instance permanente de dialogue, de partage d’informations. Ce dont on parle, c’est acheter ensemble tout ce qui ne peut vraiment pas être produit chez nous afin de faire d’importantes économies en étant plus forts dans les négociations des prix ; ce dont on parle, c’est reprendre en main notre propre sécurité sur notre propre sol ; c’est ne plus rien devoir à personne.
Aujourd’hui, 9 mai, le programme de la liste LREM-MoDem est publié. Nous vous recommandons chaudement de lire, en même temps, le livre d’Erwan Quinio, pour réfléchir tous ensemble aux pistes que nous allons suivre :
Comme face à des flux financiers à la micro-seconde qui font vivre la spéculation ambiante, l’Europe doit réapprendre le temps de la réflexion. De la même manière que le néolibéralisme fait l’apologie du court terme, le projet européen doit être l’ardent défenseur du moyen et du long terme : Europe ne signifie-t-elle pas Larges-Vues ?
Pour partager vos idées sur l’Union européenne, vous pouvez écrire sur www.unirleurope.eu
Le défi eurocitoyen, Erwan Quinio, Voltaire Editions, 2019.