Création audiovisuelle, une question d’ambition européenne

Laurence Farreng
(©  © Charles Coudoré)

La députée européenne Laurence Farreng signe une Tribune dans L'Opinion pour une action de l'Europe en faveur du secteur de la production audiovisuelle, particulièrement affecté par la crise. 

Lire l'ensemble de la tribune sur le site de L'Opinion

Alors que les plateformes de vidéo à la demande américaines (SVOD) décuplent leurs profits, dopées par les effets de la pandémie, les secteurs culturels européens, et parmi eux la production audiovisuelle, vivent une crise terrifiante. Les productions sont au ralenti, et les cinémas désertés pour un temps indéfini. Dans ce contexte, nous devons agir, non seulement lutter contre l’effondrement du secteur mais pour le rendre incontournable dans un nouvel ordre mondial du cinéma et de la fiction.

Notre arme pour la création audiovisuelle existe, c’est un texte voté au Parlement européen en 2019, la directive Services de médias audiovisuels. Ce texte qui devait être transposé par les Etats membres avant fin septembre 2020 subit lui aussi les effets de la Covid. En France, il doit être adopté sous forme d’ordonnance, pour une application effective tout début 2021.

Ce texte prévoit la présence d’un minimum de 30% d’œuvres européennes dans le catalogue des plateformes, et surtout la possibilité pour les Etats membres d’exiger que les SVOD diffusant sur leur territoire investissent dans des productions locales. Les premiers chiffres avancés sont de l’ordre de 25% du chiffre d’affaires réalisé par le diffuseur en France, un montant conséquent mais pas encore acquis.

C’est une manne, encore faut-il être en mesure de fournir. Et pour cela, il est nécessaire de réunir et financer au plus vite toutes les forces vives que constituent les auteurs, scénaristes, réalisateurs, producteurs, et de relancer la production pour capter les fonds mobilisables.

Enjeu supplémentaire : les productions britanniques sont à ce jour incluses dans les quotas. Qu’adviendrait-il en cas de Brexit sans accord ? Les productions britanniques sont majoritaires dans les productions européennes et si le volume et la qualité de ses œuvres sont avérés, on ne peut laisser la porte ouverte aux Britanniques sans règles, et alors même qu’ils coproduisent majoritairement avec les Etats-Unis.

Pour l’Europe, c’est une raison de réarmer en urgence son industrie créative du cinéma et de la fiction. Nous sommes le continent qui a inventé le cinéma, nous avons un patrimoine de studios et de décors naturels uniques, les festivals de cinéma les plus prestigieux. Nous disposons également aux quatre coins de l’Europe de grandes écoles du cinéma, et donc de professionnels reconnus.

Tout est là mais nous manquons de vision et de coordination à l’échelle européenne. Certes, c’est un sujet qui relève de compétences nationales mais les Vingt-Sept ont-ils réellement conscience de leur puissance en la matière ? A ce jour, l’ambitieux plan de relance européen ne mentionne pas la culture. Les députés européens l’ont relevé et voté massivement une résolution pour la relance de la culture qui demande la sanctuarisation d’un budget dans les plans nationaux, la transposition des textes protégeant le droit des auteurs et un soutien à la création.

Les résolutions du Parlement restent des recommandations et il va falloir veiller à ce que la Commission et les Etats membres donnent suite. A ce jour, l’Allemagne, l’Italie et la France ont lancé des plans de relance pour la culture et la France s’est particulièrement illustrée en y consacrant de 2% de son plan national.

Mais si l’argent fait beaucoup, il n’est pas tout. La question reste celle du projet à l’échelle des Vingt-Sept. Les axes de travail ne manquent pourtant pas : un programme massif de coproductions pouvant doper le catalogue des œuvres européennes et ré-irriguer les salles ; l’investissement dans les compétences artistiques, techniques et notamment numériques à l’échelle du continent, l’harmonisation sociale dans ce secteur où trop de précarité nuit à l’affirmation d’une filière. Ce sont des premières pistes, il faut les envisager sérieusement. Il en va de notre influence culturelle mais aussi de l’affirmation de nos intérêts face aux géants du numérique.

Laurence Farreng, membre du MoDem, est députée européenne et appartient au groupe centriste et libéral Renew Europe.

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