đșMarc Fesneau invitĂ© politique de la matinale sur LCI
Marc Fesneau, ministre chargĂ© des Relations avec le Parlement, Ă©tait lâinvitĂ© politique de la matinale de LCI, le vendredi 26 juillet.
Retrouvez l'interview en replay sur LCI.fr
Retrouvez la retranscription de l'Ă©mission
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Bonjour Monsieur le ministre.Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Bonjour.Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Merci dâĂȘtre lĂ . Dites donc, vous travaillez encore ?Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Oui ! Pourquoi ?Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Je ne sais pas, le PrĂ©sident est en vacances !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Oui, enfin chacun prend ses congĂ©s selon son rythme, le PrĂ©sident de la RĂ©publique reviendra, sâil y a besoin, Ă Paris. Je pense que le gouvernement doit ĂȘtre prĂ©sent jusquâĂ la fin de la semaine. Beaucoup de ministres sont dâailleurs en veille. Quand vous ĂȘtes ministre de lâIntĂ©rieur, quand vous ĂȘtes ministre de la SantĂ©, quand vous ĂȘtes ministre de lâAgriculture vous ĂȘtes astreint Ă une veille permanente pendant la pĂ©riode dâĂ©tĂ© pour des raisons de natures diverses. Quant au PrĂ©sident de la RĂ©publique, il est en veille permanente, donc il a Ă©tĂ© en contact toute la journĂ©e hier avec les ministres. AprĂšs câest au gouvernement aussi dâagir et câest Ă lui dâagir. (..)
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Le PrĂ©sident prĂ©side, le gouvernement agit ?Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Oui, moi je trouve que câest une bonne chose. Et puis, au moment oĂč on demande aux uns et aux autres de mener une vie normale, ce nâest pas anormal que des responsables publics prennent des vacances, ça me paraĂźt une logique assez implacable.Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
On peut le comprendre, peut-ĂȘtre que les 10 jours imposĂ©s par François Hollande Ă©taient trop. Mais est-ce que vous ne prenez pas un risque en fait parce qu'on sait toujours que souvent les Ă©tĂ©s sont meurtriers. Rien nâest stabilisĂ©, il y a un vrai malaise social dans ce pays. Est-ce quâil nây a pas un risque quand mĂȘme par rapport Ă l'opinion qui ne vous passe rien ?Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Oui mais c'est une question...Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Ce qui est normal dâailleurs !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Dâailleurs ce nâest pas illogique que l'opinion soit en veille sur ce qu'on fait. Mais ce n'est pas illogique qu'on prenne des vacances et que - quand on est PrĂ©sident de la RĂ©publique, Premier ministre ou ministre - l'on soit, par ailleurs, en permanence en veille. On peut ĂȘtre Ă la fois en congĂ©s et regarder ce qui se passe dans le pays et pouvoir agir rapidement s'il y a besoin de le faire. Je trouve que ça me paraĂźt une logique assez normale. Dans toutes les dĂ©mocraties, les responsables publics prennent des vacances et c'est normal qu'ils prennent des vacances. Je pense que c'est bien aussi qu'on ait un temps de recul parce qu'on a une annĂ©e assez chargĂ©e...Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Câest un euphĂ©misme !Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Et une fin de saison difficile !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Le dĂ©but n'a pas Ă©tĂ© mal non plus. Mais reconnaissons que câest bien aussi qu'on puisse les uns et les autres prendre du temps auprĂšs des nĂŽtres, c'est normal. Nous sommes de cette maniĂšre-lĂ comme tous les citoyens français.Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
