Les députés démocrates approuvent les grands principes du confinement

Jean-Noël Barrot, Secrétaire général du Mouvement Démocrate, député des Yvelines, s'est exprimé au nom du groupe Mouvement Démocrate et Démocrates apparentés à la tribune de l'Assemblée nationale, jeudi 29 octobre 2020. Les députés démocrates approuvent les grands principes du confinement. Retrouvez l'intégralité de son discours ci-dessous. 

"Monsieur le Premier Ministre,

Vous voici ce matin devant la représentation nationale pour soumettre à son approbation l’une des décisions les plus graves, l’une des décisions plus lourdes dont elle ait jamais eu à débattre.   

Il y a six mois nous entrions en guerre contre cet ennemi invisible qui mit la planète à genou. Nous consentions à nous priver de nos libertés, à fermer nos écoles, à nous tenir à l’écart de nos proches pour faire barrage à une vague emportant tout sur son passage. Nous pleurions nos morts. Nous avons résisté, nous avons tenu, et nous avons cultivé l’espoir que le pire était désormais derrière nous,  que nous pourrions faire face en attendant un traitement ou un vaccin.

Mais voici que l’Europe tout entière est en proie avec une réplique, avec une nouvelle déferlante aussi violente qu’inattendue. Et voici que la France, et son gouvernement, Monsieur le Premier Ministre, se retrouve face à un défi immense. Protéger les français, et assurer la continuité de la vie économique, sociale et politique de la Nation.

Sur cette ligne de crête, le Président de la République a fait le seul choix qui s’imposait, et à la vérité, le seul choix qu’il nous reste, celui du reconfinement. Et nous devons avoir la lucidité de partager son constat, à la lumière de l’aggravation exponentielle de l’épidémie sur tous les territoires de la république. Nous devons avoir l’humilité de reconnaître qu’il n’y a pas de solution miracle. Le Président en a fait hier la démonstration imparable : nos capacités de réanimation arrivent à saturation, et ni un confinement sélectif, ni la meilleure stratégie de test du monde ne résoudrait rien. Nous devons donc être à la hauteur de notre responsabilité alors que tant de vie humaines sont en jeu. Et la France n’attache pas de prix à la vie humaine.

Monsieur le Premier Ministre, vous nous avez présenté la façon dont vous entendez mettre en œuvre ce confinement.

Les députés du groupe MoDem et Démocrates apparentés approuvent […]

Monsieur le Premier Ministre, vous avez souhaité présenter les contours et le détail de ces mesures au Parlement et solliciter son vote. Nous saluons cette initiative. Comme le veut la Constitution, le parlement vote les lois, il contrôle l’action du gouvernement et évalue les politiques publiques.

Et l’Assemblée nationale n’a pas manqué à son devoir depuis le début de la crise. Les députés se sont pleinement mobilisés pour amender et voter les textes d’urgence, pour habiliter le gouvernement à légiférer par ordonnance parfois, mais à contrôler son action, toujours. Et nous continuerons de le faire, jusqu’au bout, car nous ne gagnerons cette guerre qu’à la condition que le peuple français y est associé à travers ses représentants.

Alors vous allez voir défiler à cette tribune, sur les réseaux sociaux, sur les chaînes d’information en continue, vous allez voir défiler le long cortège de critiques avisés, de procureurs en verve, de spécialistes du complot et de faux prophètes se perdre dans de vains réquisitoires. Ceux-ci se diviseront en quatre catégories, également réparties.

Il y a ceux qui vous diront que si nous en sommes là, c’est que vous n’avez pas tiré les leçons de la crise du printemps. Un grand classique du genre. C’est nier l’évidence. C’est oublier de regarder ce qu’il se passe au-delà de nos frontières : toute l’Europe, l’Allemagne hier soir, est contrainte de battre le repli face au tsunami qui menace ses hôpitaux. C’est oublier que la deuxième vague est fondamentalement différente en ce qu’elle touche toute la France en même temps. C’est méconnaître la réalité des faits : notre capacité de tests a été décuplée. Notre capacité à armer des lits de réanimation va doubler. Oh qu’il est tentant de se refaire une santé médiatique ou politique ainsi ! Mais c’est irresponsable.

