L'analyse de Michel Barnier

Michel Barnier, chef de la force organisationnelle ,chargé des négociations avec le Royaume-Uni pour préparer sa sortie de l’Union européenne et les relations à venir entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, mesure toute la gravité de ce moment pour l’Europe. Pour nous, dans une semaine tendue, dense en négociations, il a dialogué avec les internautes de Cité Démocrate. Notre président François Bayrou, ami de longue date, a pris part à l’échange, sur un sujet essentiel : les conséquences du Brexit et les perspectives pour l’Union européenne.

Michel Barnier est un homme d’énergie et de conviction. C’est la figure du général de Gaulle qui a déterminé son engagement en politique. Sportif accompli, très bon skieur, ami de Jean-Claude Killy, Michel Barnier possède des qualités de négociateur accompli : le courage la droiture, la fermeté.

C’est Rebecca Breitman, conseillère municipale de Strasbourg, conseillère de l’Eurométropole de Strasbourg, présidente du Mouvement européen Alsace, qui anime la conservation, relayant les nombreuses questions des internautes. En octobre 2016, Michel Barnier a repris du service à Bruxelles, d’abord pour conduire les négociations du Brexit au nom de l’UE, puis depuis le début de l’année pour négocier les bases des relations futures avec le Royaume-Uni. Pour l’Europe, le départ du Royaume-Uni est un choc et il s’agit d’en contrôler, autant que possible, les conséquences. Il y a là une forme de divorce : l’Angleterre a fait le choix, libre, de devenir solitaire plutôt que d’être solidaire. Ce choix, l’UE le regrette, mais le respecte. Depuis quatre ans, avec patience, ténacité, respect, Michel Barnier s’attelle à tout mettre en œuvre pour que limiter les conséquences du Brexit. Personne – pas même des Brexiters acharnés comme Nigel Farage – n’est capable de montrer, en effet, la valeur ajoutée du Brexit.

Il faut distinguer deux phases du Brexit : un Brexit institutionnel, et un Brexit économique, qui pose la question des relations à instaurer avec le futur pays tiers.

Le Brexit institutionnel a donné lieu à un traité de près de 600 pages, où il s’agissait notamment de sécuriser les droits des personnes. Il faut aussi organiser le divorce financier, en s’assurant que ce qui est décidé à 28 sera bien payé à 28.

L’une des conséquences les plus graves, c’est la situation de l’Irlande. Depuis le Good Friday Agreement, la paix est revenue, mais à cause du Brexit, la limite passe désormais au milieu de l’île. Or, Boris Johnson vient de remettre en cause l’accord de retrait, de manière incompréhensible. Ursula von der Leyen a fait état, dans son récent discours, de la vive inquiétude européenne : les traités doivent être respectés. Nous avons pour obligation de contrôler les produits qui rentrent en Irlande. Un produit n’entre pas seulement en Irlande, mais dans le marché unique, s’il n’y a pas de frontière. Nous devons absolument protéger nos consommateurs, nos budgets, nos industriels contre le risque de contrefaçon. Avec le Royaume-Uni ont été décidé des contrôles techniques, douaniers, les plus précis possible.

Le divorce institutionnel et politique est maintenant réalisé. La deuxième étape, au 31 décembre, c’est la sortie du marché unique et de l’union douanière. Le Royaume-Uni sortira-t-il avec ou sans accord ?

A ce moment des échanges, François Bayrou apparaît à l’écran et salue amicalement Michel Barnier : « Michel, lui dit-il, tu es en charge de la question peut-être la plus dangereuse pour notre avenir. Il y va de la nature de l’Union, de sa solidité. » François Bayrou mesure la gravité, non seulement de la décision prise par le Royaume-Uni, mais des dernières annonces de Boris Johnson. Aussi assure-t-il son plein soutien à son ami, pour ces négociations âpres. Michel Barnier, en écho, souligne qu’il est important de bâtir une relation entre l’UE et le futur pays tiers. Il est convaincu que nous devons avoir une relation de coopération avec le Royaume-Uni pour le moyen et le long terme. Car, derrière tout cela, pointe une question plus grave : l’idée que nous nous faisons de l’Europe. A l’extérieur de l’Union, mais aussi à l’intérieur, des forces agissent pour la détruire. Nigel Farage, il y a quelques années, avait frontalement répondu à une question de Michel Barnier sur l’avenir des relations avec l’Union : « Après le Brexit, l’Union européenne n’existera plus. » Tous les Brexiters ne pensent pas ainsi, mais certains ont réellement pour projet de détruire l’un des plus beaux projets politiques qui aient jamais existé.

Les internautes interpellent Michel Barnier sur l’avenir des échanges culturels, de la vie étudiante avec l’Angleterre. C’est l’un des points discutés depuis 6 mois : sur les 11 tables de négociations, l’une porte sur les négociations sur les programmes ouvertes à des pays tiers – comme l’est la Suisse.  Le cadre sera différent, mais la coopération universitaire et étudiante se poursuivra. Quant à la pêche, c’est là un sujet grave, sur lequel les négociations ne progressent pas. Il nous faut un accord sur la pêche, un paquet économique – ou level playing field- et, pour l’instant, ce n’est pas le cas.

Sur le non-respect du traité, notamment dans le domaine de la pêche, Michel Barnier s’exprime fermement, avec clarté : nous ne pourrons pas mettre en place un second traité si le premier n’est pas respecté. Nous ne nous laisserons pas impressionner.

Interrogé sur la forme politique de l’Union, Michel Barnier confie qu’il se méfie des grands mots. Il a toujours évité d’enfermer l’Europe dans un mot. S’il connaît la fibre fédéraliste du Mouvement Démocrate, il emploie volontiers, pour sa part, le mot « mutualisation ». François Bayrou apprécie également ce terme. On met ensemble, mais sans gommer les différences. Et, pour Michel Barnier, l’identité nationale n’est pas un gros mot. Nous voulons une Europe unie, mais pas uniforme.

Michel Barnier rappelle que, pour être pragmatiques, nous pouvons, cependant, faire montre d’ambition. Gaulliste, il ne s’est pas engagé en politique pour voir son pays devenir un sous-traitant. Au rythme de l’évolution économique des uns et des autres, tous les dix ans, l’un des quatre pays européens sera éjecté du G8. En 2050, il n’en resterait plus qu’un, l’Allemagne.

François Bayrou fait remarquer l’importance de la Banque Centrale Européenne. Où en serions-nous aujourd’hui si la Banque Centrale Européenne n’existait pas, si elle ne nous avait pas protégés ? Nous aurions une monnaie nationale qui serait l’objet de spéculations immenses.

La finance mondiale, voilà un sujet, reconnaît Michel Barnier, qui nous laisse méditer sur une phrase de Pierre-Mendès France qu’il garde toujours à l’esprit : « Ne jamais sacrifier l’avenir au présent. »

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