"Pour une Europe de la résilience" - la tribune des Jeunes Démocrates 

Il y a 70 ans, Robert Schuman posait les bases de la construction européenne et une méthode pour y parvenir. Œuvre de paix et de développement, la communauté européenne a depuis permis de faire disparaître les guerres et les famines sur le continent et de conduire le formidable développement industriel et technologique de la seconde moitié du XXème siècle. Alors que nous vivons la pire crise sanitaire et bientôt économique depuis la Libération, ces succès résonnent avec d’autant plus de force.

Cependant, ces réussites ne doivent pas nous enfermer dans les mythes du passé et nous laisser envisager l’Europe actuelle comme un horizon indépassable. Au contraire, il nous appartient, à nous les jeunes générations, de l’adapter pour qu’elle continue de protéger les citoyens et les nations face aux risques protéiformes.

Comme au sortir de la Seconde Guerre mondiale, avant de réfléchir à la structure, il nous faut d’abord faire souffler un vent nouveau sur le continent.

C’est ce nouvel esprit qui doit émerger pour rassembler les Européens, au premier rang desquels les jeunes générations, autour de l’impérieuse nécessité de protéger nos valeurs de solidarité et de liberté qui sont trop souvent attaquées.

Dans un monde sans cesse soumis aux déstabilisations de tous ordres - économiques, sécuritaires, commerciaux, et, nous ne pourrons plus le nier, sanitaires - la protection de nos valeurs doit prendre la forme d’une éthique politique audacieuse, celle de la résilience.

Nous pensons la résilience comme une valeur fondamentale qui nous permettra de surmonter les chocs traumatiques et de regarder l’avenir avec confiance. La résilience est aujourd’hui l’atout clé de nos sociétés pour faire face aux défis de notre temps. Celle-ci passera pour la France par une Europe qui démontre davantage sa capacité de protection et de rebond.

L’Europe comme bouclier suppose que nous établissions une stratégie claire dans 4 domaines :

• l’économie en complétant les nouvelles marges de manœuvre de la BCE de mécanismes de prévention de la concurrence fiscale entre États ;
• le social en prévoyant un SMIC européen et un mécanisme de réassurance des assurances chômage ;
• la santé en sanctuarisant les dépenses par habitant et en prévoyant une politique de gestion des crises sanitaires ;
• la défense enfin en assurant une autonomie technologique et stratégique européenne.

Protéger d’abord, construire ensuite. Il nous faudra aussi garantir la capacité de rebond des Européens. Après les crises, nous sommes — et la France particulièrement — souvent trop lents à remonter la pente. Notre rebond dépendra de notre confiance dans l’avenir. C’est de perspectives positives dont l’Europe aura besoin à la suite de cette crise. Cela passera par de grands plans d’investissement :

• La protection de l’environnement pour trouver de nouvelles perspectives de développement en phase avec la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la biodiversité. La transformation écologique doit concerner en priorité nos modes de déplacement, de consommation et de production d’énergie ;
• La solidarité pour garantir que personne ne soit laissé sur le bord du chemin de l’innovation et de l’amélioration du niveau de vie. Cela passera par un effort important et concerté d’éducation et de formation, une refonte des aides sociales assurant davantage de transparence et de clarté, et une équité dans les efforts demandés à chacun.

Depuis 70 ans, l’Europe est une histoire collective qui ne s’imagine qu’avec ses millions de citoyens. Pour que ce nouvel esprit européen prenne vie, une condition est essentielle : l’amélioration de notre démocratie. L’Europe de Schuman était d’abord la mise en commun de moyens — administratifs, économiques ou industriels. L’Europe d’aujourd’hui doit la compléter d’une mise en commun des agora citoyennes.

Cette étape est fondamentale car l’Europe sera citoyenne ou ne sera pas.

Nous devons créer un espace public européen qui fait aujourd’hui défaut à une Union trop souvent éloignée de ses citoyens. C’est pourquoi, nous proposons de d’instaurer des listes transnationales pour les prochaines élections européennes, de favoriser la montée en puissance de l’Europe de la culture et de dynamiser nouveaux médias pan-européens.

Jamais nous ne répéterons assez combien l’aventure européenne nous a apporté et reste d’actualité. Aujourd’hui 9 mai comme tous les jours, nous devons nous rassembler pour affronter les enjeux auxquels nous continuerons de faire face demain.

Nous en appelons à une Europe de la résilience, à une Europe unie et déterminée à agir pour un avenir européen optimiste.