Il y a ceux qui vous diront que vous en faites trop. Qu’après tout, nous avons appris à vivre avec le virus, à porter le masque, à aménager nos espaces de travail, nos salles de restaurants ; Qu’il faut nous laisser vivre, plutôt que d’interrompre l’activité économique et sociale. Le Président de la République l’a rappelé très clairement hier, toutes ces précautions ne suffisent plus. Mais il a réaffirmé avec force que personne ne serait laissé au bord du chemin. Grâce au maintien de l’activité partielle, du fonds de solidarité, des prêts garantis par l’Etat qui ont préservé des millions d’entreprises et de salariés et continueront de le faire. Il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître.

Il y a ceux, c’est la troisième catégorie, qui vous dirons que vous n’en faites pas assez. Qu’il eût fallu fermer les lycées, ou les entreprises, ou les maisons de retraite, ou les frontières à l’intérieur de l’Europe. C’eut été impensable. Voulons nous contraindre une nouvelle fois à l’isolement nos personnes âgées et dépendantes ? Voulons nous sacrifier une génération d’étudiants déjà durement éprouvée par la crise ? Voulons nous renoncer à travailler, à créer, à entreprendre ? Non ! Il faut avoir le courage de l’assumer.

La quatrième catégorie, c’est celle de ceux qui ne trouvent pas grand-chose d’autre à dire, mais qui sont mus par l’envie irrésistible d’alimenter la polémique. Ils vous diront que vous piétinez le parlement, que vous n’auriez même pas du solliciter son vote, ou alors si, mais la veille, ou le lendemain ou une autre  fois. La vérité c’est que tout cela n’est que vanité et bien loin de ce qui doit nous occuper aujourd’hui et dans les semaines qui viennent.

Ce qui doit nous occuper, mes chers collègues, c’est la solidarité, et la responsabilité.

Rien ne résiste à un pays uni. Et notre premier devoir, c’est d’être solidaires.

Solidarité d’abord, avec les plus fragiles, les plus petits, les plus modestes. Ce sont eux qui prennent la crise de plein fouet, le Président de la république l’a rappelé hier. Ils risquent plus que d’autres d’être touchés par la maladie. Ils risquent plus que d’autres de décrocher, de basculer dans la précarité et la misère. A ces indépendants qui pointent pour la première fois au RSA, à ces étudiants qui ne trouvent pas de petit boulot, à ces familles monoparentales, nous devrons trouver des solutions, si les annonces que vous avez faites la semaine dernière, Monsieur le Premier Ministre, devaient ne pas suffire. N’oublions pas la jeunesse, qui est au cœur du plan de relance, et qui doit rester au cœur de nos préoccupations.

Solidarité aussi avec les associations, les entreprises, les commerçants, les restaurateurs, les artistes. Comme le virus se propage au travers de nos relations sociales, les difficultés qu’imposent le confinement aux entreprises fermées administrativement se propageront  à l’ensemble de l’économie. Avec les difficultés de trésorerie, d’abord, qui se diffusent par l’intermédiaire des retards et des défauts de paiement. Avec la baisse de la demande, et les ruptures d’approvisionnement. Avec le risque majeur que se dégrade le patrimoine culturel et entrepreneurial de la France. Une entreprise qui disparaît, c’est un tissu de relation, un savoir-faire, une culture, une communauté qui sont perdus à jamais. Un commerce qui ferme, c’est la vie, c’est l’âme d’un village que l’on éteint. Nos entreprises, nos commerces et nos artisans sont un trésor national qu’il est de notre devoir de protéger. Quoi qu’il en coute. Les dispositifs mis en œuvre au printemps ont fait leur preuve et doivent être amplifiés. Les 100 millions d’euros du plan de relance donneront des perspectives aux collectivités, aux entreprises qui ont déjà massivement répondu aux premiers appels à projet. Mais il faudra aller plus loin. Accompagner la mutation, la digitalisation des modèles économiques pour tenir compte de l’évolution des comportements. Traiter la question centrale des loyers. Les députés démocrates ont fait des propositions en ce sens que nous invitons Monsieur le Premier Ministre, à mettre en œuvre sans attendre.

