Emmanuel Mounier, la personne au centre

Mounier
(© DR)

Dans la pensée centriste, le personnalisme d'Emmanuel Mounier occupe une place particulière. Une affinité véritable relie le Mouvement Démocrate à l'intuition forte de Mounier : dans la société, l'individu ne suffit pas, c'est la personne qu'il faut considérer.

Il y a chez Emmanuel Mounier quelque chose de spécial, un magnétisme et une faculté d'entraînement. Dès ses années de jeunesse, le philosophe exerce ensemble la pensée et une force agissante qui le porte à convaincre les autres de le suivre. Vers où ? Le jeune homme est frappé par le vide spirituel de son époque. Il ressent comme un devoir d'espérance. Catholique, animé par la foi, Emmanuel Mounier vient d'une famille de paysans du Dauphiné. Enfant, légèrement handicapé d'une oreille et d'un œil, Emmanuel s'est tourné avec passion vers les études. Donner du sens lui semble primordial. Or, jeune catholique, il estime que l'Eglise porte une part de responsabilité importante dans la crise de l'époque. Aussi milite-t-il pour une refonte spirituelle du pays, qui s'appuierait sur des valeurs humaines essentielles.

D'une certaine façon, dans sa jeunesse, Emmanuel Mounier appelle à un réveil spirituel et à une forme de révolution. Mounier imagine une société nouvelle, qui ne serait plus centrée sur le seul individu, élément isolé parmi les autres. Au centre, on placerait la "personne", engagée dès sa naissance dans une communauté. La société est dans l'homme autant que l'homme est dans la société.

En 1932, Emmanuel Mounier crée la revue Esprit, dont le premier congrès a lieu à Font-Romeu. La ligne politique de la revue, claire et constante, tient dans une opposition à toutes les formes de fascisme. Staline, Hitler, Franco, Mussolini s'y trouvent dénoncés avec force. Pendant la guerre, le jeune philosophe engagé devient résistant.

A son retour, il fonde la communauté des Murs blancs, à Châtenay-Malabry, avec un groupe d'intellectuels fidèles, séduits par un projet à la fois utopique et réaliste : vivre, dans une campagne légèrement à l'écart, entre philosophes pour élaborer ensemble, dans une effervescence de pensée, des idées nouvelles pour l'avenir. Méditer face à la nature, en quelque sorte, dans une compagnie choisie. Pas moins de 6 familles le suivent dans l'aventure : la sienne, les Fraisse, les Domenach, les Marrou, les Baboulène, et plus tard les Ricœur. Léa et Hugo Domenach, petits-enfants de l'écrivain et journaliste Jean-Marie Domenach, ont retracé dans l'ouvrage Les Murs Blancs (Grasset, 2021) la singularité de cette aventure intellectuelle et humaine.

Au départ, l'idée était de créer une communauté éducative, où les plus fragiles puiseraient courage et spiritualité. Emmanuel Mounier souhaite notamment s'occuper au mieux de sa fille, lourdement handicapée. Finalement, l'enfant ne vivra pas dans les Murs Blancs, mais dans une institution dans la montagne grenobloise. Le grand projet se précise in situ : il s'agit de vivre et de penser ensemble, pour nourrir la revue Esprit de voix plurielles et qui s'accordent par la discussion. La guerre d'Algérie, la décolonisation, la lutte contre le totalitarisme communiste, l'espoir européen, sont autant de combats menés par le groupe.

La demeure de Châtenay-Malabry abrite le petit cercle d'initiés, qui perdure après la mort d'Emmanuel Mounier en 1950. Au fil des générations, viennent se joindre au groupe de nouveaux venus, invités : Jacques Julliard, Ivan Illich, Chris Marker ou Jacques Delors fréquentent ainsi le lieu. Jusqu'au jeune Emmanuel Macron, qui vient rendre visite à Paul Ricœur lorsqu'il l'assiste pour son livre La Mémoire, l'histoire, l'oubli (2003).

Homme de compromis et de dialogue, Emmanuel Mounier est persuadé que la société ne peut se régénérer dans le conflit. Toujours, il recherche l'apaisement, le consensus. Esprit fait ainsi entendre le désir de rapprochement et d'amitié entre la France et l'Allemagne, l'espérance vive pour l'Europe. Jusqu'au bout, Emmanuel Mounier s'efforce aussi de faire dialoguer entre elles les instances religieuses, œuvrant pour une modernisation de l'Eglise. Sur le plan politique, Emmanuel Mounier refuse le simplisme du capitalisme comme du marxisme, préférant les nuances d'une troisième voie médiane.

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