📺 François Bayrou, invité de la matinale LCI 

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François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité d'Elizabeth Martichoux, dans la matinale LCI, ce lundi 19 octobre, à 8h15.

Pour revoir l'intégralité de l'entretien ▶️ https://www.lci.fr/politique/meurtre-de-l-enseignant-samuel-paty-ce-n-est-pas-aux-eleves-de-choisir-les-programmes-declare-francois-bayrou-2167667.html

Découvrez plusieurs extraits de l'interview :

Retrouvez ci-dessous la retranscription de l'entretien :

Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

Haut-commissaire au Plan, ancien ministre de l'Éducation nationale, c'est vous qui aviez fait interdire par une circulaire en 1994 le port du voile islamique 10 ans avant la loi de 2004 sur les signes ostentatoires.

Merci d'être sur LCI en direct de votre ville de Pau. Vous ne vous êtes pas encore exprimé depuis vendredi. Hier, Emmanuel Macron a présidé un Conseil de défense, 48 heures après la décapitation d’un enseignant. Les Français attendent des actes, ils sont fatigués des déclarations en forme de rodomontade.

François Bayrou, le Président doit-il, va-t-il réagir vite ?

Je ne doute pas qu'il va saisir l'occasion de le faire.

Le sentiment que vous évoquez et qui s'est traduit hier par des dizaines de milliers de personnes présentes dans des manifestations spontanées, dans des appels simplement à une présence, à une minute de silence, à entendre une déclaration, simplement pour manifester l'horreur insupportable que chacun a ressentie, est d'autant plus insupportable qu'il s'agit de l'école, qu'il s'agit d'un professeur, qu'il s'agit de jeunes élèves et que tout cela est devenu, pour les Français, un moment d'horreur intime, pas seulement d'émotion publique, mais d’horreur intime.

Les manifestations, d'ailleurs, cela sert à quoi ? Cela sert à quoi ces rassemblements ? On les a déjà vus, les Français y ont déjà participé, pas tous les Français d'ailleurs.

Franchement ?

Quand il y a un deuil dans les familles, chez les proches, la première chose que l'on fasse, c'est d'aller les voir pour être avec eux, pour simplement partager quelque chose qui est de l’ordre du chagrin, de la tristesse, et ici, de l’épouvante. Et donc, on est présent, c'est une manière de dire : On se tient debout ensemble ; c'est une manière de dire à quel point l'événement est bouleversant et a été bouleversant pour beaucoup d'entre nous.

Il y avait des femmes des hommes qui pleuraient simplement parce que c'est comme si on leur avait fait quelque chose, si on avait porté atteinte à leur famille ou a quelque chose de très cher pour eux.

Cela sert à manifester quelque chose d'un sentiment intime et ce sentiment intime est bienvenu et a sa place lorsqu'il se passe des drames - pas des drames, des horreurs - de cet ordre.

On va parler des solutions, mais François Bayrou, vous êtes d'accord, c'est comme en médecine : s'il n'y a pas de bon diagnostic, il n'y a pas de bon remède.

« Ils ne passeront pas » a dit Emmanuel Macron vendredi soir. Marine Le Pen sur Twitter rétorque : « Ils sont déjà là. »

Vous n'en tirerez peut-être pas les mêmes conclusions, mais un enseignant exécuté parce qu'il professait la liberté d’expression, franchement, est-ce qu’elle a tort ?

Je ne veux pas employer des expressions de cet ordre parce que le « Ils sont déjà là », cela désigne des groupes qui d'abord sont heureusement ultra-minoritaires et c'est aussi une manière de baisser les bras.

Je ne crois pas du tout que ce soit irrémédiable. Je ne crois pas du tout que l'on ne puisse rien faire. Je ne crois pas du tout que l'on doive se servir de cela pour les fins électorales que vous imaginez. Ce qui s'est passé doit être analysé. Ce qui s'est passé en cours, c'est une chose. Ce qui s'est passé avec les parents d'élèves soutenus par des mouvements, en effet, qui sont des mouvements radicaux islamistes, c'est une deuxième chose. Et il y a une troisième chose : ce jeune assassin, ce garçon qui a d'ailleurs été abattu, il vient de 100 Km plus loin. Il n'était pas du tout membre, d'une manière ou d'une autre, ni de la communauté éducative, ni des élèves, ni des parents d'élèves, c'est que des réseaux ont fait naître et ont mobilisé la folie de ce garçon et le passage à l'acte.