Solidarité avec les soignants. C’est la moindre des choses que France confinée puisse faire pour les  héros qui se battent pour elle : médecin, infirmiers, ambulanciers, aide-soignant, auxilières de vie, brancardiers, pharmaciens. Toutes ses blouses blanches qui se sont illustrés au printemps par leur bravoure, qui ont accumulé une immense fatigue, et qui repartent sur la première ligne du front. Qui doivent parfois à contrecoeur déprogrammer des opérations pourtant vitales pour leurs patients. Ils sont la grandeur de la France, et notre gratitude envers eux est inépuisable. Au nom du groupe MoDem, je veux saluer la concrétisation des accords du Ségur de la santé dans le PLFSS pour 2021 qui viennent revaloriser leurs rémunérations et redonner des marges de manœuvre à l’hôpital. Sans doute faudra-t-il aller plus loin pour leur témoigner de notre pleine reconnaissance.

La solidarité est une condition nécessaire, mais elle n’est pas suffisante. Car ce qui est en jeu, c’est la vitalité de notre démocratie qui traverse une redoutable épreuve. Et nous sommes donc appelés individuellement et collectivement à la responsabilité.

Notre responsabilité première, c’est de faire reculer l’épidémie en respectant les gestes barrières, les règles du confinement. En téléchargeant tousanticovid. Que ceux qui l’ont téléchargé lèvent la main ! Chacun doit être acteur de la bataille que nous livrons ensemble contre le virus. Dans ce combat que nous menons en commun, nous avons la responsabilité les uns des autres. Dans le respect des consignes sanitaires, chacun peut aussi apporter secours et assistance à un voisin isolé, à une famille dans le besoin. Je forme le vœux que l’esprit de fraternité qui a germé au printemps nous aide à affronter cet automne reconfiné.

Notre responsabilité collective, c’est de garantir la continuité de nos institutions dans un moment où nous restreignons les libertés individuelles comme rarement nous l’avons fait dans l’histoire. Nous ne saurions nous habituer, car nous chérissons la liberté, en France plus que partout ailleurs. Cela suppose, je l’ai dit, que le parlement soit associé aux décisions que vous prendrez, et à travers lui, le peuple français. Cela suppose aussi que les français n’aient pas à choisir entre leur santé et l’exercice de leurs droits civiques. Le moment est venu de nous doter d’un système de vote pleinement opérationnel en temps de crise. En moins d’une semaine70 millions d’américains ont voté par correspondance. Après l’abstention record constatée lors des précédents scrutins, nous devons maintenant réagir. C’est une idée que les démocrates défendent et contineront de défendre.

Notre responsabilité enfin, c’est de ne pas renoncer, de ne pas nous décourager à préparer ce qui viendra ensuite. Invitant l’Europe à Refaire la Renaissance, Emmanuel Mounier disait « qu’ Il ne faut guère compter sur les époques satisfaites, et que les crises seules rappellent la plupart à la méditation ». Il avait raison, et au travers des ténèbres où nous voici plongés pointe une lueur d’espoir. L’espoir qu’un autre monde puisse émerger des ruines du précédent. Un monde plus sûr, plus fraternel, plus juste. Une Europe plus indépendante, plus protectrice. Une place repensée pour l’homme dans son environnement.  Un modèle de développement dans lequel l’intérêt privé est toujours contraint de céder l’intérêt général, à la préservation des biens communs. Une association toujours plus large des salariés au partage de la valeur et à la gouvernance des entreprises. Une égalité de fait entre les femmes et les hommes. Une France dans laquelle chacun puisse se réapproprier son destin. Une France plus forte, prête à affronter les grandes crises comme celle que nous vivons aujourd’hui.

Vous l’avez compris, Monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les membres du Gouvernement, mes chers collègues, le Groupe Mouvement démocrate et Démocrates apparentés soutient la politique que vous entendez mener, en nous appelant collectivement à faire démonstration de solidarité et de responsabilité. 

Je vous remercie"

Jean-Noël Barrot

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