Portrait : Bruno Millienne

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Bruno Millienne, président du Modem Yvelines, conseiller régional d' Île-de-France au groupe MoDem et conseiller municipal de Jumeauville, revient sur son travail d'élu, et ses engagements politiques.

Vous êtes conseiller municipal à la Mairie de Jumeauville dans les Yvelines (78) et dorénavant conseiller régional. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours politique ? Qu’est-ce qui vous a conduit à vous engager au service de votre région ?

Pour être totalement honnête avec vous la politique m’a toujours intéressé, du plus loin que je me souvienne. Avec des parents profs, la politique d’une manière générale était très commentée à la maison. En revanche, j’ai mis très longtemps avant de m’engager totalement car je n’arrivais pas à trouver de structure politique qui réponde à mes attentes jusqu’à l’avènement du MoDem. Mon engagement pour ma commune (moins de 700 habitants) en tant que conseiller municipal est très lié au fait qu’elle se situe en territoire rural. Vous savez, ces territoires qui sont les grands oubliés des politiques qu’elles soient nationales ou régionales. Voyant qu’il était difficile de faire entendre sa voix au niveau local, je me suis dit que l’échelon régional était le bon échelon pour agir pour les territoires ruraux.  

Quand et pourquoi avez-vous rejoint le MoDem ? Selon vous, qu’est-ce que le MoDem apporte au paysage politique ? 

J’ai rejoint le MoDem en 2007 lors du congrès fondateur de Villepinte. C’était la première fois que j’adhérais à parti politique car les valeurs que défendait et défend toujours son leader, François Bayrou, sont les mêmes que les miennes. Après des débuts à Paris, dès mon installation définitive dans les Yvelines, j’ai rejoint le MoDem Yvelinois pour en assumer aujourd’hui les destinées. Je suis humaniste, pragmatique et réaliste. Je ne me sens jamais mieux que quand on place l’humain au centre de toutes les actions politiques. J’adhère également aux valeurs d’honnêteté et de droiture qui sont celles défendues par le MoDem. C’est un des seuls partis politiques, voire le seul qui n’ait jamais trempé dans quelque magouille que ce soit. Le MoDem, c’est ma seconde famille, ma seconde maison. Je m’y sens bien, libre de m’exprimer et reconnu. 

Vous avez longtemps travaillé dans le privé pour le groupe M6, pensez-vous que ce soit une valeur ajoutée pour votre mandat de conseiller régional ? Que pensez-vous de la professionnalisation de la politique ? Et du rapport aux médias des politiques?

Je tiens tout d’abord à vous préciser que je travaille toujours pour le Groupe M6. Cela me permet au passage de saluer le grand civisme de cette entreprise qui non seulement a accueilli mon élection avec beaucoup de fierté, mais qui depuis fait tout son possible pour faciliter l’exécution de mon mandat d’élu régional. Que ses dirigeants soient ici publiquement remerciés de toute l’aide qu’ils m’apportent. Cela prouve aussi qu’être salarié du privé n’est pas un frein à l’engagement politique. Ce n’est pas simple, mais avec de la bonne volonté de part et d’autre, on peut y arriver.

De plus, je pense capital que le renouvellement de la classe politique passe également par l’intégration de la société civile. La plupart du temps, les personnes issues de la société civile, ont une vue plus pragmatique et réaliste du quotidien des concitoyens car il le partage. Bref, ils sont moins déconnectés des réalités.

Après, comment échapper à la professionnalisation de la politique ? Vaste sujet auquel il est difficile de répondre. Car un mandat d’élu, quel qu’il soit, si on veut l’exercer pleinement, nécessite que l’on y passe tout son temps. C’est la raison pour laquelle nous sommes au MoDem farouchement contre le cumul des mandats. Mais c’est aussi là que le bât blesse, car les indemnités perçues sont rarement en rapport avec l’investissement consenti. Pour les salariés du privé qui veulent s’investir à fond dans un mandat, il faudrait que le législateur leur accorde les mêmes droits que ceux que l’on peut accorder à un Délégué Syndical Central qui est à 100% sur sa mission de défense des collaborateurs tout en étant rémunéré par son entreprise. Je pense qu’une telle mesure permettrait un vrai renouvellement de la classe politique tout en évitant sa professionnalisation.

Quant au rapport aux médias des politiques, nous sommes entrés malheureusement dans l’ère de la peopolisation des politiques. Je trouve personnellement que ce n’est pas très bon pour la démocratie car on s’attache plus au buzz qu’au fond des sujets.

Vous faites partie de la Commission « Ruralité, Agriculture », quels sont vos grands projets ou souhaits concernant l’action régionale dans ce domaine ? Comment souhaitez-vous aider les agriculteurs? 

Plutôt que de rester tranquillement assis derrière leur bureau, les politiques devraient partir à la rencontre de tous ces édiles de communes de moins de 1000 habitants, qui voient leurs villages mourir à petit feu, faute de soutien de l’Etat et des Régions : les commerces disparaissent les uns après les autres, les services publics ne sont plus qu’un lointain souvenir, la désertification médicale ne cesse de s’accroître, les populations vieillissent. C’est un constat que personne ne pouvait nier. 

Il est urgent de favoriser l'attractivité des territoires ruraux car il nous faut non seulement répondre aux besoins des agriculteurs mais également à ceux des urbains qui s'éloignent de plus en plus de la Métropole pour espérer trouver, ailleurs, une meilleure qualité de vie tout en conservant un accès aux moyens modernes de communication.

Cela passe bien évidemment par des transports publics dignes de ce nom. Mais ce n'est pas tout. Il nous faut également agir sur tant d'autres volets : l'insécurité, les inégalités scolaires, la carence de lycées dans certains territoires et l'accès à la culture pour tous.

