Franck Noël : "Ce que je retiendrai de tout cela, c’est cette belle capacité des Français à se mobiliser pour des causes justes et en temps de tempête"

Franck Noel

Franck Noël est adjoint au Maire de Reims et Président du Mouvement Démocrate de la Marne. Directeur adjoint d'un groupe hospitalier dans les Ardennes, il partage son expérience territoriale de la crise sanitaire. 

Les Ardennes n’ont pas été touchées par le Covid-19 aussi fortement que d’autres départements du Grand Est.

La densité de population y a certainement beaucoup joué. En termes de population les Ardennes se trouvent être le 79ème département français.

Alors Franck Noël l’admet sans fard. Sa vie est restée la même. Mais son rythme de vie était déjà bien dense.

Franck Noël a de multiples casquettes. Élu local dans la Marne limitrophe et directeur adjoint depuis huit ans du Groupe Hospitalier Sud Ardennes situé sur deux sites : Rethel et Vouziers. A tout juste 55 ans, il ne souffre pas le moindre répit.

Bien sûr, il a fallu organiser le travail des équipes médicales et administratives. "Au début, c’est un peu la panique évidemment, on nous parle de vague, de propagation d’un virus sur lequel nous n’avons a fortiori aucune information". Depuis, "nous sommes sur un faux rythme" dit-il. Des cas "Covid" sont arrivés comme partout en France. Mais les cas dits graves sont dirigés vers d’autres structures hospitalières, à Charleville-Mézières ou à Reims. "On s’est préparé au pire, sans y avoir été jusqu’à présent trop confrontés, fort heureusement".

Les chiffres font état de cette réalité. Les Ardennes recensent 52 hospitalisations, dont 10 en réanimation et déplorent 45 décès au 27 avril 2020. Rethel est restée relativement épargnée.

L’anticipation a été faite, et la course aux matières premières aussi : blouses, sur-blouses, tests. Pas les masques. "Non, nous avions dans nos stocks 40 000 masques périmés, datant de 2010 et de l’épidémie de grippe H1N1 que l’on a très vite utilisés et distribués au personnel des EHPAD notamment. Nous avons probablement été sauvés de l’épidémie, à ce stade, grâce à ce stock", admet Franck Noël.

Une faille, s’il en est, racontée dans d’autres territoires : l’Etat, à travers l’ARS, n’a pris connaissance de ce stock qu’une fois l’inventaire des matériels effectué. Après la distribution.

Anticipation donc. Avant la crise le GHSA achetait des masques régulièrement. "Hors Covid, nous traitions évidemment d’autres maladies graves, comme la tuberculose, pour lesquelles il est nécessaire d’avoir un équipement spécifique incluant les masques. Le besoin n’est pas arrivé du jour au lendemain !".

Franck Noël note l’inflation de ce matériel considéré comme de première nécessité. Les masques chirurgicaux coutaient 0,145 HT €/p. avant la crise. Ils ont depuis lors augmenté de 300%. Quant aux masques FFP2, ils étaient de 0,40 HT € pièce et coûtent désormais 3,20€ l’unité. La hausse de la demande mondiale a entrainé une hausse des prix. "C’est mécanique". Et comme pour tous, Etat, collectivités, entreprises, des postes ont été affectés au "sourcing", la recherche de matériel médical.

"Nous passons par des centrales d’achat. On cherche des approvisionnements un peu partout comme tout le monde. Nous le voyons à notre échelle, il y a une question stratégique à se poser qui tient à l’indépendance des approvisionnements en médicaments et en équipement pour la santé française, et même européenne. A cet égard, la surenchère dans la chasse aux masques, parfois entre collectivités françaises, menée sur le tarmac était dévastatrice. "

Faut-il gloser et vilipender une quelconque inertie administrative ?

"De deux choses l’une", rappelle Franck Noël, "les ARS ont été mises en place précisément après la grippe de H1N1 avec l’ambition de rationaliser la structuration territoriale de notre offre hospitalière".

Ensuite, il est certain que nous apprendrons, collectivement, de cette crise. A cet égard, La manière dont Singapour a géré la crise est considéré comme exemplaire par beaucoup. Mais cette réactivité du pays est vraisemblablement et pour partie due à la précédente gestion de crise (celle du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) de 2003)."

Cela permet aussi afin de passer les ponts qui manquent parfois entre public privé. Encore que… "Cela doit être relativisé, ce sont bien souvent des histoires d’hommes et de contacts. Dans la Marne, à titre d’exemple, les choses se sont faites avec une grande fluidité."

Double casquette donc, mais un même sujet. Franck Noël est également adjoint au maire de Reims délégué aux affaires sociales et à la santé. "Le fait que les préfets et maires mettent en musique le déconfinement est une bonne chose", assène-t-il.

Une leçon pour l’organisation de l’État ? "Nous voyons les appels à la décentralisation plus poussée de l’État, notamment à l’initiative des associations d’élus. Gardons-nous de conclusions hâtives. L’Italie et l’Allemagne sont deux pays décentralisés. Il est compliqué d’en tirer les mêmes conclusions… Dans cette sortie de crise, il est impératif d’allier la puissance de l’État et le pragmatisme des élus locaux. Gardons également en tête que beaucoup de ces représentants et associations ont des considérations peu éloignées de logiques électorales."

La suite ? Sans toutefois réussir à se projeter dans l’après, Frank Noël indique : "Je ne suis pas certain d’être dans grand optimisme, mais enfin, ce que je retiendrai de tout cela, c’est cette belle capacité des Français à se mobiliser pour des causes justes et en temps de tempête. La solidarité qui s’est exprimée dans les Ardennes comme dans la Marne à l’égard du personnel soignant fut manifeste et demeurera."

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