Marc Fesneau, invité de la matinale de Sud Radio

Marc Fesneau, Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne, était l'invité de la matinale de Sud Radio, vendredi 13 novembre 2020. 

PATRICK ROGER

Bonjour Marc Fesneau. On entendait à l’instant un auditeur, Philippe, comme beaucoup d’autres, désespéré par les mesures, en disant : « Oui, nous les petits commerces... ». Il n’y a pas que ça, mais toute l’activité économique qui souffre. Alors, donc, le confinement, rien ne bouge d’ici 15 jours...

MARC FESNEAU

Absolument.

PATRICK ROGER

Parce que les effets pour freiner l’épidémie sont trop lents, c'est ça ? Pourquoi ?

MARC FESNEAU

Ils ne sont pas lents, en tout cas on voit le premier frémissement des mesures qui ont été prises, d’abord de couvre-feu et ensuite de confinement. Mais on voit bien que la tension faite sur le système hospitalier, et au fond le taux de reproduction du virus et le taux d’incidence, c'est-à-dire le nombre de personnes qui sont contaminées, diminue mais reste encore très élevé dans notre pays, et que pour protéger nos populations, pour protéger les citoyens, on a besoin de poursuivre ces mesures. Alors je comprends tout à fait la désespérance des commerçants, des restaurateurs, qui ne voient pas pour certains des perspectives, pour d'autres sans doute une perspective si nous étions sur cette tendance-là, à partir du 1er décembre. Donc je comprends tout à fait leur logique. La vérité oblige à dire que aussi manifestement ces mesures-là ont un effet puisqu'on voit une courbe qui semble commencer à s'infléchir. Donc il faut poursuivre l'effort, je sais bien que pour tous les Français c'est un effort, pour nous tous c’est un effort...

PATRICK ROGER

Est-ce qu'il y a un espoir de réouverture quand même au 1er décembre, pour les petits commerces « non essentiels » ?

MARC FESNEAU

Le Premier ministre a été très clair hier, il a dit que si nous étions sur cette tendance-là et que donc une tendance stabilisatrice puis à la baisse, comme celle qu'on semble observer depuis quelques jours, on pourrait envisager l'ouverture des commerces non prioritaires, si je peux dire, pas non essentiels, parce que je n’aime pas le terme « non essentiels »...

PATRICK ROGER

Non mais c’est vrai que l’on avait ce commerçant de l'hyper-centre toulousain tout à l'heure, à 07h10, qui disait : « Eh bien moi – il vend du cuir, etc., des sacs – donc c'est novembre et décembre où je fais mon chiffre, et sinon je fais faillite ».

MARC FESNEAU

C’est pour ça qu’il ne faut pas relâcher l'effort, parce que le mois de novembre peut être un mois important, mais le mois de décembre est un mois déterminant dans les périodes de fêtes, et il ne faudrait pas qu'on se retrouve dans la situation d'avoir desserré, ce qui ressemble à un étau - disons les choses comme elles sont - trop tôt, pour qu'après au mois de décembre on se rende compte que de nouveau il faille revenir à des mesures plus difficiles. Donc j'entends tout à fait la détresse et la désespérance des uns et des autres. Le gouvernement essaie, je crois au travers d'un certain nombre de dispositifs, de compenser les pertes, même si de toute façon c'est difficile, les commerçants sont là pour être commerçants et pas forcément pour voir leurs vitrines fermées.

PATRICK ROGER

Non, et puis même ce n'est pas les mêmes chiffres d'affaires, parce que là il aura l’aide de 10 000, mais il va toucher...

MARC FESNEAU

Et pour certains ça le sera, pour d’autres ça peut être un peu plus...

Et donc il faut qu'on regarde avec eux, d'abord la façon dont si nous étions sur cette tendance-là, à partir du 1er décembre. Je crois qu'ils ont fait en plus des efforts à partir du mois de mars/avril, pendant la première période de confinement, pour réfléchir le fonctionnement de leurs magasins. Vous voyez dans quelles dispositions on est ici dans votre studio, ils ont fait les mêmes choses dans les commerces, et donc il faut donner droit à leurs efforts, dès lors que la tendance s'avérerait plus positive dans les semaines qui viennent.

PATRICK ROGER

Et à l'inverse, alors c'est vrai que les établissements scolaires restent ouverts et qu’on n'a pas diminué, forcé les établissements à diviser par deux les effectifs, avec un agenda, un planning adapté pour que ce soit à 50 % dans les collèges/lycées.

