Marc Fesneau : "L'objectif républicain commun doit être celui de rassembler"

Marc Fesneau

Marc Fesneau, ministre des Relations avec le Parlement, Vice-président du Mouvement démocrate, était l'invité du matin de RFI, mercredi 17 juin 2020. Il répondait aux questions de Frédéric Rivière, au sujet de la manifestation des soignants émaillée de violences, des affrontements à Dijon et de la lutte contre les discriminations. Extraits.

FREDERIC RIVIERE - RFI

Qu’auriez-vous envie de dire ce matin aux soignants qui ont le sentiment de s’être fait voler leurs manifestations hier par des groupes ultra violents à Paris ?

MARC FESNEAU

Bien que c'est la vérité, au fond. Un certain nombre de manifestants partout en France et à Paris en particulier nombreux, et manifestation qui a manifestement été polluée parce que c'est des éléments totalement extérieurs pour l'immense majorité d'entre eux qui ont décidé d'en découdre, comme malheureusement on y assiste souvent avec les forces de l'ordre. Ça n'enlève rien des revendications et des propositions qu'ils portent qui sont d'ailleurs évoquées et qui sont travailler dans le cadre du Grenelle de la santé. Mais je comprends d'un certain point de vue le désappointement qui est le leur et de tous ceux qui essayent d'exprimer quelque chose par la voix de la manifestation et qui voient assez régulièrement un certain nombre de groupuscules qui n’ont d'autre mot d'ordre que celui de l'organiser le chaos et c'est assez regrettable.

FREDERIC RIVIERE

Oui. Vous dites que c'est souvent le cas : c'est devenu en fait quasi-systématique. Comment se fait-il qu'il ne soit plus possible en France d'organiser une manifestation sans qu'elle ne dégénère ?

MARC FESNEAU

Ça n'est pas un phénomène tout à fait nouveau. Vous vous souviendrez sans doute que depuis les lois dites El Khomri, il y avait eu ces mouvements. On se souvient d'un 1er mai en 2013 ou 2014 qui avait été particulièrement violent. C"est des phénomènes qu'on rencontre effectivement désormais assez classiquement dans les manifestations malheureusement. C’est des personnalités ou des personnes qu'on a toujours des difficultés à appréhender parce qu'ils sont très rompus à l'exercice d'une forme de guérilla avec les forces de l'ordre. Et c’est donc des personnes qui sont très difficiles à interpeller parce qu’ils se glissent au milieu des manifestants et donc il faut à la fois protéger les manifestants dans leur intégrité physique et essayer de les appréhender, donc c'est un élément qui est assez difficile. Il y a des gens qui manifestement, sans faire de jeu de mots, cherchent à organiser à l’intérieur des manifestations le désordre. Et c'est assez difficile même s'il y a encore eu des interpellations hier et j'imagine qu'ils seront présentés devant la justice.

FREDERIC RIVIERE

Oui. A propos de violence toujours Marc Fesneau, ce qui s'est passé à Dijon au cours de ces derniers jours, des affrontements communautaires d'une extrême violence entre semble-t-il des Tchétchènes d'un côté et des Maghrébins de l'autre, fait froid dans le dos. L'Etat a-t-il encore les moyens de rétablir l'ordre républicain dans ces zones qui sont devenues invivables pour les gens qui, au fond, n'aspirent qu'à y vivre tranquillement ?

MARC FESNEAU

Preuve en est que oui puisque l'ordre a été rétabli. Il y a deux ou trois journées qui ont été des journées difficiles. Il y a des renforts qui ont été apportés par le ministre de l'Intérieur, par le gouvernement auprès de la ville de Dijon – et je salue aussi l'action de son maire d'ailleurs – pour faire en sorte que l'ordre soit rétabli. On a manifestement deux communautés qui se sont affrontées avec des éléments qui n'étaient pas d'ailleurs des éléments vivants à Dijon. Enfin manifestement c’est ce qu’on dit. Et donc l'ordre a été rétabli mais évidemment c'est des phénomènes qui sont dangereux et sur lequel il faut être particulièrement vigilant.

FREDERIC RIVIERE

Mais est-ce que ça n'est pas un rétablissement de l'ordre en trompe-l'oeil ? Il n'y a pas eu de saisie d'armes par exemple. On a vu des personnes exhiber des armes automatiques, des armes de guerre. Enfin, c'était assez impressionnant.

MARC FESNEAU

J’ai vu les images comme vous. J'imagine que les enquêtes se poursuivent. La première nécessité, c'était de rétablir l'ordre et de pacifier le quartier en question à Dijon. Et j'imagine que les services de police, les services d'enquête, les services de renseignement sont à l'œuvre pour déterminer un certain nombre de ceux qui ont été les organisateurs de ces troubles et pour faire en sorte que l'ordre soit rétabli.

FREDERIC RIVIERE

Est-ce que vous êtes favorable à l'expulsion des étrangers impliqués dans ces violences puisque c'est évoqué par le ministère de l'Intérieur ?