C'est ĂȘtre comme tous les citoyens français quand le PrĂ©sident justement dit : "le gouvernement a besoin de se reposer". Trois semaines c'est bien pour se reposer ?Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Oui, c'est Ă peine trois semaines pour un certain nombre d'entre nous. Mais oui, câest bien, le temps estival est un temps nĂ©cessaire. Je comprends assez peu qu'on aille - ce n'est pas ce que vous faites - polĂ©miquer sur le sujet que des ministres prennent des congĂ©s...Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Comme tous les Français !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Comme tous les Français, ça ne me paraĂźt pas une mauvaise chose. Et puis, je pense que câest une nĂ©cessitĂ© pour chacun de prendre un peu en recul quelques temps, pour ne pas ĂȘtre en permanence sous pression. Je pense que câest sain pour l'esprit aussi de se retrouver en famille ou dans d'autres activitĂ©s que celles qui nous occupent toute la journĂ©e et toutes les semaines.Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Alors il y en a qui se retrouvent en famille ou qui vont se retrouver en famille ; et puis il y en a qui se retrouvent entre amis. On a appris... il y avait un dĂ©jeuner hier entre le Premier ministre et un certain François De Rugy. Il y avait du homard au menu du dĂ©jeuner ou pas ?Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Je ne suis pas sĂ»r que ce soit le fond de votre question...Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Non, je vous taquine. Mais pourquoi se voir ?Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Jâai bien compris que vous me taquiniez, mais je ne trouve pas anormal que le Premier ministre puisse discuter avec François De Rugy, qui a quittĂ© le gouvernement Ă sa demande, dans les conditions que vous connaissez. C'est une question aussi de traiter les gens avec le minimum de dĂ©cence et d'humanitĂ© qui doit ĂȘtre la nĂŽtre. François De Rugy a Ă©tĂ© prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale, il a Ă©tĂ© ministre de la Transition Ă©cologique et solidaire. Ce n'est pas anormal que le Premier ministre puisse prendre de ses nouvelles et Ă©changer avec lui. Je trouve que c'est une chose qui est plutĂŽt saine. La vie politique nâest pas faite de ruptures qui feraient quâĂ partir du moment oĂč vous dĂ©missionnez, on vous laisse tomber. Enfin je trouve que ça serait... il y aurait quelque chose d'assez malsain. On l'a vu Ă plusieurs Ă reprises dans le passĂ©...
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Câest bien pour ça que je vous pose la question !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Oui, mais c'est bien que ça se fasse plus. (...) On peut aller dĂ©jeuner avec François De Rugy. Je ne vois pas ce quâil y a de compromettant Ă dĂ©jeuner avec François De Rugy.Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Non, dâabord lĂ câest un dĂźner... je crois ou câest un dĂ©jeuner, mais la rĂ©alitĂ© câest que...Â
MARCÂ FESNEAUÂ
DĂ©jeuner.Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Si cette information fuite câest quâon veut la faire fuiter, câest quâon veut envoyer quelque chose. Donc il est tout Ă fait normal quâon sâinterroge. Moi je ne crois pas beaucoup - par expĂ©rience - aux grands Ă©lans d'amitiĂ© sincĂšres, sans arriĂšre-pensĂ©e. Est-ce que ça veut dire que François De Rugy, on lui fait de la cĂąlinothĂ©rapie pour lui permettre de revenir tranquillement et quâil nây ait pas de problĂšme par la suite ; ou bien est-ce que ça veut dire quâon regarde dans quelles conditions il pourrait revenir ?Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Peut-ĂȘtre que vous avez eu, si je peux me permettre de vous taquiner, de mauvaises expĂ©riences...Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Non, pas du tout.Â
MARCÂ FESNEAUÂ
On peut aussi avoir le sentiment...Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Oui !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Non mais la vie politique n'est pas faite que de cynisme, on peut aussi avoir le sentiment...Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Il y a un sens lĂ !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Que câest bien de ne pas avoir laissĂ© tomber quelqu'un qui a vĂ©cu depuis 10 jours une pĂ©riode difficile... (...)
