Covid-19 - Pour Philippe Berta, député du Gard et généticien : "le vaccin doit nous permettre de reconquérir notre liberté"

Philippe Berta est généticien et député du Gard. Selon lui, si les recherches pour trouver le vaccin contre la Covid-19 ont été un véritable triomphe, notre liberté retrouvée dépend maintenant de la logistique de la stratégie vaccinale et de l'effort de pédagogie envers les populations.

Mouvement Démocrate - Quelle est selon vous la meilleure stratégie à aborder pour maximiser nos chances de vaccination ?

Philippe Berta - La stratégie vaccinale française, si elle a connu quelques tâtonnements au démarrage, répond aux bonnes priorités. Le choix de vacciner en premier les populations les plus vulnérables et les professionnels de santé va dans le sens des trois objectifs qui se doivent d’être les nôtres: réduire les formes graves et la mortalité, protéger nos soignants et garantir la sécurité des vaccins.

Notre stratégie est également celle de l’accessibilité, avec une multiplicité de lieux de vaccination et la gratuité pour tous. Une universalité indispensable pour qu’en France, chacun ait les mêmes chances face au virus, le même accès à une protection de sa santé, dans la droite ligne des principes fondateurs de notre sécurité sociale.

Il nous faut maintenant accélérer et vacciner le plus rapidement et massivement possible, dans la seule limite du nombre de doses de vaccin disponibles, pour entre autres ne pas risquer d’autres mutations encore plus délétères.

Qu’est-ce qui a permis d’accélérer la recherche vaccinale et de financer les essais cliniques sur un large panel d’individus ? 

Une course contre la montre a été engagée par les scientifiques, course facilitée dans les étapes initiales. En effet, la partie plus fondamentale sur la nature du virus, le mode d’entrée dans nos cellules par l’intermédiaire de la protéine S ou spike virale avaient été élucidée dès le début des années 2000 suite aux deux épidémies à coronavirus, celle du SRAS et celle du MERS. Les techniques de séquençage haut débit ont vite permis d’en établir la fiche d’identité et cela simultanément aux quatre coins du globe.

Ce sont alors quelques 250 recherches vaccinales qui se sont déployées, associant toutes les stratégies possibles, du virus inactivé en passant par la protéine virale comme antigène, la plateforme virale avec gènes du Covid-2 intégrés ou encore l’utilisation d’acides nucléiques ADN ou ARN. Si cette dernière technique a été encore peu utilisée, elle est cependant le résultat de plus de vingt années de recherche. Il s’agit plus particulièrement de l’ARN messager codant la protéine S du virus. Produit par synthèse chimique, enrobé de lipides pour le protéger de la dégradation et permettre sa meilleure pénétration dans nos cellules, il induira, après traduction en protéine S, les anticorps protecteurs correspondants. Notre corps ainsi entrainé à identifier cette dernière, la bloquera, détruira le virus et nous protégera ainsi de l’infection et de la pathologie.

Ces données ont vite quitté le monde de la recherche fondamentale pour être développées par des entreprises de biotechnologie, des biotechs comme l’on dit, qui ont finalisé cette innovation de rupture pour enfin s’associer avec de grands groupes pharmaceutiques seuls aptes à financer des essais cliniques sur des dizaines de milliers d’individus, à assurer la bio-production de centaines de millions de doses vaccinales et à assurer la distribution.

Ces dernières étapes ont été réalisées en collaboration étroite avec les cliniciens et avec les agences d’évaluation pour attester de la rigueur des études menées et des résultats obtenus, le tout mis en libre accès sur les réseaux dès le début, et publié dans les plus grandes revues scientifiques très dernièrement.

Quelles sont selon vous les conditions de mise sur le marché des vaccins ? Aujourd’hui, les vaccins sont-ils à 100% fiables ?

Les essais cliniques ont été réalisées en collaboration étroite avec les cliniciens et avec les agences d’évaluation pour attester de la rigueur des études menées et des résultats obtenus, le tout mis en libre accès sur les réseaux dès le début, et publié dans les plus grandes revues scientifiques par la suite. Sachons aussi que les conditions de mise sur le marché des vaccins sont renforcées par rapport à celles des autres médicaments. La réglementation européenne impose un contrôle qualité de 100% des lots de vaccins avant leur mise sur le marché.

Les résultats de l’essai ont été décrits par les experts non pas comme un succès mais comme un véritable triomphe ! La seule incertitude vient de la durée de l’immunité ainsi acquise, qui bien sûr ne peut pas encore être attestée au-delà de cinq mois. Il nous reste aujourd’hui à tirer profit de ce succès extraordinaire en relevant le challenge logistique, dernier verrou pour reconquérir notre liberté.

Comment redonner confiance à la population pour se faire vacciner ?

Le retour à la normalité sera clairement lié à notre capacité vaccinale pour prévenir la pathologie et limiter la propagation de l’infection. Cette vaccination devra se faire dans le cadre de la confiance et de la transparence. Le choix du Pr Alain Fischer, le choix d’un conseil d’orientation sur la stratégie vaccinale ou encore le suivi d’éventuels effets indésirables publié chaque semaine par l’intermédiaire de centres de pharmacovigilance régionaux en seront le gage.

Le vaccin n’est pas obligatoire et il nous faut donc, en parallèle, être les porteurs d’une grande pédagogie, faire en sorte que se mette en place une communication la plus horizontale possible associant tous les acteurs de la filière santé dès que possible.

La course aux vaccins ne nous amène-t-elle pas à questionner notre filière santé actuelle et à la repenser ?

La crise sanitaire interroge notre filière santé sur bien des aspects :

  • Mettons-nous suffisamment de moyens dans notre recherche en santé ?
  • L’organisation de cette dernière ne doit-elle pas être repensée pour plus d’efficience? 
  • La collaboration publique-privée ne doit-elle pas être plus encouragée ?
  • N’est-il pas temps de penser un fond d’investissement capable d’accompagner les biotechs dans leur développement en ETI, plutôt que de voir partir le produit de notre recherche à l’étranger, par incapacité de financement des essais cliniques ?
  • Notre industrie a-t-elle suffisamment intégré dans son fonctionnement les fondamentaux de l’innovation ouverte ?
  • Nos structures d’évaluation sont-elles suffisamment performantes, des moyens mis à disposition des comités de protection à la personne jusqu’au délai d’instruction du comité économique des produits de santé ?

Enfin, l’émergence de termes tels PCR, RT-PCR, ARN messager, virus recombinants, immunité cellulaire et humorale, immunité collective ou encore anticorps neutralisants dans le discours grand public nous montre aussi l’urgence d’une politique de culture scientifique et technologique ambitieuse à destination de notre population, meilleur moyen de tordre le cou aux inepties populistes et complotistes dont certains médias se font le relai.

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