Valéry Giscard d’Estaing, un Président au centre, libéral, européen

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(© Jean-Regis Roustan - Getty Images)

La disparition de Valéry Giscard d’Estaing le 2 décembre 2020 a provoqué une grande émotion au sein de la famille centriste. Le Mouvement Démocrate vous propose un portrait de cet homme d'Etat qui oeuvra à moderniser la France et à porter le projet européen. 

Lorsque Valéry Giscard d’Estaing est élu président de la République en 1974, à 48 ans, c’est la première fois que le centre arrive au pouvoir en France. Car le nouveau président, jeune, plein d’allant, a pour objectif le dépassement du clivage entre la droite et la gauche. En 1972, lors d’un discours à Charenton, Giscard prononce la phrase : « La France souhaite être gouvernée au centre ».

Il y a chez Valéry Giscard d’Estaing une intuition forte, essentielle : la France ne doit pas être gouvernée seulement d’en haut. Ce sont les énergies de la société civile qui doivent donner une impulsion au pays. Ce libéralisme-là est l’héritier direct de l’orléanisme de la Monarchie de Juillet. Entre la pensée de François Guizot, qui mise sur les forces vives des « supériorités naturelles » et le libéralisme dynamique et ambitieux de Valéry Giscard d’Estaing, la parenté est évidente. Avec cette différence de taille : si Guizot s’oppose fermement à la démocratie naissante, Valéry Giscard d’Estaing est démocrate. Auteur de l’ouvrage Deux Français sur trois (Flammarion, 1984), il entend tenir compte des opinions du pays, dans leur diversité. Le libéralisme de Giscard est un orléanisme moderne.

En s’invitant à la table des Français, en jouant de l’accordéon à la télévision, en affichant un flegme charmeur, Valéry Giscard d’Estaing bouleverse les codes du décorum présidentiel. Bien moins solennel que le général de Gaulle ou que Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing slalome entre les styles avec aisance. A ses yeux, un président doit être proche des citoyens.

Dès 1966, avec les clubs Perspectives et réalités, Valéry Giscard d’Estaing promeut un libéralisme nouveau, plus en phase avec la nouvelle société théorisée alors par Jacques Chaban-Delmas. Pour porter ces idées, le jeune Giscard ne manque pas d’atouts : brillant, il est énarque, polytechnicien, économiste, d’abord inspecteur des Finances, puis haut-fonctionnaire. Élu local, à Chamalières, il est ancré dans ses terres d’Auvergne. Sous de Gaulle et Pompidou, il est nommé ministre des Finances et des Affaires économiques, où ses compétences en économie sont unanimement reconnues.

Lors de sa présidence, Valéry Giscard d’Estaing doit affronter deux chocs pétroliers, en 1971 et en 1973 : en 1976, la crise économique s’impose au pays. Mais avant, entre 1974 et 1975, le jeune président met en œuvre, avec le soutien des centristes, un réformisme politique, social et moral : la majorité civile et électorale à 18 ans au lieu de 21 ans ; la fin du monopole d’État à l’ORTF ; l’extension du droit de saisine du Conseil constitutionnel ; l’Interruption Volontaire de Grossesse ; le divorce par consentement mutuel ; la réforme Haby qui instaure le collège unique et la formation professionnelle revisitée ; la possibilité d’un regroupement familial pour les travailleurs immigrés. Les avancées sociales sont indéniables, pour les femmes, les personnes âgées, ou la condition pénitentiaire. En matière sociale, sa pensée est inspirée par celle d’Albert de Mun.

Surtout, Valéry Giscard d’Estaing développe une vision pour l’Europe : il est à l’origine du Conseil européen, en 1974. Avec son homologue Helmut Schmidt, le président français œuvre pour un approfondissement des institutions communautaires. C’est lui qui saisit en 1979 le Conseil Constitutionnel pour que l’élection du Parlement européen se fasse au suffrage universel. C’est en 1979 qu’est créé l’ECU, première unité de compte européenne. Valéry Giscard d’Estaing trouve le nom judicieux, puisqu’il fait référence à une monnaie française. Bien au -delà de sa présidence, Valéry Giscard d’Estaing réfléchit à l’aventure européenne, qui lui tient à cœur. La formule lancée à François Mitterrand lors du débat d’entre-deux tours en 1974, « Vous n’avez pas le monopole du cœur », a une résonance particulière. Car pour Valéry Giscard d’Estaing l’amitié a un sens réel et fort : en 2001, dans la revue Commentaire (numéro de printemps, n°93), Valéry Giscard d’Estaing publie un article émouvant intitulé « De l’amitié en Europe. A propos d’Helmut Schmidt ». Entre Valéry Giscard d’Estaing et le chancelier Helmut Schmidt, une amitié véritable s’est nouée, qui a duré toute leur vie. Les deux hommes ont partagé une vision commune de l’Europe : Helmut Schmidt a préfacé l’ouvrage de Valéry Giscard d’Estaing Europa, la dernière chance d l’Europe (2014), et ont continué, tout au long des années, de dialoguer amicalement.

Homme de cœur, d’énergie et de progrès, Valéry Giscard d’Estaing a fait preuve, en toutes circonstances, d’un optimisme remarquable ; N’a-t-il pas, un jour, déclaré : « Je n’ai pas de méfiance. D’abord, c’est dans ma nature. Je ne suis pas méfiant. Et puis je crois qu’au final, c’est mieux. »

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