Enfin l'humanitĂ© Ă l'endroit de ceux avec qui on a travaillĂ©Â n'est pas... (...) Et je ne sais pas s'il y a un message particulier...Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Pas si on fait fuiter une information, quand on veut dĂ©jeuner discrĂštement, on le fait...Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Oui, trĂšs bien, mais câest peut-ĂȘtre pour montrer aussi quâon ne laisse pas tomber François De Rugy et quâon ne tourne pas la page comme ça de façon sĂšche, comme ça s'est fait avant. Et ça c'est peut-ĂȘtre nouveau et c'est plutĂŽt bien moi je trouve.Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Alors Marc Fesneau, il y a quand mĂȘme cette interrogation et c'est pour ça aussi que Françoise se pose la question. A la fin de cette interview chez nos confrĂšres de France 2, François De Rugy laissait entendre quâil pourrait revenir, en tout cas il aimerait bien revenir. Donc je ne sais pas, on parle d'un remaniement possible au mois de septembre, ce serait dans les tuyaux. Ca pourrait se faire ou quelque part, cet homme blanchi qui n'a rien Ă se reprocher, je reprends encore (ses) termes, ce n'Ă©tait peut-ĂȘtre pas dans le bon tempo ou dans le bon temps ou peut- ĂȘtre trop tĂŽt, je ne sais pas !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Non mais que François De Rugy ait besoin de se rĂ©habiliter et, d'une certaine façon, que l'effet soit posĂ© devant l'opinion, je trouve ça trĂšs sain. AprĂšs la formation d'un gouvernement, la composition d'un gouvernement ça n'appartient Ă personne d'autre qu'au PrĂ©sident de la RĂ©publique en lien avec le Premier ministre. Donc il nây a pas de commentaire Ă faire de plus que ça, mais je comprends le souhait que peut avoir François De Rugy d'ĂȘtre rĂ©habilitĂ© avec le sentiment d'injustice qui peut ĂȘtre celui de quelqu'un qui a le sentiment que lâarmoire lui est tombĂ©e un peu sur la tĂȘte, avec un certain nombre de choses qui ont Ă©tĂ© dites et, pour une part d'entre elles, qui Ă©taient fausses; et pour d'autres qui ne relevaient pas manifestement de faits rĂ©prĂ©hensibles. (...) AprĂšs la formation d'un gouvernement, elle ne se fait pas comme ça au grĂ© des entrĂ©es et des sorties. C'est un message politique la formation dâun gouvernement...Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Vous comprenez aussi, puisque tout Ă l'heure vous parliez des Français, que certains aient pu ĂȘtre choquĂ©s, la forme, le fond et puis...Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Il y a les questions : est-ce que ça relevait de quelque chose qui Ă©tait rĂ©prĂ©hensible d'un point de vue juridique ? Manifestement non. Et aprĂšs, je pense que ce n'est pas François De Rugy en tant que tel qui est en cause...Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Non, câest lâensemble des...Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Soyons les uns et les autres dans des attitudes qui soient modestes, des attitudes de vie normale (...).
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Câest ce qu'ont rappelĂ© le Premier ministre et le PrĂ©sident lors du dernier Conseil des ministres?
MARCÂ FESNEAUÂ
Le président nous a rappelés à la sobriété (...) Il faut qu'on soit sobres, non seulement parce que nous conduisons le pays et que nous gérons de l'argent public. (...)
