"En 2014, le plus important sera de poursuivre la construction de l'Alternative"

Invité de Sud Radio, Robert Rochefort a tracé les priorités du MoDem en 2014 et défendu "le caractère local" des élections municipales.
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Sud Radio - 2014 sera une année électorale. Quelle est la stratégie du MoDem ?
Robert Rochefort - Je vais peut-être vous surprendre... Pour nous, ce ne seront peut-être pas les échéances électorales, le plus important pour 2014. Ce qui sera le plus important, ce sera de poursuivre ce que nous avons fait dans les mois passés : construire ce pôle alternatif, que nous faisons avec nos amis de l'UDI, pour proposer aux Français des réponses par rapport à la crise, par rapport au chômage, car ils ont l'impression que ni l'UMP, ni le PS ne répondent à leurs préoccupations.
Construire l'Alternative, pour surfer sur le mécontentement des électeurs de gauche ?
Non, pas du tout. Pour proposer des solutions extrêmement concrètes. Il faut que les partis politiques arrêtent d'être auto-centrés, qu'ils arrêtent de considérer que ce qui se dit dans leur propre parti est ce qui intéresse les Français. Les Français, ils ont envie qu'on leur dise que c'est d'abord par l'action d'initiative, l'action locale, les PME, les artisans, que cela se passe. Et, parce que nous sommes des centristes, nous croyons à l'Europe. Ce n'est pas parce qu'elle fonctionne mal qu'il faut l'abandonner. Il faut la réformer. Dans notre volonté de croire au local, on retrouve les municipales, et dans celle de croire à l'Europe, on retrouve les européennes. Les élections sont là, mais elles ne sont pas une finalité en soi. Elles sont un moment où nous exprimerons nos propositions politiques.
Il y a tout de même de belles cartes à jouer. Exemple : faire basculer le berceau d'Henri IV. François Bayrou a été donné gagnant par notre sondage. Cela fait 42 ans que la Gauche tient la ville. Ce serait historique pour le MoDem.
Oui et je crois à la possibilité que François Bayrou soit élu. Si vous regardez la question de Pau, François Bayrou est évidemment un enfant du pays. Il y a eu un Maire historique à Pau, qui a été André Labarrère, qui a incontestablement réussi à créer une empathie avec ses électeurs. Depuis, ce n'est plus le cas. Du côté du PS et de l'UMP, ça ne fonctionne pas. Il y a une personnalité politique qui propose un rassemblement, au-delà de ces questions partisanes. Pau est une ville importante, on peut pas nier sa dimension nationale, mais François Bayrou incarne aussi quelque chose des Pyrénées-Atlantiques, du Béarn. Il est porteur d'espérance. C'est une ville magnifique mais très contrastée, avec d'un côté une recherche scientifique de haut niveau, et de l'autre la crise sociale, des quartiers en difficulté, etc.
Mais ces municipales, c'est aussi un casse-tête. Vous êtes parfois alliés avec l'UDI, d'autres fois avec l'UMP ou le PS. Vous allez tout de même devoir gérer cela...
Si vous permettez, ce que vous pensez être "le bordel", ce n'est pas chez nous. On parle de dissidences à l'UMP, au PS, absolument partout. Ça ne m'étonne pas tant que ça, car les élections municipales sont des élections locales. Il faut que nous gardions cela. Au MoDem, nous l'avons toujours cru. Elles consistent bien souvent à reprendre l'héritage de ce qui fonctionne très bien, par exemple à Bordeaux, où l'attelage avec Alain Juppé fonctionne parfaitement. Il faut évidemment aussi tenir compte du référentiel national. Dans les petites villes, ça ne pose pas de problème, car ce qui compte c'est d'abord d'avoir la meilleure équipe municipale. Dans des villes plus grosses, qui sont des sièges de préfectures, il y a une visibilité nationale. Il faut qu'on trouve un bon compromis. Mais je vais vous dire quelque chose : je n'aime pas le discours qui consiste à dire "votez UMP pour voter contre Hollande", ou "votez PS pour plébisciter Hollande". C'est faux. Au final, nous sommes dans 95% des cas alliés avec nos amis de l'UDI. Quand, de temps en temps, il y a des difficultés, elles sont le reflet de notre volonté de rendre compatible une préférence au local et une cohérence nationale.