Alice Le Moal : « Les personnes qui vivent la précarité mettent en œuvre des trésors d’énergie et de créativité pour s’en sortir »

Alice le Moal

Dimanche dernier avait lieu la journée mondiale des pauvres. L’occasion de revenir, avec Alice Le Moal, conseillère départementale des Hauts-de-Seine et Secrétaire générale adjointe du Mouvement Démocrate, sur les enjeux de lutte contre la pauvreté qui sont devant nous.

Mouvement Démocrate - La crise a fait bondir le nombre de personnes vivant en situation de précarité. La fondation Abbé Pierre indique qu’aujourd’hui 300 000 personnes sont sans domicile fixe, quand le secours Catholique prévoit cette année que 10 millions de personnes vivront en précarité. Comment répondre à ce défi ?

Alice Le Moal - Rappelons d’abord qu’en 2018, les dépenses de protection sociale s’élevaient à 787,1 milliards d’euros, soit 33,5 % du PIB. La France est le pays européen qui consacre l’effort le plus important, en part de produit intérieur brut (PIB), à la protection sociale de ses habitants. Pour autant, en effet, le nombre de personnes en précarité augmente.

Ainsi la crise a conduit le gouvernement à faire évoluer ses priorités :

  • Soutenir le pouvoir d’achat des personnes précaires et modestes en leur apportant un accompagnement au quotidien ; 
  • Favoriser la sortie de la pauvreté en développant les solutions d’insertion et d’activité pour les personnes sans emploi ;
  • Assurer des conditions de logement et d’hébergement adaptées ;
  • Prévenir les impayés de loyers.

Plus et mieux on aide les personnes en précarité, mieux elles retrouveront le chemin de l’emploi et la stabilité. La stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et sa mise en œuvre dans les territoires constitue une partie de la réponse, mais elle reste insuffisante.

Toutes les personnes éligibles aux minima sociaux y ont-elles accès ?

L’immense majorité des personnes qui vivent la précarité mettent en œuvre des trésors d’énergie et de créativité pour s’en sortir. Je crois en revanche que le renforcement de l’accès aux droits est fondamental et l’enjeu du non-recours au droit reste un vrai défi sur lequel il faut que nous progressions collectivement. Une partie des personnes qui auraient droit à des minima sociaux ne les sollicitent pas, soit par méconnaissance sur les dispositifs existants, soit du fait du coût et de la complexité d’accès à ces aides, soit en raison de l’effet stigmatisant du recours à des aides sociales.

Une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (la Drees) de juin 2020 relevait assez justement les « enjeux politiques forts à l’établissement d’une « juste prestation », une prestation qui ne soit ni « versée » à tort (indus dont fraude), ni « non versée » à tort (ce qui inclut les situations de non-recours). Des enjeux de justice sociale, en premier lieu, dans un monde où les personnes les plus vulnérables sont souvent celles qui méconnaissent le plus leurs droits ou la manière de trouver leur chemin dans le système. Mais aussi des enjeux de coûts administratifs, des enjeux pour les personnes, des enjeux en matière de confiance dans les institutions. »

Les Sénateurs ont d’ailleurs adopté la semaine dernière, dans le cadre du projet de loi de finance de la sécurité sociale, un amendement visant à garantir aux personnes qui sont éligibles à certains droits sociaux de pouvoir effectivement en bénéficier.

Quel rôle pouvons-nous chacun jouer en cette période pour aider les personnes qui en ont le plus besoin ?

Les pouvoirs publics doivent rester mobilisés aux côtés des associations – plus de 100 millions d’euros ont été votés en septembre pour la période 2020-2022 en faveur de secteur associatif.

Je crois que les pouvoirs publics, l’État et les collectivités, avec le monde associatif, font beaucoup, mais que chacun d’entre nous pouvons agir là où nous sommes, et que nous devons tous nous sentir concernés. Cela peut passer par des dons financiers ou en nature à des associations : par exemple, les besoins en produits pour bébé sont très importants car très onéreux et indispensables aux foyers modestes avec enfants en bas âge. Cela peut passer par des engagements ponctuels ou dans la durée.

La bonne nouvelle dans ces sombres constats est que les dons aux associations ont augmenté de 22% au premier semestre 2020, ce qui souligne la générosité des Français.

A un moment où une partie des Français épargne beaucoup, l’épargne solidaire constitue une réponse concrète et un très beau levier pour agir. Il existe de plus en plus de propositions, souvent méconnues du grand public.

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