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Oui mais je voulais juste... pardonnez-moi sur cette question de vacances, la sobriĂ©tĂ© ça a toujours Ă©tĂ© la consigne de tous les gouvernements, y compris de celui de Nicolas Sarkozy, y compris François Hollande, y compris Ă©galement Emmanuel Macron.Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Ăa nâempĂȘche pas de le rappeler !Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Ăa nâempĂȘche pas les "emmerdes", ça nâempĂȘche pas que lâĂ©tĂ©...Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Non, mais ça nâempĂȘche pas de le rappeler...Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Ăa nâempĂȘche pas que lâĂ©tĂ© est souvent... est souvent une pĂ©riode difficile...Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
LâĂ©tĂ© peut ĂȘtre meurtrier.Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Je rappelais tout Ă l'heure la difficile pĂ©riode pour François Hollande en photo en maillot Ă BrĂ©gançon, tout ce qui a suivi, une chute dans les sondages par rapport à ça. On peut dĂ©raper sur un mauvais signal, vous le savez trĂšs bien !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Oui, mais je me souviens trĂšs bien ce qui s'Ă©tait passĂ©, c'est que François Hollande élu, la session s'Ă©tait terminĂ©e je crois le 10 ou le 15 juillet et quâil nây avait pas eu de son, pas d'image pendant 6 semaines, câest ça qui lui a Ă©tĂ© reprochĂ©. Et câest la fois d'aprĂšs, l'annĂ©e d'aprĂšs qu'il avait du coup rĂ©duit les congĂ©s, c'est comme ça que ça s'Ă©tait passĂ©. On avait dit : une fois Ă©lu, ils sont partis en congĂ©s. Je nâai pas l'impression, on en parlera peut-ĂȘtre, que dans cette annĂ©e... l'annĂ©e 2017, l'annĂ©e 2018 et l'annĂ©e 2019 nous ayons particuliĂšrement chĂŽmĂ©. Ăa n'empĂȘche pas d'ĂȘtre en veille, ça nâempĂȘche pas dâĂȘtre en veille.Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Non, justement. Alors on va continuer de parler vacances, mais dans un autre domaine. Devoirs de vacances fixĂ©s par le prĂ©sident et Fabrice Lundy le rĂ©pĂ©tait tout Ă l'heure, dans ces devoirs de vacances il y a de l'argent, beaucoup d'argent Ă trouver.Â
FABRICEÂ LUNDYÂ
Oui, le gouvernement qui apparemment tarde Ă boucler, a du mal Ă boucler son budget 2020, il manque encore 3 milliards d'euros d'Ă©conomies. OĂč est-ce qu'on va aller les chercher, sachant qu'on ne va pas aller les prendre sur la suppression de postes de fonctionnaires !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
De toutes façons... je ne suis pas sĂ»r qu'on soit trĂšs en retard. Il y a des premiers arbitrages qui ont Ă©tĂ© faits. GĂ©nĂ©ralement l'exercice se clĂŽture plutĂŽt Ă la fin du mois dâaoĂ»t, ça fait partie de ce que vous disiez, des devoirs de vacances. C'est au ministre de Comptes publics, au ministre de l'Economie et des Finances de regarder dans chaque ministĂšre les marges qui peuvent ĂȘtre trouvĂ©es. La nĂ©cessitĂ© c'est Ă la fois de rĂ©pondre Ă ce quâa Ă©tĂ© la sortie de crise des gilets jaunes, avec un certain nombre d'Ă©lĂ©ments qui ont Ă©tĂ© mis pour le pouvoir d'achat des Français...Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
De 17 milliards.Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Et puis de trouver des Ă©lĂ©ments qui permettent d'Ă©quilibrer le budget, parce que lâĂ©quilibre du budget ce n'est pas une question... ce n'est pas une question en l'air ou une question thĂ©orique. C'est une question de crĂ©dit de la France sur la scĂšne europĂ©enne. Nous avons la chance aujourd'hui d'avoir des taux d'intĂ©rĂȘts qui sont trĂšs bas, mais est- ce qu'on sait si ça va durer? Non, donc c'est une question de responsabilitĂ© collective, sachant que quand vous avez des crises financiĂšres et quand vous avez des difficultĂ©s Ă rembourser, ce n'est jamais les gens les plus aisĂ©s qui sont les plus pĂ©nalisĂ©s, c'est gĂ©nĂ©ralement les gens les plus pauvres...Â
