Laurence Vichnievsky : "Il y avait urgence à prendre des mesures afin de limiter les effets de l’épidémie de Covid-19 dans le milieu carcéral"

Laurence Vichnievsky
(© Assemblée nationale)

Laurence Vichnievsky est députée du Puy-de-Dôme, Vice-présidente de la commission des lois à l'Assemblée nationale. Elle répond au Mouvement Démocrate sur la question particulière et sensible des prisons en pleine épidémie de Covid-19. 

Mouvement Démocrate -  La surpopulation carcérale en France est connue. Ne craignez-vous pas une augmentation des chiffres de la propagation de Covid-19 dans un milieu où la promiscuité est forte ?

Laurence VichnievskyBien sûr qu’il y a un risque de propagation du virus dans un milieu habituellement confiné.

D’après le dernier recensement effectué par la Direction de l'administration pénitentiaire, 31 détenus sont considérés positifs au covid-19, 683 sont confinés. Un surveillant pénitentiaire et un détenu sont également décédés du coronavirus selon les chiffres.

La surpopulation carcérale participe de la propagation. Il y avait urgence à prendre des mesures afin de limiter les effets de l’épidémie dans ce milieu.

Quelles sont les mesures prises ?

Plusieurs types de mesures ont été prises. En premier lieu, il y a des mesures touchant le quotidien des prisonniers. Les parloirs ont été suspendus afin de respecter les règles de confinement. Afin de ne pas couper les détenus de leurs proches, des mesures compensatoires ont été mises en place : extension des forfaits téléphoniques, accès à la télévision, promenades et sport aménagés.

Des mesures fortes ont également été décidées par la Ministre de la Justice, Nicole Belloubet, dans le cadre de la loi d’urgence sur l’état d’urgence sanitaire, visant à limiter la détention.

L’idée est de privilégier les alternatives aux peines d’emprisonnement, de ne pas faire exécuter les courtes peines d’emprisonnement et de faire libérer par anticipation certains détenus.

J’avais suggéré à l’occasion d’une question à la Ministre de la Justice que nous puissions aller plus loin en donnant instructions aux Parquets, de ne requérir que de manière exceptionnelle la détention provisoire ou sa prolongation en matière correctionnelle.

Par ailleurs, il est exact que le taux d’incarcération est aujourd’hui moindre. La justice fonctionne différemment en cette période d’épidémie et l’activité pénale en ressort mécaniquement diminuée.

Est-ce que la libération anticipée de détenus ne pose-t-elle pas une question de sécurité ?

Attention, il ne s’agit pas d’une vague de libérations automatiques de prisonniers !

Les mesures exceptionnelles adoptées permettent de faire sortir des personnes condamnées qui avaient encore jusqu’à six mois de détention à effectuer. Les personnes condamnées pour crime, terrorisme ou violences intrafamiliales en sont exclues par exemple. 3 500 détenus ont déjà été libérés sur un total de 5 000 environ.

Ces libérations sont faites avec discernement et les détenus concernés doivent pouvoir rester confinés chez eux après leur sortie de prison.

Ces mesures visent précisément à limiter la surpopulation et à favoriser le confinement individuel des autres détenus qui n’ont pas vocation à sortir de détention.

Qu’en est-il du personnel pénitentiaire ?

Il faut rendre hommage au travail du personnel pénitentiaire, lequel à l’instar d’autres professionnels d’autres secteurs, travaille de manière exposée au covid-19, dans des conditions de promiscuité forte.

Aujourd’hui et toujours d’après les chiffres de la direction de l’administration pénitentiaire, 75 agents pénitentiaires sont testés positifs au covid-19 et 881 sont en quatorzaine à domicile.

Les agents pénitentiaires doivent donc pouvoir avoir accès à du matériel de protection. La Garde des Sceaux a annoncé que 116.000 masques allaient être distribués dans les établissements avec possibilité d'avoir accès à 100.000 autres masques.

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