Vous voyez que ce sont trois problèmes différents ou trois questions différentes qui méritent que l'on ne les globalise pas, que l'on n'en tire pas des conclusions qui ne seraient pas des conclusions qui nous permettent d'aller de l'avant.

En 2006, le rapport Obin, vous le connaissez, tirait la sonnette d’alarme sur les atteintes à la Laïcité. Personne n'en a parlé dit Dominique Schnapper, une sociologue, qui était ce matin dans le Figaro. Elle préside le Conseil des Sages de la Laïcité et elle dit ceci : « Pendant 15 ans, les ministres de l'Éducation nationale ont refusé de regarder en face les atteintes à la Laïcité et la montée de la pression islamiste, ils ont mis le rapport Obin dans les tiroirs pour ne pas faire de vague. »

François Bayrou, est-ce qu’on ne paye pas une culture du : « pas de vague » ?

Oui, en partie. Personne ne peut dire le contraire.

Bien sûr que, lorsque vous êtes ministre, à la tête d'une administration importante, vous préférez toujours qu'il n'y ait pas de vague d'abord parce que vous n'avez pas les réponses qu'il faudrait.

Bien sûr, il y a une partie de cette culture. Vous avez rappelé, c'est beaucoup plus ancien que cela, que j'ai pris la décision d'interdire ou de faire interdire le voile à l'école, simplement pour montrer qu'il y avait un lieu sacré dans la société française, un lieu préservé dans lequel chacun venait pour accepter la loi commune qui est la loi de l'éducation et des principes qui nous font vivre ensemble.

Cette décision a été prise, j'ai à l'époque écrit un livre qui prend à l'avance un certain nombre des conclusions du rapport Obin qui s'appelait Le droit au sens. Il y a des dérives, ces dérives doivent être combattues, elles doivent être interdites et, en même temps, on doit faire en sorte qu'elles ne se reproduisent plus.

Les deux choses doivent aller de pair.

De ce point de vue, vous voyez bien ce qui se heurte, ce sont deux cultures : il y a une culture de la religion au-dessus des règles communes, les règles les plus importantes ce sont les règles de la religion pour un certain nombre de cultures et il y a une deuxième culture qui dit : « la religion, c'est important, c'est protégé, mais il y a au-dessus de cela les règles qui nous font vivre ensemble, les principes qui nous font vivre ensemble. »

Quand on respecte ces deux approches, à ce moment-là, on arrive ou on peut arriver à un point d'équilibre.

Ce ne sont pas les élèves qui choisissent.

On ne l'a pas trouvé pour l’instant.

On va le trouver. En tout cas, il faut qu'on le trouve.

Ce n'est pas aux élèves de choisir les programmes, ce n'est pas aux parents d'élèves de venir faire pression sur les enseignants. La communauté éducative doit avoir la force et la tranquillité, la force tranquille de dire : « ceci appartient aux règles de l'Éducation nationale, c'est l'Éducation nationale qui choisit les programmes, c'est l'Éducation nationale qui impose les règles qui sont à l'intérieur des établissements et de ce point de vue, les enseignants ont une protection.

Parfois, ils sont obligés d'abdiquer, on le sait bien, dans certaines écoles il y a des profs qui ne peuvent plus parler du Coran sans créer du chahut.

Quelles sont les mesures fortes ?

Je vous donne un exemple.

Il y a l'école et ce qu'il y a autour de l'école qui a beaucoup joué dans cette affaire puisque, vous l'avez dit vous-même, il y a eu des agitateurs islamismes qui ont chauffé à blanc.

Abdelhakim Sefrioui, imam auto-proclamé, cela fait douze ans qu'il est repéré par les renseignements. Cet homme a accompagné au collège le père de famille prétendument concerné et il a fait une vidéo.

