Réforme des retraites : sortir du "maquis des régimes et des exceptions"

Patrick Mignola

Réformer le système des retraites s’inscrit dans un véritable projet de société. C’est au cours du dernier trimestre 2019 que le projet de loi doit voir le jour : l’objectif est d’instaurer un système plus simple, plus juste pour tous, mieux adapté aux nouveaux temps sociaux. La préoccupation des pouvoirs publics doit être axée sur le maintien du niveau des retraites. Patrick Mignola, président du groupe du Mouvement Démocrate à l'Assemblée nationale et député de Savoie, répond à nos questions.

Mouvement Démocrate - Le nouveau système de retraites par points sera-t-il plus simple et plus juste pour tous ?

Patrick Mignola - La retraite par points, que nous défendions déjà lors de la campagne de François Bayrou en 2007, est d’abord un système clair et efficace. Aujourd’hui personne ne s’y retrouve plus dans le maquis des régimes et des exceptions, et le déséquilibre financier date des premiers livres blancs écrits il y a trente ans. Pour tous les futurs retraités, cette situation est anxiogène et dans un pays qui a fait de sa protection sociale une part de son bien commun, c’est dangereux pour le pacte civique qui doit continuer de nous souder. Nous allons donc poser un principe – les mêmes règles pour tous – et une obligation – l’équilibre financier dans la durée pour lever les incertitudes sur l’avenir.

La fin des régimes spéciaux constitue-t-elle un sujet délicat ?

Evidemment, un système universel induit la fin progressive des régimes spéciaux. Cela revient à sortir d’avantages construits au fil du temps mais qui apparaissent aujourd’hui comme autant d’injustices pour tous ceux qui n’en bénéficient pas : je n’ai pas à juger si un couvreur-zingueur qui travaille sur les toits par tous les temps a un travail plus dur que son frère, agent EDF qui a la responsabilité d’un barrage, mais je suis certain qu’il trouve injuste de ne pas bénéficier du même régime spécial. Une société ne peut pas vivre sereinement dans ce sentiment d’injustice permanente. Pour autant, nous devrons évidemment organiser une transition : ceux qui cotisent depuis longtemps à un régime spécial ne peuvent pas en perdre le bénéfice du jour au lendemain : les débats à venir porteront sur le délai à partir duquel les régimes spéciaux seront remplacés par le nouveau système universel.

Ce nouveau système, qui laisse chacun choisir son âge de départ, donne-t-il plus de liberté ?

C’est un de ses avantages principaux : on cotise, on sait à tout moment où on en est dans la composition de sa retraite, on peut donc décider des conditions de son départ. Mais nous tenons à un principe fondamental : le niveau des pensions ne doit pas baisser. Il doit même augmenter pour les plus petites retraites, quand les gens ont travaillé toute leur vie mais touchent seulement quelques centaines d’euros par mois. Nous voulons que leurs pensions ne puissent être inférieures à 75% du SMIC. C’est pourquoi le Président Macron a eu raison de parler de durée de cotisation plutôt que d’âge de départ. Selon son métier ou son parcours, la durée de cotisation à partir du moment où on entre sur le marché du travail assurera l’équilibre du système et donc le niveau des retraites. C’est bien mieux que la solution hypocrite, utilisée par de nombreux gouvernements auparavant, qui fixait un âge de départ théorique - à 60 ou 62 ans - pour s’assurer la paix sociale, mais en dissimulant sa contrepartie, qui était la baisse continue du niveau des pensions.

Comment va s’effectuer la transition entre l’ancien et le nouveau système de retraite ?

C’est l’enjeu le plus fondamental. Pour les carrières hachées et les salariés ne bénéficiant pas de régimes spéciaux, ce système va remettre du juste là où il avait disparu. Mais pour certaines professions, il pourrait y avoir une perte. Les régimes spéciaux devront donc, comme je l’ai indiqué avant, obtenir un délai de mise en œuvre. Mais je pense aussi aux enseignants, aux infirmières et aux aide-soignants : leurs rémunérations sont trop faibles dans notre pays, depuis bien longtemps, et ne leur assureront pas un bon niveau de retraite par points. La réforme devra donc s’accompagner d’une amélioration de leur statut et de leur salaire. De même, les professions libérales risquent de voir surcotiser pour assurer des pensions constantes : une négociation avec leurs caisses, qui ont toujours très bien géré leurs budgets et leurs réserves, devra définir les conditions qui permettront d’amortir le passage d’un système à l’autre.

Pensez-vous, comme l’a dit le président de la République, qu’il faut réformer les retraites davantage avec les Français, en les consultant ?

S’il y a un sujet sur lequel il faut refaire un Grand Débat, c’est bien celui-là. Il concerne tout le monde, et chacun doit donc savoir ce qu’est le régime actuel, ce que sera le régime à venir, et comment il sera mis en place dans le temps. De ces échanges naîtront sans aucun doute des solutions pour des métiers particuliers, pour la notion de pénibilité, pour garantir la pérennité du système. Car le plus important est de bâtir pour cinquante ans et ne plus remettre en cause les règles ! Cela mérite bien d’y passer un peu plus de temps pour débattre et pour mettre en place les nouvelles règles du jeu. C’est d’ailleurs ce que les députés MoDem ont demandé pour l’Acte II du quinquennat : après avoir réformé dans l’urgence pour que la France rattrape son retard dans les nombreux domaines où les précédents gouvernements avaient détourné le regard par lâcheté ou par calcul, le temps est venu de continuer notre transformation du pays, mais au plus près des Français. Chaque réforme doit être mieux partagée et s’inscrire dans le projet national que nous portons autour du Président de la République : celui d’une France mieux armée dans une économie libérale et mondialisée, qui soit ainsi capable d’en réguler les excès à l’aune de ses valeurs sociales, écologiques et sociétales. Fonder une nouvelle économie sociale de marché, et un pacte démocratique qui rende la parole aux Français, c’est cela le sens de notre engagement et l’exigence qui doit habiter toutes les réformes.

Thématiques associées

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par