MARC FESNEAU

Je crois qu'il y a un consensus assez général. Je rappelle que ce n'était pas un cas au printemps, et même au déconfinement, pour dire que quand même, le mieux c'est de garder les établissements scolaires ouverts, pour des tas de raisons d'égalité des chances en particulier, parce que pour un jeune qui n’a pas un environnement personnel favorable, c'est quand même mieux qu'il puisse être dans un établissement que de rentrer dans un processus de déscolarisation, dont on sait qu'il est très difficilement rattrapable. Donc je crois qu'il y a un consensus là-dessus. Deux, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel BLANQUER a précisé un certain nombre de mesures qui visent à travailler plutôt en demi-groupes, je peux en témoigner même personnellement, dans les lycées c'est-ce qu'ils sont en train de faire, je pense qu'il y a des protocoles qui sont suivis, mais dans la plupart des pays du monde d'ailleurs, on voit bien que l'OMS d'ailleurs le recommande, les établissements scolaires sont les derniers à fermer si jamais il y a des crises épidémiques parce que quand même c'est une question pour l'avenir des jeunes, et donc il faut maintenir autant que faire se peut les établissements ouverts.

PATRICK ROGER

Non mais sauf que c'est les jeunes qui propagent en partie le virus, dans les familles...

MARC FESNEAU

Oui, enfin, manifestement les mesures ne sont pas inefficaces, en tout cas le dispositif tel qu'il est posé, puisque la courbe de l'épidémie semble relativement ralentir à ce stade. 

PATRICK ROGER

C'est vrai qu'il y avait eu aussi 15 jours de vacances avant.

MARC FESNEAU

Oui, il y avait eu 15 jours de vacances, mais manifestement la courbe épidémique se stabilise, y compris avec des établissements scolaires ouverts. On ne peut pas complètement mettre sous cloche le pays, il faut qu’il y ait un certain nombre d'activités. Pour le coup, les enseignements c'est une activité pour moi, et nous les considérons comme une activité essentielle.

PATRICK ROGER

Oui. Marc FESNEAU, les décisions sont prises en Conseil de défense. Vous êtes ministre des Relations avec le Parlement, est-ce que vous comprenez la frustration de certains, notamment les députés et sénateurs, ils disent : « Il y a un manque de transparence. ».

MARC FESNEAU

Mais, écoutez, ça vaudrait le coup - ce que je vais faire d’ailleurs - de faire la liste des débats qu’ils y a eu au mois de mars : l'entrée en état d'urgence, la prorogation de l'état d'urgence, le processus de déconfinement, le débat au Parlement qu'il y a eu sur le moment du déconfinement, les débats qu'il y a eu au Parlement au moment où le Premier ministre a annoncé le confinement, il y a plus de 3 ou 4 fois où l'état d'urgence a été débattu, je ne parle pas des dispositifs économiques et financiers. Je comprends éventuellement la frustration du Parlement d'une forme d'accélération du processus qui fait qu'en permanence ils sont saisis de ces questions. Je n’ai pas le sentiment que le Parlement soit mis à l'écart de ces questions, ça ne veut pas dire qu'on est toujours d'accord en particulier avec les oppositions, mais il me semble que le Parlement...

PATRICK ROGER

Oui, parce que les oppositions, vous avez vu les Insoumis disent et accusent Emmanuel MACRON de traiter l'épidémie via ce Conseil, pour se protéger juridiquement.

MARC FESNEAU

Mais ça n'a aucun sens. Enfin, on peut nous dire tout ce qu'on veut, mais ces espèces de thèses complotistes... Le Conseil de défense, il était en place depuis des années, il a été en place au moment de la première vague épidémique, est-ce que pour autant les procédures judiciaires ont été arrêtées ? Est-ce que pour autant les ministres ne sont pas appelés devant des commissions d'enquête à répondre des décisions qui ont été prises ? Ça n'a aucun sens de dire ça. L'important ce sont les décisions. Le Conseil de défense, la seule différence qu'il a par rapport à d’autres structures, c'est qu'on est tenu au secret. Voilà. Mais ce secret-là n'empêche pas que ceux qui voudraient saisir la justice, puissent le faire. Bon, cette espèce de thèse complotiste qui est véhiculée par la France insoumise, me paraît un mauvais procès. Les faits démontrent que c'est factuellement faux.

