🏛Points d'Accueil pour Soins ImmĂ©diats : 4 questions Ă  Cyrille Isaac-Sibille

Cyrille Isaac-Sibille
(© Baptiste Hamousin)

Suite aux difficultĂ©s que rencontre le milieu hospitalier notamment face Ă  la problĂ©matique des urgences, Cyrille Isaac-Sibille, dĂ©putĂ© du RhĂŽne, mais aussi mĂ©decin, prĂ©sente une proposition de loi qui consiste Ă  labelliser des Points d'Accueil pour Soins ImmĂ©diats. Éclairage.

Les Points d'Accueil pour Soins ImmĂ©diats, dĂ©nommĂ©s PASI, sont des unitĂ©s de soins non programmĂ©s destinĂ©es Ă  dispenser les soins urgents pour des pathologies n’engageant pas le pronostic vital. Ils sont identifiĂ©s par une signalĂ©tique "croix orange" et labellisĂ©s au sein d’établissements de santĂ© publics ou privĂ©s. Ils contribuent Ă  la gradation de l'offre de soins non programmĂ©s dans les territoires qu'ils desservent.

Mouvement DĂ©mocrate - Les services d’urgence en France sont saturĂ©s, pourquoi ?

Cyrille Isaac-Sibille - Selon la Drees, la fréquentation annuelle des services d'urgences a atteint 20,3 millions de passages en 2015, soit 42 % de plus qu'en 2002, et 3 % de plus qu'en 2014. 59 % des personnes interrogées évoquent la commodité du recours aux urgences comme un motif de leur présence dans le service.

Face Ă  une demande de soins immĂ©diats, les mĂ©decins de ville Ă©tant souvent surchargĂ©s de travail, les malades se tournent de plus en plus vers les services hospitaliers d’urgence pour bĂ©nĂ©ficier d’un diagnostic rapide et d’une prise en charge globale.

Le patient vient aux urgences, malgré un temps d'attente de plusieurs heures :

  • par facilitĂ© (horaires) ;
  • parce qu’il sait qu’il ressortira de l'hĂŽpital avec un diagnostic et une prise en charge complĂšte, ceci grĂące au plateau technique prĂ©sent au sein des hĂŽpitaux. Il Ă©vite ainsi les allers-retours entre mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste, radiologue, biologiste ou spĂ©cialiste avec des rendez-vous l’obligeant Ă  prendre plusieurs demi-journĂ©es de congĂ©s, sur un laps de temps relativement long.

À ce jour, il est de plus en plus difficile pour des mĂ©decins libĂ©raux de disposer de matĂ©riels leur permettant d’effectuer des soins de premiĂšre urgence : matĂ©riel et suivi de stĂ©rilisation pour petite chirurgie, salle et matĂ©riel pour rĂ©aliser des plĂątres, prĂ©sence ou coordination avec une imagerie et une biologie, etc.

Le systĂšme français oriente presque systĂ©matiquement tous les patients vers les services d’urgences. Ceux-ci ont un coĂ»t de fonctionnement trĂšs Ă©levĂ© en raison de l'obligation d’ouverture 24h/24 et de la prĂ©sence d’un mĂ©decin urgentiste titulaire.

Quelles solutions proposez-vous, Ă  travers cette proposition de loi, pour dĂ©sengorger les services d’urgence ?

En ma qualitĂ© de DĂ©putĂ© du RhĂŽne, j’ai Ă©changĂ© Ă  plusieurs reprises avec Monsieur Jean-Yves Grall, Directeur GĂ©nĂ©ral de l’Agence RĂ©gionale de SantĂ©, et avec la directrice des urgences des Hospices Civils de Lyon sud, suite aux difficultĂ©s que rencontre le milieu hospitalier, notamment face Ă  la problĂ©matique des urgences.

20 Ă  25% des passages dans leur services ne nĂ©cessitent pas l’intervention de mĂ©decins urgentistes.

Ils sont arrivĂ©s Ă  une conclusion commune : rĂ©pondre Ă  la demande de soins immĂ©diats n’engageant pas le pronostic vital du patient, dans des structures autres que les urgences.