MARC FESNEAU

Il y a manifestement un certain nombre de ceux qui ont participé à ces violences importantes qui étaient pour certains demandeurs d'asile ou qui étaient en voie de faire des demandes d’asile. Il n’y a aucun motif à accueillir sur notre territoire des gens qui en première intention et à peine arrivés sur notre sol jettent à ce point la difficulté et mettent à ce point à mal l'ordre public. Ça me paraît une logique et une logique de bonne chose. Quand on réclame l'asile, c'est qu’on se sent peu protégé dans son pays et qu'on réclame la protection de la France, la moindre des choses c'est de ne pas organiser le désordre en France.

FREDERIC RIVIERE

Et cette mesure devrait-elle être mise en œuvre au-delà des événements de Dijon pour tout étranger qui est reconnu coupable de trouble à l'ordre public ?

MARC FESNEAU

Je n’en sais rien, c'est un sujet plus global. Ça fait partie...

FREDERIC RIVIERE

Oui, mais puisque l'hypothèse est évoquée spécifiquement pour Dijon.

MARC FESNEAU

Oui, oui. Mais ça fait partie, je crois, des éléments d'analyse de la capacité d'insertion et de la capacité d'accueil pour quelqu'un qui fait une demande d'asile que de celle de regarder le comportement qu'il a eu sur le sol français. Donc ça me paraît de bonne logique que les choses se regardent quand une demande d'asile est faite avec effectivement ce que sont les agissements souvent minoritaires – il faut quand même dire les choses comme elles sont - mais d'un certain nombre de gens. Et que ça puisse faire partie de l'analyse du dossier, ça me paraît plutôt une mesure de bon sens.

FREDERIC RIVIERE

Il y a eu ces derniers jours plusieurs manifestations contre le racisme, contre les violences commises par les forces de l'ordre. Le président de la République a dit dimanche soir que la France n'effacerait aucune page de son Histoire, ne déboulonnerait aucune statue, mais est-ce que la société n'est pas tout de même en train de se fracturer sur ces questions communautaires, sur ces questions identitaires ?

MARC FESNEAU

Oui, alors il y a plusieurs sujets. Je pense que le président de la République a eu raison de rappeler un certain nombre de principes de la République : le principe d'universalité, le fait que nous ne soyons pas une société qui soit construite sur le communautarisme ni sur la lutte entre communautés. Le deuxième élément, je pense que ce n'est pas en déboulonnant les statues qu'on réfléchit à ce qui est notre Histoire et qu'on ne la regarde pas lucidement. Il y a un certain nombre de gens – je pense que c’est assez minoritaire en France et c’est même ultra minoritaire parce que ça n'est pas la culture française – de gens qui essaient d'opposer les communautés ou d’opposer les histoires. Je pense que c’est une très mauvaise pratique de ceux qui essaient de jouer cela. Reconnaissons d'ailleurs que ce sont des phénomènes qui traversent l'ensemble des sociétés actuellement, pas seulement à cause de la mort de George Floyd. Il y a dans les sociétés des tentations de fracturation, volontaires ou involontaires d'ailleurs, et nous devons lutter de toutes nos forces parce que je crois que c'est le principe de l’équilibre républicain qui est en jeu pour faire en sorte que nous fassions Nation et que nous ne fassions pas sécession les uns vis-à-vis des autres. Donc ça c'est un engagement qui est celui non seulement du gouvernement et de sa majorité mais qui doit être celui de l'ensemble des forces politiques, pour faire en sorte que plutôt que de diviser on essaie de rassembler. On peut très bien avoir des différences, on peut très bien exprimer des différences mais l'objectif républicain commun doit être celui de rassembler.

FREDERIC RIVIERE

La commission d'enquête parlementaire sur la crise du Coronavirus a commencé ses travaux hier avec l'audition du directeur général de la Santé Jérôme Salomon, une figure devenue malheureusement familière aux Français pour les points quotidiens sur la propagation de l'épidémie. Est-ce que vous faites confiance aux membres de cette commission pour travailler à la recherche de la vérité et ne pas être dans une démarche politique ?

MARC FESNEAU

Moi je suis ministre des Relations avec le Parlement, je ne fréquente pas...

FREDERIC RIVIERE

Oui, c’est pour ça que je vous le demande.

MARC FESNEAU

Vous avez raison. Ces parlementaires de la majorité et de l'opposition. J'ai tendance par première intuition et premier réflexe à faire confiance aux parlementaires dans leur volonté de rechercher la vérité. J’ai trouvé qu’hier d'ailleurs ils étaient plutôt dans une recherche de la vérité. Je pense qu'on a besoin de vérité et de clarté sur ce qui s'est passé, sur ce qui a fonctionné, sur ce qui a moins bien fonctionné, pour en tirer d’ailleurs – et ç’a été dit et par le rapporteur Eric Ciotti et par la présidente Brigitte Bourguignon - pour essayer d'en tirer des conclusions et pour faire en sorte que, face à une situation de même nature qui pourrait arriver, nous puissions ajuster nos dispositifs. Et donc je fais confiance aux parlementaires pour essayer d'exprimer la vérité. Par ailleurs, ils sont sous l'œil eux aussi vigilant des citoyens qui les regardent. Cette commission va être regardée, ce qui va être dit va être regardé et donc je fais confiance aussi aux citoyens pour exercer leur propre vigilance et regarder avec lucidité ce qui sera dit et la façon dont les travaux seront conduits.

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