PATRICK ROGER

Oui. Bon. Marc FESNEAU, Jean-Louis DEBRE rend sa copie aujourd'hui sur un éventuel report des élections régionales. Vous, vous y êtes favorable à ce report éventuellement, ou pas ?

MARC FESNEAU

En tout cas la question est posée, Jean-Louis DEBRE rendra effectivement ses conclusions. Je sens une convergence vers l'idée que mars ne serait peut-être pas raisonnable, j’entends en tout cas un certain nombre de leaders de l'opposition qui disent juin paraît un horizon raisonnable. On verra ce que propose Jean-Louis DEBRE. Il me semble que ça pose une question de capacité à faire campagne, ça pose une question d'organisation le jour du scrutin, et de mobilisation aussi, parce que vous voyez bien, on a bien vu l'épisode au mois de mars l'an dernier sur les municipales, qu’il y avait un effet de mobilisation, de démobilisation plutôt en l'occurrence. Il faut attendre ce que dit Jean-Louis DEBRE, mais si on pouvait trouver à défaut d'un consensus, une voie de convergence pour dire : c'est plus raisonnable que le débat démocratique puisse se passer dans les meilleures conditions en juin, il me semble que ça pourrait être un horizon qui soit intéressant.

PATRICK ROGER

Alors, est-ce qu’il pourrait y avoir la possibilité d'expérimenter le vote par correspondance à cette occasion ?

MARC FESNEAU

Manifestement, c'est un débat qui est sur la table, qui est posé par mes amis du MoDem, mais pas qu’eux, le Sénat d'ailleurs dans un premier texte qui tenait, qui parlait d'affaires électorales, avait posé la question du vote par correspondance, je pense qu'il faut se mettre autour de la table. Regarder les contraintes que ça pose, regarder les risques que ça porte.

PATRICK ROGER

Vous, vous y êtes favorable justement, vous allez un petit peu l’encourager ?

MARC FESNEAU

En tout cas, enfin, moi j'ai besoin d'éclairer ma propre opinion, parce que je n’ai pas de déclarations à l'emporte-pièce, j’ai besoin d'éclairer ma propre opinion pour savoir si c'est faisable, dans quel délai c’est faisable et si ça peut être intéressant, entre la mobilisation...

PATRICK ROGER

Parce que là, on a un peu de temps, on peut organiser les choses.

MARC FESNEAU

Mais c'est ça qu’il faut regarder, en tout cas c'est une voie qu'il faut explorer.

PATRICK ROGER

Bon, est-ce que vous serez candidat vous justement pour la région Centre Val-de-Loire ?

MARC FESNEAU

Pour l'instant je suis totalement mobilisé dans ma fonction de ministre, y compris d'ailleurs dans...

PATRICK ROGER

Oh, ça, ça veut dire que je réfléchis quand même, quoi.

MARC FESNEAU

Mais, je n’ai pas dit que je n'y réfléchissais pas, mais ne me demandez pas ce matin de dire quelle sera ma décision, parce que je pense que le moment n'est pas venu de poser ce type de décision, et deux, mon seul souci c'est d'essayer dans mes fonctions ministérielles, au niveau national et aussi au niveau régional, de faire en sorte que nous puissions accompagner la crise, et les difficultés que rencontrent - vous en avez parlé - les chefs d'entreprise et les différents citoyens en termes de demandes d'emploi, de difficultés pour un certain nombre d'entreprises. Et c'est plutôt ça qui mobilise mon attention. Le temps viendra de la décision, évidemment les élections régionales sont une étape importante.

PATRICK ROGER

Marc FESNEAU, nous sommes le 13 novembre, il y a 5 ans se produisaient les attentats terribles au Stade de France, au Bataclan évidemment. De tels attentats, des attentats de ce type pourraient de nouveau se reproduire, il y a encore ce matin des notes en fait des renseignements disant que l'alerte est au maximum.

MARC FESNEAU

Eh bien il faut rester vigilant, parce que c'est un combat de très long terme. Je voudrais avoir une pensée pour les victimes des attentats du Bataclan et puis ceux qui ont survécu et qui restent des victimes au fond, et qui restent marqués à vie, ceux qui ont été victimes et ceux qui sont intervenus sur les lieux, et en pensant à eux, penser à la nécessité que nous avons de protéger au maximum les Français ; Il y a des moyens qui ont été rajoutés en termes de sécurité, en termes de renseignement, parce que je pense que la question du renseignement est essentielle, et donc l'énergie de l'exécutif et l'énergie de tout le monde doit être mobilisée. Et puis la vigilance de tout le monde au fond elle doit être mobilisée, pour faire en sorte qu’on puisse mettre hors d'état de nuire, avant qu'ils n'y procèdent, à des actes de telle nature, ceux qui ont des idées de cette nature.