Ainsi il serait possible de faire baisser le nombre de passages aux urgences et donc leur coût tout en répondant à la demande des patients.

Quelles pathologies seraient redirigĂ©es vers les accueils mĂ©dicaux de ce label ? En quoi consistent les points d’accueil pour soins immĂ©diats (PASI) – Ă©galement nommĂ©s "croix orange" ?

Les PASI sont dédiés à la prise en charge des soins immédiats ne représentant pas une urgence vitale, type plaies nécessitant des points; pathologie orthopédique simple ( présomption d'entorse, fractures) nécessitant une radio ou un plùtre, fiÚvres


La proposition de loi propose de créer des PASI au sein de structures existantes (hÎpitaux de proximité, cliniques, maisons médicales...) qui possÚdent un plateau technique simple : biologie, radio, plùtre et suture.

Dans l’application de la graduation des soins urgents, les PASI proposent une rĂ©ponse pour des soins mĂ©dicaux nĂ©cessitant un plateau technique.

Dans le cas oĂč la pathologie dĂ©passe la compĂ©tence du mĂ©decin du PASI, il peut demander un avis spĂ©cialisĂ© au sein de la structure ou par tĂ©lĂ©diagnostic ou les rĂ©orienter vers les services spĂ©cialisĂ©s compĂ©tents ou un service d’urgence. Ils assurent, en cas de nĂ©cessitĂ©, l'orientation des patients vers des structures dispensant des soins de second recours.

Le mĂ©decin du PASI est un mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste libĂ©ral payĂ© Ă  l’acte. Les horaires d’ouverture des PASI sont contractualisĂ©s avec les Agences RĂ©gionales de SantĂ© (ARS) et n’ont pas d’obligation d’ouvrir 24H/24 et 7 jours sur 7.

Les citoyens identifient facilement les structures, grùce à leur signalétique simple :

  • les pharmacies Ă  la croix verte pour le conseil
  • Les mĂ©decins traitants
  • une croix orange pour les PASI.
  • les services d’urgences Ă  la croix rouge pour les urgences vitales.

Ainsi les patients se dirigeront naturellement vers ses structures identifiĂ©es sur l’ensemble du territoire sans recourir systĂ©matiquement aux urgences. La population doit ĂȘtre en mesure d’identifier une gradation dans l’offre de soins : du maux de tĂȘte Ă  l’urgence vitale.

La labellisation “PASI” serait donnĂ©e par l’ARS suivant un cahier des charges dĂ©fini.

L’accĂšs aux soins dans les zones rurales s’avĂšre souvent compliquĂ©. Que prĂ©voit Ă  cet effet cette proposition de loi ?

La crĂ©ation de ces PASI permettra de mailler le territoire d’une offre de soins immĂ©diats graduĂ©e et identifiĂ©e : toute structure mĂ©dicale disposant d’un plateau technique de 1er degrĂ© pourrait ĂȘtre PASI tel que les hĂŽpitaux de proximitĂ©, les maisons mĂ©dicales


Les hĂŽpitaux de proximitĂ© et les maisons mĂ©dicales sont prĂ©sents sur des zones rurales contrairement aux services d’urgences prĂ©sents dans les grands hĂŽpitaux.

Il ne serait alors plus nĂ©cessaire de se rendre au service d’urgences Ă  plus de 30 kilomĂštres de son domicile pour une entorse.

Actuellement, les soins non programmĂ©s devraient ĂȘtre pris en charge par le premier recours :

  • La mĂ©decine de ville (actuellement sans organisation particuliĂšre) et les futures communautĂ©s professionnelles territoriales en santĂ© (CPTS) : une nouvelle modalitĂ© d’organisation de la ville permettant d’organiser la prise en charge des soins non programmĂ©s qui vise Ă  amĂ©liorer le parcours en santĂ© du patient. Les CPTS prĂ©vues par la loi ma santĂ© 2022 devraient mettre quelques annĂ©es Ă  se structurer.
  • La permanence des soins ambulatoires sur des horaires spĂ©cifiques et notamment les maisons mĂ©dicales de garde.
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