FABRICEÂ LUNDYÂ
Vous allez vous en prendre aux entreprises en premier, sur la baisse des charges...Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Ce nâest pas la question de prendre aux entreprises, on verra, je ne suis pas ministre des Comptes publics, donc ce n'est pas moi qui ferai les arbitrages. Et vous verrez bien au mois d'aoĂ»t, si ça...Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Mais votre idĂ©e sur la question !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Ce quâil faut, câest qu'on trouve un Ă©quilibre entre des Ă©conomies... Il y a un certain nombre d'agences, il y a un certain nombre de structures qu'on veut moderniser qui permettraient de faire des Ă©conomies. Il y a des aides qui ont Ă©tĂ© faites aux entreprises. Il y aura sans doute des mĂ©canismes de rĂ©gulation mais qui ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© annoncĂ©s d'une certaine façon sur la loi sur les Gafa, puisqu'on a dit qu'on allait prendre un peu de dĂ©lai sur un certain nombre d'impĂŽts. Mais aprĂšs, il appartiendra au ministre des Comptes publics de prĂ©senter et de proposer au Premier ministre les arbitrages.Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Alors votre travail Ă vous, c'est de huiler cette majoritĂ© plĂ©thorique, quand mĂȘme la...Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Le travail parlementaire en gĂ©nĂ©ral dâailleurs !Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Non mais c'est le vote, vous ĂȘtes fait pour ça, vous ĂȘtes lĂ pour ça, ministre de la Relation avec le Parlement.Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Je suis lĂ pour ça, je confirme.Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Alors ceci Ă©tant, quâest-ce qui est arrivĂ©, qu'est-ce qui vous est arrivĂ©, il y a eu un bug, 52 abstentions de la majoritĂ©, 9 votes contre, c'est la premiĂšre fois je crois, on ne parle pas de fronde et de rĂ©bellion, mais quand mĂȘme. Le ministre qui est chargĂ© de verrouiller tout ça nâest pas trĂšs satisfait.Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Non mais moi, je ne suis pas garde-chiourme et je ne suis pas là pour verrouiller les choses... (...)
Mais moi, je ne considĂšre pas que ce soit le travail... non mais je pense qu'on a un sujet gĂ©nĂ©ral sur le texte qui est en question, c'est le sujet du commerce international et du rapport que nous entretenons avec le commerce international. Il y a un certain nombre de gens dans les groupes... je suis quand mĂȘme assez Ă©tonnĂ© pour tout vous dire, mais je vais revenir sur le groupe et les groupes majoritaires, je suis assez Ă©tonnĂ© que ceux qui ont nĂ©gociĂ©, qui ont signĂ© l'accord ou qui ont autorisĂ© la signature de l'accord maintenant soient contre l'accord. (...)
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Vous parlez de qui ?Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Le Parti socialiste...Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Non, non, mais dĂ©jĂ ... vous avez la mĂ©moire courte, le Parti socialiste se dĂ©chirait, Hollande avait eu sa premiĂšre fronde dĂ©jĂ sur le CETA, donc...Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Oui mais enfin, il y avait une majoritĂ©...Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Mais oui !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Enfin ! Il me semble quâil y avait une majoritĂ© !Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Je pensais que vous parliez de Nicolas Hulot!Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Attendez ! Il y avait une majoritĂ©, ne mettez pas tous les problĂšmes sur la table au mĂȘme moment, il y avait une majoritĂ©. Il faut assumer ou alors il fallait refuser de rentrer dans les nĂ©gociations avec le Canada, premier Ă©lĂ©ment. DeuxiĂšme Ă©lĂ©ment, je pense qu'on a un sujet et je pense que c'est...Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Mais ne parlez pas des autres Marc Fesneau, parlez de votre majoritĂ© !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
