Patrick Mignola : "Cette année, il semble plus raisonnable de privilégier un tourisme composé de petites cellules familiales, au détriment d’un tourisme plus festif en montagne"

Patrick Mignola

Patrick Mignola, député de la Savoie et Président du groupe Mouvement Démocrate et Démocrates apparentés à l'Assemblée nationale, explique pourquoi il est favorable à une réouverture des remontées mécaniques à partir du 7 janvier et détaille le plan massif de 400 millions d’euros à destination des acteurs économiques et des collectivités de montagne. 

Vous n’avez pas signé la tribune d’élus réclamant le maintien des remontées mécaniques à Noël. Pourquoi ?

Parce que je refuse de considérer les Français comme de la « chair à élection ».

La décision prise par le Premier Ministre était difficile, et je suis le premier à regretter l’impact qu’elle peut avoir sur le tourisme de montagne pour le mois de décembre. Mais on ne peut pas, comme les arrière-pensées politiciennes de certains, critiquer la politique du Gouvernement pour limiter la propagation du virus et s’offusquer qu’une décision qui vise à réduire des interactions sociales à risque soit mise en place.

Je rappelle que le premier cluster identifié en France, juste avant la 1ère vague de Covid-19, fut en Haute-Savoie, dans la station de ski Contamines-Montjoie. Bien sûr, depuis, notre connaissance du virus, bien qu’encore très incomplète, a progressé et je fais confiance aux professionnels lorsqu’ils disent pouvoir mettre en place un protocole sanitaire strict. Mais les risques de contamination ne s’arrêtent pas à la seule file d’attente des remontées mécaniques. Le risque, c’est d’accueillir un trop grand brassage de population qui, certes, passent leurs journées en plein air, mais qui se retrouvent le soir en trop grand nombre dans des espaces clos pour faire la fête ou partager une raclette.

Cette année, il semble plus raisonnable de privilégier un tourisme composé de petites cellules familiales, au détriment d’un tourisme plus festif. Notre responsabilité est aussi de penser à nos soignants. En Savoie, nos personnels hospitaliers ont été particulièrement éprouvés ces dernières semaines, notre département ayant été frappé plus tôt et plus durement par la 2ème vague. Certains élus semblent l’avoir bien vite oublié. Leur amnésie ne saurait justifier une telle irresponsabilité.

Faut-il isoler les vacanciers qui reviennent de Suisse, comme l’a proposé récemment le premier Ministre ?

J’entends depuis quelques jours les commentaires fielleux de tous ceux qui considèrent que ces propositions sont absurdes. Laissons-les ricaner si c’est leur manière à eux d’évacuer les frustrations que nous accumulons légitimement depuis le début de cette crise. Il ne s’agit pas de faire de ces vacanciers des pestiférés, mais tout simplement d’appliquer les règles en vigueur dans le cadre de la stratégie Tester – Tracer - Isoler. Cela ne me choque pas que l’on considère que des vacanciers qui reviennent d’un autre pays, dans une situation où, potentiellement, un cluster s’est formé, soient considérés comme des cas contacts potentiels. La Suisse a jusqu’à présent décidé de maintenir ses remontées mécaniques en espérant capter notre clientèle touristique traditionnelle. Ils ont fait le choix du business avant la santé des européens. En Autriche, le débat public est plus divisé. Mais l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, ont choisi eux aussi de fermer les remontées mécaniques. J’espère qu’à nous quatre, nous saurons faire suffisamment pression sur l’égoïsme helvète pour les amener à faire preuve de responsabilité et de solidarité. Il ne s’agit pas uniquement d’une question de concurrence déloyale, il s’agit de santé publique européenne. Imaginez qu’en plus de fermer les remontées mécaniques en décembre, une 3e vague épidémique importée de vacanciers revenant de Suisse empêche une réouverture pour février. Ce serait une double peine et d’une injustice révoltante !

L’annonce de la réouverture potentielle des remontées mécaniques dès le 7 janvier vous semble un bon compromis ?

Je souhaite de tout cœur que, comme l’a annoncé le Premier Ministre, les remontées mécaniques pourraient rouvrir dès le 7 janvier. Rien ne serait pire pour les acteurs de la montagne de ne pouvoir ouvrir pour les vacances d’hiver. Notre responsabilité collective, c’est de respecter les recommandations et consignes sanitaires, notamment à l’occasion des fêtes de fin d’année, pour éviter qu’une troisième vague ne réduise à néant la saison touristique hivernale. Rien n’est garanti, sauf le fait que si nous faisons n’importe quoi en agissant avec précipitation, c’est toute la saison qui sera à coup sûr annulée.

Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire pour le secteur de la montagne ?

Considérables. Dans certaines stations, la clientèle étrangère peut représenter jusqu’à 80% des touristes. Pour la clientèle française, on considère qu’environ un touriste sur deux pratique le ski alpin. Les autres activités restent autorisées, comme le ski de fond, la raquette, le mushing (chiens de traîneaux), mais aussi tout simplement profiter du bon air de la montagne et de nos produits locaux. J’invite donc ceux qui le peuvent à venir passer quelques jours en montagne en décembre, pour un séjour familial, un week-end en amoureux… Des gens vivent dans nos villages et stations, la vie ne s’est pas arrêtée pour eux ! Mais il est vrai que cela ne pourra pas compenser les pertes économiques, ce qui nécessite la mise en place d’un soutien financier massif.

Comment venir en aide aux professionnels de la montagne ?

C’est dans un esprit de responsabilité que je travaille depuis plusieurs semaines avec le Gouvernement à l’élaboration d’un plan d’aide d’urgence. Je remercie aujourd’hui le Premier Ministre d’avoir su mesurer la gravité de la situation et d’avoir entendu ces propositions, en mettant en place un plan massif de 400 millions d’euros à destination des acteurs économiques et des collectivités de montagne.

Le déplafonnement des mesures de soutien pour les adapter au caractère saisonnier permettra ainsi de tenir compte de la particularité des activités de montagne.

L’octroi du chômage partiel et l’adaptation de ces règles de calcul pour les travailleurs saisonniers, permettra de mieux les protéger et de ne pas les contraindre à changer de métier, ce qui aurait pour conséquence sur le moyen terme de condamner les activités qui dépendent de leur engagement.

Par ailleurs, il s’agissait de préserver les finances des collectivités locales. Nous avons consolidé la compensation à « l’euro l’euro » pour les communes et intercommunalités gestionnaires de domaines pour compenser les pertes (taxes de séjour, taxes sur remontées mécaniques, déficits d’exploitation lorsqu’elles gèrent en propre).

Des investissements massifs, dans le cadre du Plan France Relance, pour permettre aux stations de moyenne montagne, menacées par le réchauffement climatique, accéléreront leur transition vers le tourisme quatre saisons. 

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par