Les violences intrafamiliales et le confinement - par Otilia Ferreira

❗Les victimes peuvent appeler le 17 ou le 3919, se signaler auprès des pharmacies ou envoyer un SMS au 114. ❗

"Conseillère Régionale de la Nouvelle Aquitaine, siégeant dans le groupe MoDem, donc dans l’opposition, je n’ai pas de prise directe ni sur les orientations ni sur les décisions de  l’exécutif.

A ce jour aucun dispositif régional spécifique n’a émergé pour lutter efficacement contre les violences intrafamiliales durant la période de confinement.

Les néo-aquitains bénéficient des modalités mises en place par le gouvernement, avec les aménagements concernant le volet judiciaire (comparution, ordonnances de protection, mesures d’assistance éducative) et le volet préventif annoncé par Marlène Schiappa (soutien financier aux associations, création de places d’hébergement, points d’accompagnement dans les pharmacies…).

Très mobilisée sur le versant économique avec un fonds d’urgence de 50 millions d’euros pour les TPE, les travailleurs indépendants et les microentreprises, la Région Nouvelle-Aquitaine pêche par son absence d’implication sur le secteur de la protection des victimes des violences intrafamiliales durant la crise sanitaire. Pour autant les chiffres y sont particulièrement inquiétants. Alors qu’on assiste à une augmentation du nombre de cas de violences conjugales de 30% sur le plan national, les services de police locaux ont vu le nombre d’appels quotidien doubler et les demandes sur la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr ont augmenté de 40%.

Depuis l’entrée de la France en confinement on a déploré trois féminicides entre le 20 et le 31 mars et les trois femmes tuées par leur compagnon étaient des néo-aquitaines (Landes, Lot et Garonne, Charente Maritime).

La situation de confinement, avec son lot de promiscuité, de tensions, d’anxiété, de consommation d’alcool et de drogues est propice aux disputes. Les premières victimes des montées en violence intrafamiliale sont les femmes et les enfants.

Pour toute femme victime de violences conjugales le passage à la révélation des faits est difficile et elle le sera d’autant plus dans cet étau du confinement. Elle doit ici être encore plus facilitée et la mise en sécurité de la victime et de ses enfants immédiate. Dans ce cadre la Région s’honorerait à y prendre une juste place par exemple en ouvrant ses lieux d’hébergement des établissements scolaires aux victimes.

L’Assemblée des Femmes, association féministe dont je suis membre du conseil d’administration, a édité un Guide relatif à l’accompagnement des victimes en période de confinement, à l’attention des victimes et de leurs voisins dont le rôle est essentiel (protecteur et révélateur), qui fait le point sur les ressources d’aide aux victimes. Il rappelle que si :

• Vous êtes actuellement victime et confinée, vous avez le droit de fuir ;
• Vous êtes témoin, vous avez le devoir d’agir pour venir en aide aux victimes.

Il est urgent de le diffuser très largement pour que durant cet épisode singulier nous restions des citoyens actifs, unis et solidaires, en protégeant les femmes et les enfants."

Otilia Ferreira