De ce point de vue-lĂ on a un sujet dĂ©sormais, c'est quâun certain nombre de gens â vous parliez de Nicolas Hulot et je ne partage pas du tout son point de vue â pensent que par nature le commerce international nuit Ă l'environnement et nuit au rĂ©chauffement climatique et participe du dĂ©rĂšglement climatique. Moi je pense que les outils du commerce international sont des outils qui permettent de rĂ©orienter et de permettre aux Etats avec lesquels on discute de rĂ©orienter leur politique. Si on ne fait pas d'accord avec le Canada, ça n'empĂȘchera pas le Canada de continuer Ă produire dans ces conditions. Les Allemands sont trĂšs pourvoyeurs ou dĂ©pensiers en termes de charbon, est-ce quâon arrĂȘte de commercer avec les Allemands ? Non, il faut qu'on engage les modĂšles au travers du commerce, c'est-Ă -dire d'inciter au travers des accords commerciaux Ă faire Ă©voluer les pratiques en direction du changement climatique. C'est quand mĂȘme mieux de les avoir avec nous...Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Ăa ne changerait rien pour les Canadiens qui... vous ne modifieriez pas la façon de fonctionner des Canadiens sur la...Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Mais si parce que si vous avez un accord international avec le Canada en terme commercial, si vous mettez des garanties en terme climatique, vous vous armez des conditions pour entrer en dialogue avec le Canada dire "vous ne respectez pas l'accord de Paris et, donc, je peux sortir de l'accord Ă©conomique". Et devant vos citoyens, quand vous avez un accord commercial qui est Ă©quilibrĂ© et qui est favorable aux deux parties, si vous prenez le risque de sortir parce que vous ne respectez pas le veto climatique, c'est quand mĂȘme plus facile que quand vous n'avez pas dâaccord. Les accords de commerce, câest des accords qui permettent de rĂ©guler, sinon le commerce il se fait quand mĂȘme.Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
De toute façon sur la question des farines animales par exemple, vous nâavez rien vu, sur la question de la nourriture des animaux avec du sang...Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Et la question qui est posĂ©e Ă la majoritĂ©, c'est : qu'est-ce qu'on fait de ces accords internationaux ? Il y a eu un gros travail qui a Ă©tĂ© fait par la Commission des Affaires Ă©trangĂšres, pour la premiĂšre fois, on pourrait le reconnaĂźtre au moins, pour la premiĂšre fois c'est un accord oĂč on a mis tout sur la table, y compris les impacts... non pas le point de croissance ou le volume global, on a regardĂ© filiĂšre par filiĂšre dâun point de vue qualitatif quels pouvaient ĂȘtre les effets, quels pouvaient ĂȘtre les risques. Ca a Ă©tĂ© mis sur la table, c'est un rapport qui faisait plusieurs centaines de pages Ă la demande du gouvernement, Ă la demande de la Commission des Affaires Ă©trangĂšres prĂ©sidĂ©e par Marielle De Sarnez. Jacques Maire, dĂ©putĂ© la RĂ©publique En Marche, a fait un travail assez remarquable d'explicitation. AprĂšs que dans la majoritĂ©, certains aient Ă©mis des doutes, je pense qu'on a un travail de pĂ©dagogie Ă faire. Je pense qu'on Ă©tait sur quelque chose de trĂšs particulier. Vous dire qu'on a Ă©tĂ© surpris non et c'est d'ailleurs pour ça qu'on a dĂ©ployĂ© beaucoup d'Ă©nergie pour essayer de montrer ce qu'Ă©tait l'accord et ce qu'Ă©taient les avantages de cet accord. Mais je pense qu'on a de la pĂ©dagogie Ă faire sur le commerce international.Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Et de la pĂ©dagogie aussi Ă l'intĂ©rieur de votre propre mouvement...Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Mais reconnaissons aussi, c'est le cas du Mercosur. On lance la nĂ©gociation il y a 19 ans, ça part si je peux dire en sous-marin pendant 19 ans et tout d'un coup un vendredi, on a dit : ça y est, on a un accord. 19 ans plus tĂŽt, ce n'Ă©tait pas la mĂȘme situation gĂ©opolitique et la mĂȘme situation Ă©conomique...Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Ăa ne sera pas aussi simple pour le Mercosur, vous le savez dĂ©jĂ !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Mais bien sĂ»r, câest ce que je vous dis.Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Le Mercosur ce sera plus dur avec votre majoritĂ©...Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Câest ce que je vous dis parce que les Ă©lĂ©ments, le PrĂ©sident de la RĂ©publique l'a dit, les Ă©lĂ©ments qui sont posĂ©s sur la table ne satisfont pas aux exigences qui sont les nĂŽtres. Donc aprĂšs, ça sera l'objet d'une nĂ©gociation. Je rappelle que le CETA engagĂ© sous Nicolas Sarkozy, votĂ© sous François Hollande, on a dĂ©cidĂ© de faire des ajouts, le veto climatique n'Ă©tait pas dans l'accord initial, donc on a pu faire des ajouts mais je vois bien qu'il y a besoin de pĂ©dagogie pour comprendre comment tout ça va fonctionner dĂ©sormais.Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Marc Fesneau, autre sujet dans l'actualitĂ©, on se pose la question sur LCI d'ailleurs ce matin, est-ce quâEmmanuel Macron a la bonne mĂ©thode en ce qui concerne le chĂŽmage ? Publication des chiffres hier, bĂ©mol quand mĂȘme avec une interrogation sur la mĂ©thodologie et beaucoup de questions encore avec une rentrĂ©e de septembre qui s'annonce quand mĂȘme trĂšs chaude.Â
FABRICEÂ LUNDYÂ
LĂ©gĂšre baisse grĂące Ă qui, Marc Fesneau, la croissance, la dĂ©mographie, les rĂ©formes de la fin de quinquennat de François Hollande, celle d'Emmanuel Macron en route vers les 7 %, le pari que veut tenir le prĂ©sident de la RĂ©publique de 7 % de taux de chĂŽmage ?Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Lâimportant c'est qu'on tienne notre pari, je ne sais pas si c'est un pari d'abord, c'est une exigence vis-Ă -vis des Français...Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Une promesse !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Qui nous regardent... ou une promesse aussi...Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Attention les promesses sur le taux de chĂŽmageÂ
MARCÂ FESNEAUÂ
Parce quâil y a ceux qui sortent du chĂŽmage et il y a ceux qui n'en sont pas encore sortis, il y a quand mĂȘme de trĂšs nombreux Français qui ne sont pas sortis du chĂŽmage, donc c'est une exigence. C'est une combinaison de plusieurs choses, si les chiffres Ă©taient mauvais on aurait rapidement facilitĂ© Ă nous les imputer, on dirait câest de votre faute...Â
FABRICEÂ LUNDYÂ
Non, pour lâinstant ils sont bons !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Pour l'instant ils sont bons. Et donc c'est Ă la fois la combinaison... enfin ! On ne on peut pas dire que la croissance soit trĂšs dynamique, elle est plus dynamique que dans d'autres pays europĂ©ens, reconnaissons- le...Â
FABRICEÂ LUNDYÂ
L'Allemagne et l'Italie sont au bord de la rĂ©cession !