Université 133 "Economie et développement durable" : auditions de Jimmy Pahun, Marguerite Deprez-Audebert, Jean-Luc Lagleize

Notre réflexion collective Université 133 se poursuit à distance. Dans cette période si difficile pour chacun d’entre nous, il est essentiel de maintenir les liens et de s’interroger ensemble sur les transformations à venir. Si nous affrontons une crise sanitaire, elle n’est pas déconnectée des questions environnementales. Les 3 piliers : économique, social, environnemental, risquent être profondément bouleversés.

Comment nous, en tant que centristes, nous saisissons-nous des enjeux environnementaux ?

Quelles valeurs nous guident dans la réflexion sur la place de l’homme dans la nature ? Le rapporteur de l’atelier, Louis de Redon (maître de conférences en droit de l’environnement, Agro ParisTech et avocat) a mené des auditions de parlementaires du Mouvement démocrate, avec Olivia Leboyer (politologue, coordinatrice d’Université 133 avec l’historien Christophe Bellon) et deux universitaires, Gaëlle Audrain-Demey (docteur en droit de l’environnement) et David Guillerm (co-fondateur, avec notre amabassadeur Yann Wehrling, des Démocrates pour la planète). 

Jimmy Pahun, député du Morbihan et navigateur (membre de la commission du développement durable), Marguerite Deprez-Audebert, députée du Pas-de-Calais (membre de la commission des Affaires économiques et sociales) et Jean-Luc Lagleize, député de Haute-Garonne (membre de la commission des Affaires économiques et sociales) ont répondu aux questions des chercheurs sur leurs thèmes de réflexion respectifs : la sauvegarde des mers et océans ; les évolutions du tourisme ; les transformations en matière d’urbanisme et les inégalités sociales dans le domaine du logement.

Dans les questions d’environnement, la dimension sociale est essentielle. Qu’est-ce qu’une vie digne ? Les discours extrêmes, qui tiennent la nature pour plus importante que l’homme, ne sont pas compatibles avec la sensibilité centriste. C’est ce qui nous distingue des verts, qui partent de la nature à protéger. Nous, nous partons de l’homme, et de l’homme dans son environnement. Nous plaçons l’homme au centre. Dignité humaine, rationalité, modération, décentralisation, réflexion sur le droit de propriété et les abus qui peuvent en découler, politique européenne, rôle de la science, recherche de la justice sociale, autant de thèmes centraux dont chercheurs et parlementaires ont débattu.

L’audition de Jimmy Pahun nous a rappelé que les océans possèdent une dimension patrimoniale et devraient constituer un véritable bien commun de l’humanité, comme le soutient notre députée européenne Catherine Chabaud. Le Green Deal européen suscite de grandes attentes. Le 1er mardi de mars, avec 45 collègues, Jimmy Pahun a fait une photo avec les responsables de la plateforme Océan Climat pour porter la voix de la France au niveau politique : il s’agissait de donner à la haute mer une portée juridique. Créer des aires marines protégées fortes autour de l’Hexagone est également nécessaire. La vertu de la modération, chère aux centristes, se retrouve avec l’idée de limiter la surpêche, la responsabilité avec l’idée d’interdire les plastiques, menée notamment par la Fondation Tara. La politique européenne a été très importante dans notre façon de gérer ces problèmes. Jimmy Pahun a souligné, également, à quel point la loi sur l’économie circulaire est une grande loi :

Plutôt que reconstruire notre monde, il va nous falloir le réparer.

Nous continuerons à réfléchir sur les questions de modération et de raison (l’homme se comporte souvent comme un prédateur de ressources : il faut revenir à ce dont nous avons besoin pour vivre dignement, sans excès).

Avec Marguerite Deprez-Audebert, nous avons réfléchi sur les transformations qui vont toucher le secteur du tourisme. Marguerite Deprez-Audebert, qui vient d’une filière industrielle, les arts graphiques, nous confie avoir toujours voulu concilier l’économie et l’écologie. Utilisé depuis peu, le mot économie touristique permet de réfléchir à ces enjeux. Dans notre monde libéral et hyper-connecté, où la liberté de mouvement apparaît comme une valeur, la crise sanitaire porte un coup d’arrêt brutal aux déplacements et voyages.

L’homme va-t-il être conduit à repenser son rapport à l’espace et au temps ? 

Avant, un voyage se projetait et s’effectuait en un temps long, de plusieurs semaines ou mois. De plus en plus, nous tentons de définir un tourisme durable et responsable. Avec Marguerite Deprez-Audebert, nous avons évoqué les concepts de responsabilité, de temporalité (avec l’idée de revenir à un « tourisme des 4 saisons »), d’éducation au voyage, de décentralisation. Si le secteur touristique est durement atteint dans son ensemble, certains territoires vont l’être durablement, comme les stations de montagne de basse ou moyenne altitude, près de la faillite, et que menace également le réchauffement climatique.

Au Mouvement démocrate, l’attention à la spécificité des territoires fait partie de nos valeurs cardinales. Louis de Redon avait d’ailleurs affirmé à la ministre Jacqueline Gourault :« Le développement peut être le prétexte à un nouvel acte de décentralisation ». On remarque que les pays qui réussissent le mieux pour l’environnement sont les pays les plus décentralisés (Allemagne, Etats-Unis, Suisse, par exemple). Marguerite Deprez-Audebert a rappelé également que le tourisme révèle bien souvent des inégalités sociales, sur lesquelles il nous faut réfléchir. (voir le rapport d’information de Marguerite Deprez-Audebert sur le tourisme, en ligne sur le site de l’Assemblée)

Cette question des inégalités et de la justice sociale est au cœur de la réflexion de Jean-Luc Lagleize. Elu local et conseiller en gestion du patrimoine, il est témoin, au plus près, des difficultés de nombre de Français, notamment dans les plus grandes villes, à se loger dignement. Le Premier ministre avait confié une mission à Jean-Luc Lagleize pour la lutte contre la spéculation financière dans les zones tendues. Le rapport vient d’être remis. Pour corriger certaines inégalités flagrantes, Jean-Luc Lagleize propose notamment de dissocier le foncier et le bâti. Une pente où seuls pourraient se loger les Français les plus riches et les Français les plus pauvres dans les logements sociaus doit absolument être jugulée. Développer un réseau de villes moyennes serait intéressant. Le breton David Guillerm souscrit à cette idée. Pour éviter la densification excessive, réhabiliter l’ancien, construire en hauteur seraient des pistes. Mais changer les schémas d’urbanisme ne se fait pas automatiquement, cela prend du temps.

Le rapport contient un volet fort sur la réhabilitation et la dépollution des friches urbaines. La question de l’artificialisation des sols constitue un sujet important. 

En France, le seul milieu naturel qui n’a jamais connu de loi, ce sont les sols. Il y a là un vide juridique.

Avec Jean-Luc Lagleize, nous avons discuté des concepts de responsabilité (L’Etat n’est pas seul responsable de l’aménagement du territoire, réguler le marché est nécessaire également), d’égalité des territoires, de décentralisation (la répartition des services publics sur le territoire), de contrainte et de liberté, de justice sociale. L’une des propositions de Jean-Luc Lagleize, dans son rapport, consiste à tenir un Grenelle de l’urbanisme. Une grande majorité d’élus n’anticipe pas, en effet, les transformations à venir. A moyen et long terme, on peut penser que de nouvelles façons d’habiter l’espace peuvent apparaître, avec des pratiques comme le télétravail, la transformation des transports, et peut-être un regain d’attraction des villes moyennes.

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