École : quelle organisation pour la reprise ?

Laurent Croizier

Laurent Croizier est Président du Mouvement Démocrate du Doubs, conseiller municipal de Besançon et professeur des écoles. Retour d’expérience sur l’organisation de la rentrée du 12 mai prochain sur son territoire.

Comment s’organise sur le terrain la préparation du retour en classe des élèves et de leurs enseignants ?

Tout d’abord, j’aimerais tirer un grand coup de chapeau à tous mes collègues enseignants qui ont fait un travail à distance remarquable durant le confinement, ainsi qu’à tous les enseignants volontaires qui ont assuré l’accueil des enfants de soignants.

Le retour en classe, qui habituellement n’est qu’une formalité, devient dans le contexte Covid un véritable défi. Les directeurs d’école ont reçu et pris connaissance du protocole sanitaire à décliner. Depuis, les équipes pédagogiques, les communes, les services de l’Éducation nationale s’activent pour organiser la réouverture avec comme absolue priorité la sécurité des enfants et des adultes.

Quelle gymnastique logistique mettez-vous en place pour assurer cette rentrée ?

En plus du dispositif de suivi pédagogique à distance de nos élèves, les visio-conférences d’équipe se sont multipliées pour gérer la communication avec les familles, organiser l’accueil des enfants dans le strict respect des précautions sanitaires ou encore coordonner tous les intervenants.

Les deux jours de pré-rentrée nous seront utiles pour assurer toutes les réorganisations nécessaires à la distanciation physique ou aux gestes barrières : réorganiser les entrées et sorties des élèves, imaginer un fléchage et une signalétique facile à comprendre pour les enfants, reconfigurer les espaces de travail de nos classes, individualiser le matériel ou encore redéfinir avec les agents municipaux un nouveau protocole de nettoyage et de désinfection.

Tout le monde fournit un travail énorme, dans la responsabilité et la bienveillance. Il faut saluer l’investissement exceptionnel des directeurs d'école qui pilotent l’organisation.

Le Gouvernement s’en remet au couple Maire – Préfet : cette déconcentration fonctionne-t-elle correctement ?

Tout le monde a bien conscience des enjeux du déconfinement. La gestion de la crise sanitaire a souffert d’un État trop centralisé. Confier aux préfets et aux maires la phase opérationnelle, c’était s’assurer que les décisions s’adapteront aux réalités locales tout en respectant le cadre national.

Concernant la réouverture des écoles, le dialogue entre le préfet et les maires est quotidien et chacun avance avec prudence, compréhension et responsabilité. Sans les efforts financiers des communes, sans l’engagement des maires, la mise en œuvre serait tout simplement impossible.

Quels effets aura selon vous le retour à l’école sur la base du volontariat ?

Le gouvernement a fait le choix d’un retour progressif et volontaire. C’est un choix prudent, de nature à rassurer les familles. Cela signifie toutefois que tous les élèves ne retrouveront pas le chemin de l’école.

Il faut bien avoir à l’esprit que tous les enfants ne sont pas égaux devant le confinement.

On sait que, malgré le travail remarquable de suivi pédagogique des enseignants, les inégalités se sont malheureusement encore creusées. La fracture numérique a particulièrement pénalisé les familles modestes et il a parfois été très difficile pour certains parents d’accompagner leurs enfants. On le sait également, le confinement a fait exploser les violences intrafamiliales.

J’en appelle à la mobilisation politique et citoyenne pour un grand plan d’accompagnement des élèves décrocheurs.

Avez-vous quelques appréhensions en tant qu’enseignant ?

J’ai participé de façon volontaire à l’accueil des enfants de soignants durant le confinement. A ma connaissance, aucune vague de contamination chez les enfants ou les adultes n’a été observée. C’est rassurant.

J’ai bien conscience que l’école ne reprendra pas sous sa forme « d’avant », il n’en demeure pas moins que je ne l’envisage ni comme une garderie, ni comme un lieu sans interaction. Ma plus grande appréhension, ce serait finalement de ne plus voir les enfants se tenir la main, ne plus les voir travailler en groupe et s’entraider.

Aussi indispensables et indiscutables soient les précautions que nous sommes amenés à prendre, elles ne devront jamais nous faire oublier que l’école est aussi un lieu d’épanouissement, de partage et de socialisation.

Nous serons amenés à adapter notre façon d’enseigner, c’est certain. Je sais aussi que les enfants vont nous surprendre.

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