Offensive militaire turque dans le Nord-Est syrien

Marielle de Sarnez

Retrouvez l'édito de Marielle de Sarnez, Présidente de la Commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale et Première Vice-Présidente du Mouvement Démocrate. 

L’offensive militaire turque dans le Nord-Est syrien, rendue possible par le désengagement militaire de Donald Trump dans la zone frontière, pose à la France et à l’Europe des questions essentielles pour leur sécurité. 

Défait territorialement, Daech n’est pas, loin s’en faut, réduit à néant. Son idéologie existe toujours. Son organisation continue, sous des formes nouvelles, de représenter une menace lourde dans la région. Les groupes djihadistes peuvent frapper à tout moment et n’importe où. Au Levant, mais aussi au Mali, où la France et ses alliés payent un lourd tribut. Depuis le début de l’opération Barkhane, 28 soldats français sont morts et plus encore de soldats maliens frappés par des attentats dont le dernier qui a fait 49 morts. Cette menace pèse aussi sur l’Europe.

Nous devons donc être en capacité de répondre et d’agir avec une efficacité redoublée et une ténacité qui exclut d’être à la merci de la défaillance de l’un de nos partenaires. Les évènements récents en Syrie nous apprennent que certains de nos alliés ont failli à la solidarité que l’on attendait d’eux : les États-Unis en décidant sans concertation de quitter la coalition internationale contre l’État islamique, et la Turquie en menant une offensive contre les Kurdes, rompant ainsi sans préalable les liens et la concertation qui l’obligent à l’égard de ses partenaires de l’OTAN. 

Cette double initiative, contraire à nos intérêts vitaux, est lourde de sens. Elle pose des questions de profondeur qu’il faut désormais prendre à bras le corps. Il y a d’abord celle de l’OTAN dont les objectifs et les finalités stratégiques nés de la guerre froide, à peine remaniés, nécessitent débat. Comme nécessite débat son mode de fonctionnement avec des États dont le comportement est en contradiction avec des valeurs et des principes communs. Il y a aussi, au cœur du sujet, le désengagement des États-Unis en Europe, énoncé par Donald Trump, mais inscrit dans le choix stratégique américain depuis une dizaine d’années. Nous devons enfin nous interroger sur nos rapports avec la Russie et la Chine dont les rôles militaires et diplomatiques se sont affirmés et affermis. 

Tout ceci est une tendance lourde. Elle pose avec acuité la nécessité d’accélérer la constitution d’une défense européenne autonome, adossée à une diplomatie commune assumée. L’Europe de la défense avance autour de dix États qui ont rapproché leurs états-majors et partagent leurs analyses et leurs savoir-faire. Au Sahel par exemple, ce sont plusieurs pays européens qui contribuent, par leur appui logistique, aux côtés des forces françaises à sécuriser la zone. Souhaitons que l’opération militaire turque et ses conséquences permettent une accélération du processus, vers une meilleure coopération. Y compris avec le Royaume-Uni. L’esprit du Traité de Lancaster House doit être préservé et un partenariat durable, au service de notre sécurité collective et de nos intérêts vitaux, mis en œuvre. 

On le pressent depuis plusieurs années : les rapports de force et les équilibres du monde sont en pleine mutation et ceux de l’après-guerre s’estompent inexorablement. La France et l’Europe, si elles veulent peser demain, doivent bâtir une défense et une diplomatie communes, dignes de ce nom. Elles ont, le mot n’est pas faible, rendez-vous avec leur destin. 

En savoir plus dans la lettre d'information de Marielle de Sarnez 

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