PATRICK ROGER

Eh bien oui, mais vous avez vu, il y a cette inquiétude autour de radicalisés qui vont sortir de prison. Est-ce qu'il ne faudrait pas passer à une législation d'exception en quelque sorte, comme certains le réclament ?

MARC FESNEAU

Mais il y avait un texte qui avait été proposé, il se trouve que le texte a été censuré par le Conseil constitutionnel, lequel Conseil constitutionnel, si j'ai bien lu la documentation, dit qu'il y a peut-être une autre voie, en tout cas c'est une question qu'il faut se poser, parce qu’effectivement...

PATRICK ROGER

Mais c'est urgent là, c'est dans quelques semaines.

MARC FESNEAU

On procèdera et on réfléchira aux mesures et aux voies et moyens pour essayer d'éviter que ceux qui sont radicalisés, et qui sont restés radicalisés, parce qu'un certain nombre d'entre eux, parfois dans le passage en prison, je ne sais pas si le terme repenti est bon, mais reviennent sur ce qui a pu mouvoir leur de leur action...

PATRICK ROGER

C’est une urgence en tout cas.

MARC FESNEAU

Mais c'est un sujet évidemment urgent, c'est un sujet de préoccupation et puis c'est un sujet de surveillance en tout état de cause de toute façon.

PATRICK ROGER

Marc FESNEAU, question avec Cécile de MENIBUS.

CECILE DE MENIBUS

Le documentaire « Hold-up », je ne sais pas si vous l'avez vu. Vous l'avez vu ?

MARC FESNEAU

Non.

CECILE DE MENIBUS

C'est un documentaire qui est sorti mercredi, qui présente la pandémie du Covid comme un complot mondial. Certains le conspuent, d'autres le portent aux nues, est-ce que c'est, selon vous, on reste dans le cadre de la liberté d'expression ?

MARC FESNEAU

Eh bien on reste dans le cadre de la liberté d'expression et la liberté d'expression me permet de dire que c'est un tissu, je ne l’ai pas vu mais j'ai lu un certain nombre d'accusations qui sont proférées, ma liberté d'expression me permet de dire que c'est un tissu de complotisme et de mensonges. Voilà.

CECILE DE MENIBUS

Donc ça veut dire quoi ? Qu’on est plus proche de la diffamation ?

MARC FESNEAU

Je ne sais pas si c'est de la diffamation, parce que c'est une espèce de diffamation non nommée, si je peux dire, c'est un système, des gens qui se sont réunis on ne sait où, pour décider qu'on allait faire un virus avec une volonté que les élites, tout ça me paraît hors de sens, malheureusement ça peut recevoir un écho dans la population, et je pense que quand on est en régime démocratique, il faut combattre un par un les arguments. On ne convoquera pas tout le monde, mais je trouve que le travail d'ailleurs des medias est assez remarquable pour essayer point par point de démonter et de démontrer que ce sont des thèses complotistes et que ça ne tient pas la rampe 4 secondes.

PATRICK ROGER

Oui, et l'opposition parfois justement l'exploite un petit peu trop ?

MARC FESNEAU

Eh bien je trouve que tous ceux qui se livrent à ces théories complotistes, font œuvre nuisible à la démocratie. La démocratie, la liberté d'expression ça doit aussi s'appuyer sur des faits, et y compris dans votre travail à vous, je trouve qu'on ne puisse pas appuyer des choses sur des faits, simplement des déclarations de gens qui disent : « j'ai vu, je crois que », c'est les mêmes qui nous expliquaient qu'on n’avait pas été sur la Lune et que la Terre était plate. Les mêmes qui nous expliquaient que les attentats du World Trade Center étaient un complot fait par les Américains et d'autres puissances. Donc je trouve qu'à chaque fois il faut se battre pied à pied, y compris par les réseaux sociaux, y compris avec ceux qui contrôlent les informations, pour faire en sorte qu'on ne laisse pas prospérer n'importe quoi. Mais c'est du n'importe quoi absolu.

PATRICK ROGER

Merci Marc FESNEAU.

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