🏛Autonomie du grand-âge : " le maître mot est la prévention", interview du dĂ©puté Cyrille Isaac-Sibille

Cyrille Isaac-Sibille
(© Baptiste Hamousin)

Cyrille Isaac-Sibille, dĂ©putĂ© du RhĂŽne, secrĂ©taire de la commission des affaires sociales Ă  l'AssemblĂ©e nationale, propose un plan de prĂ©vention pour favoriser un vieillissement en bonne santé physique et mentale, au sein d’un domicile adapté. Entretien.

Vous portez des propositions "Grand Ăąge et autonomie". A quels besoins souhaitez-vous répondre?

Le vieillissement est un processus continu et progressif d’altération naturelle qui commence tôt dans l’âge adulte. Au début de l’âge mûr, de nombreuses fonctions corporelles, cognitives et psychologiques peuvent commencer à décliner progressivement.

Vieillir et conserver un bon état de santé général nécessite d’adopter certaines habitudes saines. À savoir : 

  • ​Suivre un régime alimentaire équilibré
  • Pratiquer de l’activité physique (même douce comme la marche) régulièrement
  • ​Rester actif en maintenant des activités sociales.

Plus nous développons ces habitudes tôt, mieux c’est. Le passage à la “retraite” est un point d’étape et l’occasion de rappeler les bons gestes et les habitudes de vies à adopter.

Vous êtes médecin. Est-ce votre expérience qui vous conduit à formuler ces propositions ?

Fortement sensibilisé par le vieillissement du fait de mon exercice professionnel et d’élu local, j’ai pu constater que le plus terrible pour les personnes âgées pouvait être l’isolement social.

Qu’est-ce que les régimes de "care"?

Vivre aussi bien que possible!

Le "care" aux aînés nécessite de "prendre soin" des personnes qui se trouvent dans l’incapacité d’effectuer des activités de la vie courante (Henrard, 1992). On peut le concevoir comme constituant un "régime" (Bettio, Simonazzi & Villa, 2006) parce qu’il est fondé sur une articulation systématique entre des pratiques institutionnelles, organisationnelles et individuelles (au niveau familial) qui ont toutes en commun d’avoir un impact direct sur la façon dont l’aide et les soins à domicile à l’égard de personnes âgées sont fournis. Ce régime couvre les soins paramédicaux, les soins personnels, les tâches domestiques et l’accompagnement social.

Pourquoi préconisez-vous un parcours de prévention pour favoriser l’autonomie des personnes âgées, s’inspirant du modèle de la petite enfance ?

Le vieillissement est physiologique et non pathologique. Le grand âge nécessite un accompagnement des actes quotidiens de la vie, du logement, des aidants et une aide pour lutter contre la solitude.

L’accompagnement doit commencer tôt, par des démarches de prévention primaire (habitudes de vie), secondaire (surtout prendre en soins certains facteurs de risques), tertiaire une fois que les maladies sont déclarées voire quaternaire pour éviter la iatrogénie (entraînée par la prise de nombreux médicaments), ceci ​dès la retraite ​afin d’anticiper l’entrée inévitable (et souhaitable) en bonne santé dans le grand âge.

La question du maintien de l’autonomie dans les âges avancés de la vie se rapproche de celle de la prise en charge des enfants. Dans les deux cas, il est question de dépendance, d’aide et de soins, de care,​ mais aussi de répartition de la charge entre proches, parents et société (collectivités territoriales, systèmes de protection sociale, Etat).

Nous devons nous inspirer d’un modèle qui a fait la preuve de son efficacité : la politique petite enfance.

Le parcours “petit enfance” se caractérise par une prise en charge dès les premiers jours avec l’existence de visites médicales obligatoires, la présence de personnels qualifiés et certifiés, des modes de garde diversifiés (domicile et équipements) et des aides aux familles (congés parentaux, enfants malades ...)

Comment parvenir à une autonomie du grand-âge ?

Le maître mot est la prévention.

Il nous faut reculer au maximum la perte d’autonomie et ainsi la prise en charge de la personne en perte d’autonomie. Parcours durant lequel la personne devra être considérée comme une personne citoyenne.

