Sarah El Haïry : "En tant que ministre de la République, mon devoir est de leur expliquer en quoi leurs propos et leurs demandes n'étaient pas adaptés à notre Pacte républicain. La République n'est pas à la carte"

Sarah El Hairy

Après un dialogue houleux avec des jeunes le 22 octobre à Poitiers, la secrétaire d'État à la Jeunesse a diligenté une inspection. Elle explique sa prise de décisions. 

L'intégralité de son interview dans Le Point. 

Le Point : Que s'est-il passé à Poitiers ?

Sarah El Haïry : Il est important pour moi de remettre de la clarté, car cette séquence a donné lieu à de nombreux commentaires et je vais être très factuelle. Nous sommes six jours après l'assassinat de Samuel Paty et au lendemain de l'hommage à la Sorbonne. Ce déplacement était prévu de longue date. Je répondais à l'invitation de la Fédération des centres sociaux de France pour débattre et échanger avec 130 jeunes âgés de 15 à 20 ans sur le thème des religions. J'arrive le jeudi et cela fait quatre jours qu'ils travaillent sous la responsabilité d'adultes, d'éducateurs diplômés. La FCSF est une structure que l'on connaît bien, qui a une longue histoire, avec qui nous travaillons bien et en confiance depuis des décennies et qui est reconnue d'utilité publique. Je sais que l'actualité va rendre les débats vifs et intéressants, et c'est bien pour cela que ma présence est alors nécessaire, en tant que ministre de la Jeunesse, en tant que ministre de la République.

Dans le contexte, dans l'actualité que nous vivons à ce moment-là, l'ambiance est grave…

Je sais que cette jeunesse a envie de s'exprimer sur l'actualité, sur le thème que ces jeunes ont choisi un an plus tôt. C'est précieux que d'échanger avec eux, avec toutes les jeunesses, ce dialogue est l'une de mes missions au quotidien. Ils sont donc ensemble depuis quatre jours, ils ont eu le temps d'échanger et de travailler sur des propositions sur les religions. J'arrive dans ce grand gymnase et on m'installe à une première table ronde avec une dizaine de jeunes. Je m'assois et j'écoute attentivement les propos de ces jeunes, et voilà ce que j'entends, voilà ce que les jeunes m'expriment très directement : certains disent qu'ils veulent « interdire le droit au blasphème », que « les journalistes sont pro-israéliens », qu'il faut « interdire aux journalistes de parler de l'islam », le « souhait de porter le voile au lycée ». Je note, j'entends ce qu'ils ont à dire et tout cela se passe calmement. Puis vient la prise de parole des élus locaux conviés, et notamment l'un d'entre eux, adjoint de l'actuelle maire EELV, Léonore Moncond'huy, qui dit que « la loi de 2014 » (comprendre celle de 2004, qui interdit dans les écoles, collèges et lycées publics le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse) est « islamophobe ». Vient mon tour et j'explique pourquoi en tant que ministre de la Jeunesse il est important et c'est mon devoir de les écouter, mais qu'à titre personnel et en tant que ministre de la République et représentante du gouvernement, je suis en désaccord avec eux. Je leur explique le sens de la laïcité, pourquoi la loi de 2004 offre un cadre pour l'exercice de la liberté de conscience à l'école, pourquoi notre État n'est pas raciste, et comment la République nous protège et permet notamment des échanges aussi francs et libres que nous avions ce jour-là.

Je cherche l’unité autour de l’hymne national mais personne ne se lève

Que répondent-ils ?

De fait, le débat est vivant. Il y a des silences, je vois les visages de chacun et je sens le monde adulte absent, comme abasourdi. Je conclus en disant qu'il est important de respecter le pacte républicain. C'est ce pacte qui nous permet de bien vivre ensemble, en continuant d'échanger pour trouver nos dénominateurs communs, en se rassemblant dans des moments d'unité, autour des valeurs de la République. Je décide alors d'entonner, avec eux, la Marseillaise, pour créer un mouvement commun. Je suis particulièrement seule. Je cherche l'unité autour de l'hymne, mais personne ne se lève, au début, personne ne chante, ce qui n'est plus le cas à la fin.

L'intégralité de son interview dans Le Point. 

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