Comment se fait-il que ce fiché S connu pour des positions antisémites soit toujours sur notre sol ? Est-ce normal ou est-ce qu’il aurait fallu l'expulser ?

Est-ce qu’il faut davantage expulser ?

Vous savez bien, il y a des règles précises et il faut les faire respecter. Je ne sais pas quelle est la nationalité de ce monsieur que j'ai vu en effet, comme vous dites, faire monter l'émotion autour de cette affaire, chauffer à blanc, comme vous avez dit, mais de ce point de vue, première question : est-ce qu’il est Français ? Auquel cas, l'expulsion n'est évidemment pas ouverte par la loi et, ensuite, est-ce qu’on tolère ou est-ce qu’on réprime, est-ce qu’on dit : Monsieur, ceci est inacceptable et donc la rigueur de la loi va s'appliquer à vous. C'est cela la question.

Il est Marocain.

En ce moment, Gérald Darmanin a demandé 231 expulsions d'étrangers précisément qui figuraient sur le fichier de radicalisation.

Je précise qu'en ce moment même, il annonce une opération de police qui concerne des dizaines d'individus.

Vous dites : il y a des règles.

Est-ce qu’il ne faut pas faire évoluer les règles dans cette guerre, cette bataille contre ceux qui veulent renverser, se substituer à la République, est-ce qu’il ne faut pas faire bouger les règles ?

On peut parfaitement durcir les règles ; encore faut-il les faire appliquer.

Un certain nombre des textes que l'on prend et que l'on annonce à chaque événement tragique existent.

La question est qu'ils ne sont pas appliqués.

Pourquoi ? Je trouve qu'il est heureux que le gouvernement vienne de décider un certain nombre d'expulsions, plus de 200, vienne de s'attaquer aux réseaux dont on parle.

Le discours que le Président de la République a fait contre les séparatismes pour la défense de nos principes il y a deux semaines à peine, c'est un discours qui est une première dans l'histoire de la République.

Enfin.

C'est la première fois qu'un responsable, et le plus éminent d'entre eux, le Président, dit : Voilà ce que nous n'accepterons plus.

Heureusement que ce discours a été tenu et heureusement que le gouvernement l’applique et décide de le mettre en valeur.

Faut-il l'accélérer ?

Il y a des réseaux qui sont identifiés. La plate-forme que le gouvernement a mise en place a détecté 80 messages de soutien fous à ce qui s'est passé.

Ces 80 messages vont être identifiés et vont donner lieu à des perquisitions.

Ce ne sont plus des mots. Et vous avez raison de dire que tout le monde est lassé des mots, que, des mots, on a le sentiment qu'il y en a trop et que ce sont les actes dont on a besoin et des réalités qu'il faut changer, mais ce que le gouvernement est précisément en train de le faire, c'est cela : actes et changement des réalités pour que tout le monde comprenne bien que notre manière de vivre ensemble n'est pas négociable, que c'est nous, France, avec notre histoire et notre histoire républicaine et notre histoire de Laïcité, c'est nous France qui, de cette manière, sur ce sujet, décidons de la manière dont nous devons vivre ensemble. Cela n'empêche pas la compréhension.

Pour ménager notre vivre-ensemble…

On voit bien l’immense émotion, mais l’émotion que l'on ne voit pas, et qui est désespérée d'une certaine manière, c'est l'émotion de nos compatriotes musulmans qui vivent une vie tout à fait normale, tout à fait intégrée, tout à fait respectueuse, tout à fait ouverte souvent, et ceux-là, il n'y a personne pour leur parler ou pour les défendre si l’on n'est pas là pour faire respecter les principes. Donc d'une certaine manière, ils sont victimes aussi, bien sûr.

Les petites filles, les petits garçons à l'école, les mères de famille dans les supermarchés que l'on regarde d'un œil soupçonneux, tous ceux-là sont des victimes collatérales de l'horreur que l'on a vécue il y a 48 heures.

Merci François Bayrou.

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