Le vieillissement n’entraîne pas systématiquement des dépendances lourdes : les chercheurs s’accordent pour constater que le déclin de l’autonomie ne concerne qu’une minorité de personnes très âgées.

Et souvent il ne résulte que de l’inadéquation entre les capacités de l’individu âgé et son environnement. Une large fraction des citoyens à cheveux blancs reste autonome.

Ces constats amènent à une conclusion évidente : il est plus intéressant d’axer les mesures d’accompagnement autour du "bien vieillir", c’est-à-dire préparer, pour tous, le meilleur avenir possible. Par exemple en permettant aux aînés de rester aussi longtemps que possible en bonne santé, actifs et autonomes avec la meilleure qualité de vie.

La perte d’autonomie est plus souvent évolutive que brutale ; elle peut être freinée, voire évitée, moyennant des actions médicales, techniques, humaines mais aussi environnementales et de manière générale grâce à ​des actions de prévention ciblées, coordonnées et dès la retraite, voire plus tôt.

La prévention pour le grand âge doit être organisée pour que les citoyens puissent identifier clairement leur interlocuteurs et un parcours de prévention grand-âge.
Pour cela il est nécessaire d’organiser :

  • la gouvernance de la prévention grand-âge,
  • clarifier les missions de chacun,
  • définir les responsables,
  • désigner l’opérateur afin que les familles puissent l’identifier,
  • son financement.

Le souhait de "rester chez soi" induit des aménagements de l’habitat et un accompagnement par des personnels compétents et reconnus ?

Il existe deux voies "classiques" offertes aux personnes âgées, que sont le maintien à domicile et l’hébergement institutionnel. Il serait plus judicieux de considérer un véritable continuum entre ces deux états, ménager des transitions douces pour éviter les ruptures et promouvoir la qualité de vie.

Objectif : favoriser le "chez soi" le plus longtemps possible et anticiper l’hébergement "au moment opportun".
Au niveau des politiques publiques, il faut favoriser les villes ou quartiers "amis des aînés" en mettant en place des politiques publiques transversales afin d’assurer l’articulation entre le logement, les espaces extérieurs, l’accès aux services et les mobilités des aînés.

Vieillir dans des conditions qui favorisent l’autonomie, le bien-être et la participation implique de prendre en compte l’environnement grâce à des logements adaptables, situés dans des environnements favorables avec des services adaptés, bien desservis par les transports en commun.

Comme le préconise le rapport Libaul​t, promouvoir l’habitat alternatif est une des priorités :

  • La personne âgée doit se sentir "chez elle" quel que soit son lieu d’habitation,
  • Être en capacité de proposer des solutions individuelles et adaptées à la situation de la personne avec des recommandations d’évolution de son lieu d’habitation.
  • Développer des formes alternatives au logement individuel et de financement.

Aujourd’hui, les métiers d’aide à domicile sont déconsidérés. Quels sont les enjeux de formation et de reconnaissance de cette filière ?

Reconnaître financièrement et rendre plus attractifs les métiers qui demandent un vrai professionnalisme en :

  • Créant une filière "vieillissement", sanitaire et médico-sociale, en miroir à la filière infantile (puéricultrices, animateurs jeunes enfants, pédiatres, psychologues...), et non plus uniquement des aides de vie (EVS) qui ne peuvent envisager aucune évolution de poste
  • Structurant les interventions à domicile (administration de médicament, toilettes..) via une formation diplômante pour les personnels
  • Coordonnant les interventions à domicile avec les soins infirmiers (SAD/SIAD). Favorisant les temps collectifs et mieux valoriser les savoirs professionnels
  • Faisant évoluer les compétences et les formations pour préparer les professionnels aux nouvelles attentes.

Pensez-vous qu’au-delà de son approche sociale ces propositions pourraient favoriser la croissance ?

L'accompagnement des personnes âgées va demander la création de nombreux emplois, services et technologies qui ne peuvent qu’être favorables à l’économie !

Thématiques associées

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos cÎtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par