Réforme territoriale: "il faut un référendum le plus vite possible"

Yves Thréard : Bonjour Marielle de Sarnez, pour commencer nous allons parler de l’intervention de François Hollande ce matin chez Jean-Jacques Bourdin…

Marielle de Sarnez : Notons que François Hollande n’a pas parlé d’Europe un seul instant ! 

Y.T : C’est exact. Mais l’avez-vous trouvé convaincant ? 

MdS : Non je ne l’ai pas trouvé convaincant. 

Y.T : Pensez-vous, comme le Président, que l’offre de General Electric est inacceptable ? 

MdS : Je suis en faveur d’une offre européenne sur l’énergie, c’est vital. 

Y.T : Le droit de vote des étrangers est toujours à l’ordre du jour de François Hollande, a t’il raison ? 

MdS : Je pense que ce sujet n’est pas d’actualité. 

Y.T : François Hollande a commis une faute en ne parlant pas des européennes ce matin ? 

MdS : C’est la responsabilité du Président de la République Française devant les Français, il doit dire que l’horizon naturel du pays c’est l’Europe. Il doit présenter sa vision de l’Europe et la place que la France doit avoir dans l’Europe que nous allons construire ensemble.

Y.T : Les conseils généraux ont vécu, on divise le nombre de régions par deux et les élections régionales repoussées à 2016. Qu’en pensez vous ? 

MdS : C’est le seul point d’accord que j’ai avec François Hollande ce matin. Avec François Bayrou nous le disons depuis très longtemps qu’il faut fusionner les conseils généraux avec les régions. Nicolas Sarkozy ne l’a pas fait, alors si François Hollande… 

Y.T : Il ne l’a pas fait parce que les élus étaient contre !  

MdS : Ce n’est pas une fatalité ! Le chef de l’Etat doit avoir un peu de courage. Le risque étant que cela soit une mesure dilatoire pour nous annoncer plus tard que la réforme est annulée ou reportée. Je ne suis pas contre l’idée qu’on repousse les élections régionales encore faut-il que les belles paroles se concrétisent par de vraies réformes. Au MoDem, nous seront d’accord et si les élus ne le sont pas, il y a une manière simple de faire passer la réforme, c’est le référendum. 

Il y a un an et demi, nous avions déjà proposé qu’un référendum de la moralisation de la vie publique et une réduction du nombre de parlementaires pour une démocratie plus efficace. 

Y.T : Suppression des départements, c’est un changement constitutionnel. 

MdS : Il faut qu’on évolue. Il doit y avoir un niveau de proximité communal à travers la figure du maire, un niveau d’aménagement du territoire au niveau régional, ensuite la France et enfin l’Europe. 

Y.T : Un référendum oui, mais quand ? 

MdS : Soit il y arrive par la méthode consensuelle et si blocage il y a, il faudra un référendum.  

Y.T : L’année prochaine par exemple ? 

MdS : Oui, le plus vite possible. Profitons en aussi pour aborder la question de la représentation des sensibilités au Parlement. Au MoDem, nous demandons un Parlement qui ressemble à la France, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Nous sommes les seuls en Europe à pratiquer ce mode scrutin. Il faut un système qui reste majoritaire mais que en même temps, les sensibilités politiques soient toutes représentées. Par ailleurs, nous sommes au 65° rang dans le monde concernant la présence des femmes dans la représentation nationale. Pour éviter que deux gros partis disposent de 95% des sièges au Parlement alors qu’ils représentent moins de 50% des Français, nous devons introduire une dose de proportionnelle. 

Y.T : Pourquoi selon vous, François Hollande a choisi de ne pas parler des européennes ? 

MdS : Peut être n’a t’il pas de vision claire de ce qu’il veut faire de l’Europe. Il doit assumer sa réputation d’européen convaincu. Il doit dire aux Français que ces élections engagent l’avenir de la France et de l’Europe, les deux allant ensemble. 

Y.T : Une chance pour le centre ces élections ? 

MdS : Oui je le crois. Réunis avec l’UDI, nous sommes rassemblés derrière un projet clair. Chez nous tout le monde est convaincu que l’Europe est notre chance et notre force. On a besoin d’européens pour porter un certain nombre de changements. Il y a ceux qui veulent sortir de l’Europe, il y a ceux qui veulent faire l’Europe, c’est nous ! 

Y.T : Qu’est ce qui vous différencie de l’UMP alors ? 

MdS : Chez nous il n’y a pas de clivages dans nos convictions européennes. Au PS et à l’UMP, cette question reste indécise. 

Y.T : Vous êtes le seul rempart au Front National ? 

MdS : Comme j’ai pu l’écrire dans mon ouvrage paru le mois dernier, il y a une "urgence européenne". Il y a ceux qui veulent sortir de l’Europe et ceux qui veulent donner un nouvel élan à l’Europe, ces derniers, c'est nous.  

Y.T : Après les européennes, vous allez continuer avec l’UDI ? 

MdS : Les raisons du rassemblement décidé par Jean-Louis Borloo et François Bayrou existent encore plus aujourd’hui qu’hier. L’offre politique française n’est pas satisfaisante, nous avons besoin d’un renouvellement de la vie politique, nous participons à ce renouvellement pour l’Europe et pour la France.  

Y.T : Aux régionales et aux potentielles cantonales, vous pourriez partir avec l’UDI ? 

MdS : Oui bien sûr, tout est possible.

Y.T : Le retrait de Jean-Louis Borloo de la vie politique, est-ce un handicap ? 

MdS : Pas un retrait définitif pour moi, et je lui souhaite d’y revenir le plus vite possible.  

Y.T Pour les présidentielles, un candidat centriste ? 

MdS : On va commencer par les élections européennes, il y aura probablement des changements institutionnels dans l’architecture territoriale avec des transferts de compétence très importants et puis le moment venu on parlera des présidentielles.