Interview de Sarah El Haïry dans l'Humanité

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Nous vous invitons à découvrir l'interview de Sarah El Haïry, accordée au journal L'Humanité, et portant sur la façon dont donner un second souffle aux structures de l'économie sociale et solidaire.


Comment donner un second souffle aux structures de l'économie sociale et solidaire ?


Entretien réalisé par Stéphane Guérard


Où en est l'économie sociale et solidaire (ESS) aujourd'hui ? 

Sarah El Haïry - Elle en est à un carrefour. Les familles historiques - associations, fondations, coopératives - ont pollinisé le reste de l'économie en montrant qu'il est important de mettre du sens dans ce que l'on fait. Désormais, l'ESS doit se défendre en en revenant aux statuts de ses structures, dont le fonctionnement démocratique garantit la place de l'être humain dans son projet. Une personne qui crée une structure agréée entreprise solidaire d'utilité sociale (Esus), j'applaudis. Mais que se passe-t-il lorsque cette personne la quitte ? Je souhaite donc une réécriture du périmètre de l'ESS avec un premier cercle composé des quatre familles historiques, un deuxième regroupant la mosaïque des autres formes d'entreprises. Les familles historiques ont une responsabilité à accompagner les porteurs de projet en leur montrant que leurs initiatives peuvent aussi se développer dans les structures plus pérennes démocratiquement, économiquement et socialement que sont celles du premier cercle. 

 

N'êtes-vous pas un peu seule à penser ainsi dans la majorité présidentielle ? 

Sarah El Haïry - Je suis libre de ma parole et je viens de l'ESS. Je me sens donc légitime. J'ai quitté un groupe capitaliste pour rejoindre une Scop - le groupe Up (ex-Chèque Déjeuner) -, entreprise dans laquelle j'ai trouvé les moyens de changer la société. Mais la majorité n'est pas si tranchée. Pour la plupart, mes collègues ne connaissent de l'ESS que sa face réparatrice, les associations de solidarité. Ils ne savent pas forcément qu'elle représente 14 % du PIB, qu'elle dispose de leaders mondiaux compétitifs. Tout ne peut pas être dans l'ESS. Mais ses valeurs peuvent irriguer bien au-delà. 

 

L'ESS est-elle représentée à sa juste place au sein du gouvernement ? 

Sarah El Haïry - Pour qu'elle soit à sa juste place, il faut qu'elle soit rattachée au premier ministre. L'économie sociale et solidaire est par nature transversale. Comme il s'agit d'une économie qui accompagne le mieux les transitions numériques, écologiques, énergétiques, elle doit être traitée partout, donc être portée par le premier ministre, avec un secrétariat d'État ou un ministère plein qui lui est rattaché. 

 

À l'inverse, l'ESS sait-elle se faire entendre ? 

Sarah El Haïry - Si c'était le cas, elle n'en serait pas là. Évidemment, il faut garder sa diversité et les lieux de débat qui permettent son expression. Mais il faut aussi une voix qui porte plus fort. Une instance pourquoi pas composée de plusieurs collèges - salariés, employeurs, bénévoles, réseaux de l'ESS, entrepreneurs sociaux - qui tire de sa composition la légitimité de s'exprimer au nom de tous. 

 

En attendant, de la baisse drastique des contrats aidés à celle des subventions, l'ESS n'a pas été épargnée par le gouvernement... 

Sarah El Haïry - Quand on est arrivé en juin 2017, pas un sou n'était prévu pour financer les contrats aidés. Ces contrats permettaient de soutenir l'activité des associations. Mais ce n'est pas ce dont celles-ci ont besoin. Elles demandent un budget pluriannuel qui reconnaisse l'utilité de leurs actions et des emplois qu'elles créent. D'où le projet de loi que je vais présenter dans la niche parlementaire du Modem afin de renforcer les associations. L'an dernier, nous l'avions utilisé pour sécuriser le statut de dirigeant bénévole. Cette fois, nous proposons de donner aux associations la possibilité de dégager des excédents de gestion afin de leur donner une bouffée d'air pour financer l'emploi associatif. Nous souhaitons aussi leur permettre de contracter des prêts entre elles, comme n'importe quelle autre entreprise. 

  

Avez-vous des nouvelles du plan de croissance promis depuis un an par le haut-commissaire à l'ESS ?  

Sarah El Haïry - En attendant ce plan, j'en ai un à l'esprit qui pourrait contenir sept mesures : structurer l'ESS pour faire émerger des champions qui montrent le chemin vers la création d'une Scop, d'une association... Reconnaître le statut de permanent d'association. Revoir l'enseignement de l'ESS au sein de l'éducation nationale. Instaurer un interlocuteur transversal de l'ESS au sein de l'exécutif. Faire sauter les blocages réglementaires qui pèsent sur les financements de l'ESS. Instaurer des indicateurs reconnus de tous pour mesurer le retour sur investissement des financements publics en faveur de l'ESS. Mieux reconnaître les externalités positives du bénévolat, en profitant notamment de la mise en place du service national universel. 

 

 

Relire l'interview sur le site de l'Humanité.




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