Autre fléau qu'il nous faudra également combattre, c'est celui des déserts médicaux qui, année après année, s’étalent de façon durable sur ces territoires. J'en profite ici pour louer l'action de tous ces médecins qui restent fidèles à leurs patients et à leurs territoires d’exercice, et je tiens notamment à saluer le docteur Annaïg Echer, qui, au sein du département des Yvelines en a fait le combat d'une vie.

Dernier point et non des moindres, il nous faut aider le monde agricole. Et par pitié n'ayons pas une vision simplement court-termiste qui, à coups de subventions – comme le font messieurs Le Foll et Valls – visent à remettre à plus tard des problématiques explosives. Ces aides que l'on sème ici et là voudraient nous faire croire que c'est avec des pansements  que l'on soignera un hémophile.

La Région Ile de France, de par son rang de région capitale, a le devoir impérieux de se mettre autour de la table avec tous les acteurs des filières de l'agriculture pour imaginer l'agriculture de demain. Il faut impérativement faire cette barrière anti-mitage et sanctuariser les terres agricoles.

Mais, dans le même temps, nous ne pouvons pas continuer ainsi à appauvrir et à polluer nos terres à coups d'utilisation massive de produits phytosanitaires. Drôle de nom pour un poison. Quand on le dit comme çà on pourrait croire qu'il soigne. Or nous le savons tous, il tue par la pollution qu'il engendre que ce soit en nitrates ou en pesticides. A force de traitement de ce type certaines terres seront infertiles à l’horizon 2030. Or cette année encore, nous avons, sur le territoire national, déversé 16% de plus de produits phytosanitaires.

Mais ce n’est pas en imposant une vue sectaire et dogmatique de l’agriculture que nous y arriverons car le problème est complexe. Certains se plaignent de la monoculture de céréales en Ile de France, or nous n’en produisons pas assez pour couvrir les besoins des franciliens. Certains veulent du tout bio, mais on ne passe pas du jour au lendemain à l’agriculture bio. Il faut en moyenne compter trois ans et organiser le type de culture que l’on veut faire au risque de saturer le marché. Et puis pour faire du bio, il faut produire des matières organiques. Il faut donc réintroduire l’élevage en Ile de France. Qui dit élevage, dit abattoir. Or il n’en existe plus aucun dans notre région. Le peu d’éleveurs que nous comptons, sont obligés d’emmener leurs bêtes dans des abattoirs des départements limitrophes à l’Ile de France. C’est à la fois une perte de temps et  une perte d’argent. Je pourrais continuer ainsi pendant longtemps et vous parler d’agroforesterie, de biodiversité, de traitement de l’eau à la source, de l’habitat de demain qui sera fait de bois et de paille plutôt que béton ...Vous voyez, la tâche à accomplir est gigantesque si nous ne voulons pas que nos territoires ruraux deviennent des déserts pour miséreux, des territoires oubliés de la République.Pourquoi le citoyen urbain aurait-il droit à plus et à mieux que le citoyen rural ? La colère et le désespoir gagnent du terrain dans ces territoires. Et croyez-moi, cela ne se traduit pas uniquement dans les urnes.

Avez-vous un autre grand combat/projet qui vous tient à cœur et que souhaiteriez défendre à l’échelon régional ? 

Comme vous venez de le voir, le sauvetage des territoires ruraux est une mission qui me tient particulièrement à cœur. Mais elle s’accompagne d’une réflexion plus large qui de savoir ce que l’on veut faire de notre monde demain. A l’heure de la révolution numérique, bientôt rejointe par celle de l’intelligence artificielle et des robots, c’est tout notre mode de vie qui va se trouver chambouler dans les 50 ans qui viennent. Il faut que nous y réfléchissions vite et bien, et que nous enclenchions le mouvement qui accompagnera ces révolutions en plaçant l’être humain au centre de nos préoccupations. Nous avons la chance d’avoir une présidente de région qui va consacrer 100% et même plus de son temps à la Région Ile de France. J’aimerais que notre région capitale soit la région qui amorce cette réalité d’un futur finalement très proche. Le fait d’adapter les formations aux besoins des bassins d’emploi est une bonne chose, le fait de vouloir construire 100 éco-quartiers et recréer le cercle du vivre ensemble est vertueux, etc… Mais il faut que nous poussions la réflexion le plus loin possible pour devenir la locomotive de l’action nationale.  

Plus généralement, au niveau national, quel est le grand sujet actuel qui vous donne envie de vous mobiliser ?

Ce que je viens de vous dire pour la région vaut pour le national. D’un pur point de vue politique, j’aimerais que les masques tombent et que l’on arrête les hypocrisies. Le monde global dans lequel nous vivons s’accommode mal des idéologies partisanes. La seule ligne que nous devrions avoir c’est de placer l’humain au centre de tout. En cela je rejoins François Bayrou qui se bat pour cet idéal depuis toujours. Mais tant que nous resterons dans ce bi-partisme, voire tri-partisme, à jouer clan contre clan pour rester dans la posture, rien ne changera. Cet axe central que nous représentons depuis si longtemps doit devenir le trait d’union indispensable des hommes et des femmes qui veulent aborder la politique avec courage, pragmatisme et réalisme. C’est un peu ce qu’est en train de faire Alain Juppé. S’il gagne la primaire de la droite, j’espère qu’il saura être ce président passeur de témoin vers une autre façon de faire de la politique. Les français attendent qu’au-delà de nos différences nous soyons en capacité de gouverner ensemble et les emmener vers un avenir plus radieux.  

Vous avez longtemps été journaliste sportif, un pronostic sur le vainqueur de la Coupe de la Ligue des Champions?

Même si cela ne va pas être simple, je souhaite la victoire du PSG tant la saison du club a été exemplaire.

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