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Oui, on est d'accord mais enfin entre la rĂ©cession et un peu plus de 1%, on nâest quand mĂȘme pas dans des Ă©tages par rapport Ă ce qu'on a pu connaĂźtre. (...) On nous avait dit que le droit du travail allait plutĂŽt faire que des milliers de gens allaient se retrouver demandeurs d'emploi, c'est l'inverse qui s'est passĂ©. La vĂ©ritĂ© c'est que les PME ont plutĂŽt entendu le signal que ça leur permettait de recruter, si je peux dire... Je finis juste, avec le sentiment quâil a pu y avoir moins de risques pour eux. C'est la rĂ©forme de l'apprentissage et de la formation professionnelle menĂ©e par Madame Penicaud, c'est un certain nombre d'Ă©lĂ©ments qui font quâon crĂ©e des emplois industriels. (...) Pour la premiĂšre fois on crĂ©e des emplois industriels. On peut regarder toujours le verre Ă moitiĂ© vide, câest une spĂ©cialitĂ© française, mais il me semble qu'on va dans le bon sens. Ca ne veut pas dire qu'on s'en satisfait, d'ailleurs vous ne m'entendez pas satisfait ou auto-satisfait ce matin, je pense que c'est la combinaison de plusieurs facteurs et câest pour ça qu'il faut ĂȘtre en veille. Il y aura d'autres. Il y a la loi Pacte qui va (...) ĂȘtre mise en Ćuvre. Et tout ça devrait faciliter le recrutement pour les entreprises, leur attractivitĂ© et leur compĂ©titivitĂ©.Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
DerniĂšre question peut-ĂȘtre ou je vous laisse sur ce qui s'est passĂ© hier Ă Strasbourg. Quelque chose de trĂšs ambigu : la prĂ©fecture de Strasbourg lors du match Strasbourg/Maccabi HaĂŻfa, c'est-Ă -dire le club de football israĂ©lien qui dans un premier temps, interdit aux supporters israĂ©liens d'ĂȘtre dans certains lieux et de porter leur drapeau et qui, finalement, a levĂ© cette interdiction en expliquant qu'il y avait probablement des dangers de dĂ©bordements antisĂ©mites. Est-ce que c'est normal d'abord qu'on interdise Ă quelque pays que ce soit de porter son drapeau; et quâau fond on avoue une impuissance Ă Ă©viter des dĂ©bordements...
MARCÂ FESNEAUÂ
Non, non, alors je nâai pas les Ă©lĂ©ments pour ĂȘtre trĂšs juste sur ce qui sâest passĂ© Ă Strasbourg, puisque vous me le mettez sur la table. Enfin ! En premiĂšre intuition, ce n'est pas normal que les uns et les autres ne puissent pas exprimer ce qu'ils sont... surtout pour une manifestation sportive, câest encore plus invraisemblable. On est dans un pays oĂč on ne peut pas dire que la bienveillance Ă l'endroit des autres et de ceux qui dĂ©fendent telle ou telle chose soit de mise ; et je regrette (...) le simple fait qu'on puisse penser qu'il y ait des risques de dĂ©bordements...Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Il y en a eu de fait, il y a trois supporters qui ont Ă©tĂ© pris Ă partie parce quâils parlaient hĂ©breu entre eux !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Oui mais c'est une vraie difficultĂ© et je crois que tous les gouvernements qui se sont succĂ©dĂ©s d'ailleurs essayent de lutter contre ces phĂ©nomĂšnes, ou de xĂ©nophobie ou dâantisĂ©mitisme. On est dans des sociĂ©tĂ©s â et pas que la sociĂ©tĂ© française â qui sont des sociĂ©tĂ©s extrĂȘmement tendues et qui tendent Ă opposer les gens les uns contre les autres en fonction de leurs origines ou en fonction de leurs orientations religieuses ou autres. Et donc il faut qu'on soit trĂšs vigilant et que nous soyons les gardiens de la capacitĂ© d'expression des uns et des autres, dans une dĂ©mocratie il faut que chacun puisse exprimer ce qu'il est. (...) L'esprit du sport c'est exactement l'inverse de ça : c'est le respect de l'autre, c'est le respect de la diffĂ©rence et c'est l'esprit sportif. Et donc c'est trĂšs regrettable qu'on puisse assister Ă des choses de cette nature.Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Merci beaucoup Marc Fesneau d'avoir Ă©tĂ© l'invitĂ© de la Matinale...Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Merci Ă vous.Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
On vous souhaite des bonnes vacances Monsieur le ministre !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
A vous aussi.Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Merci beaucoup et bon repos !Â
FRANĂOISEÂ DEGOISÂ
Studieuses !Â
MARCÂ FESNEAUÂ
Studieuses !Â
CHRISTOPHEÂ MOULINÂ
Studieuses bien Ă©videmment.Â