La santé environnementale

La députée de l'Isère Elodie Jacquier-Laforge recevait mercredi 7 avril trois invités pour un grand débat consacré à un thème essentiel, la santé environnementale : Sandrine Josso, députée de la Loire-Atlantique; Laurence Huc, directrice de recherche chez INRAE; Nicolas Namur, du réseau Environnement Santé. Trop souvent, les citoyens sont encore dans le déni sur la réalité des risques

Qu'est-ce que la santé environnementale ? Dès 1994, l'OMS la définit ainsi : « la santé environnementale (environmental health) comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement." Cela ne fait pas si longtemps que la notion est entrée dans les débats publics. La prise de conscience se fait peu à peu, et s'est renforcée depuis la crise sanitaire de la Covid-19.

Chercheuse en toxicologie depuis 17 ans, Laurence Huc travaille également sur les dioxines et les pesticides. Un constat la frappe : ses recherches sont reconnues et publiées, mais elles ont très peu d'effets sur les politiques publiques. évidemment, Laurence Huc, en tant que citoyenne, ne peut s'en satisfaire. L'impact des polluants sur les maladies chroniques, comme les cancers, n'est jamais prouvé à 100%. Trop souvent, la marge de doute sert de prétexte pour laisser faire et ne pas interdire ou alerter sur tel produit dont la dangerosité demeure très probable. Il n'est pas prouvé que le tabagisme est la cause de tous les cancers du poumon. Avant que le tabagisme se répande, le cancer du poumon était cependant une maladie très rare. Le lien, pour n'être pas absolument démontré, existe bel et bien.

La députée de la Loire-Atlantique Sandrine Josso abonde dans ce sens : la France se révèle efficace sur le curatif, mais encore trop peu sur le préventif. Soigner la maladie sans agir sur ses racines, c'est avoir la vue courte. Pour endiguer une maladie, il est indispensable de réfléchir à ses causes. Forte de cette intuition, Sandrine Josso a demandé une commission d'enquête. Son rapport sur l'évaluation des politiques de santé environnementale, paru le 16 décembre 2020, dresse un état des lieux et propose un certain nombre de propositions concrètes et de bon sens. Le rapport affirme la nécessité de territorialiser la santé environnementale, pour que tous les facteurs soient pris en compte à bon escient. La santé environnementale, c'est la prise en compte de l'impact des polluants sur la santé, qu'ils soient locaux ou globaux.

Nicolas Namur représente André Cicolella, président du Réseau Environnement Santé, qui a eu un empêchement. Il retrace l'itinéraire d'André Cicolella, véritable lanceur d'alerte. Président du réseau Santé Environnement, c'est lui qui est à l'origine de la stratégie sur les perturbateurs endocriniens en 2014

Aujourd'hui, André Cicolella a fédéré autour de lui un collectif d'associations qui oeuvre pour la santé environnementale. Il s'agit en particulier de l'introduire dans les débats politiques à venir. Nicolas Namur souligne que le Ministère de la Santé ne date que de 1920. Des questions pratiques se posent : Pourquoi la direction générale de la Santé dépend-elle de Bercy ? Les tutelles sont-elles bien organisées ? L'administration devrait sans doute être refondée.

La chercheuse Laurence Huc rappelle à quel point l'environnement joue dans l'apparition des maladies : bien souvent, la situation sociale constitue un facteur aggravant des inégalités face à la maladie. Les personnes exposées aux risques au travail, mal logées, mal nourries, sont davantage susceptibles de développer des maladies chroniques. On ne peut pas simplement dire "C'est la faute à pas de chance". Mais, trop souvent, pour les hommes comme pour les politiques, les causes sont difficiles à appréhender. Il existe encore un déni, conscient ou non, sur l'origine des maladies. Le cancer a une origine profondément inégalitaire.

La santé, ce n'est pas seulement l'absence de maladie. C'est une certaine qualité de vie. Laurence Huc nous donne la définition de la santé environnementale par Charles-Edward Winslow: "La santé publique est la science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et de promouvoir la santé et l’efficacité physiques à travers les efforts coordonnés de la communauté pour l’assainissement de l’environnement, le contrôle des infections dans la population, l’éducation de l’individu aux principes de l’hygiène personnelle, l’organisation des services médicaux et infirmiers pour le diagnostic précoce et le traitement préventif des pathologies, le développement des dispositifs sociaux qui assureront à chacun un niveau de vie adéquat pour le maintien de la santé."

L'environnement dans lequel nous baignons peut agir directement sur notre existence, en particulier à certains moments cruciaux, comme les mille premiers jours de vie, la période de la pré-puberté, ou une grossesse. L'une des grandes conquêtes sanitaires pourrait être de rapprocher le temps de vie en bonne santé de l'espérance de vie.

Comment délimiter les clusters et agir avant que les maladies se déclarent ? L'enjeu est de taille. Réunies en réseaux, les associations peuvent peser. Comment changer de paradigme ? La députée Sandrine Josso souligne que l'union est essentielle : Nous avons besoin de toutes les associations, de tous les chercheurs, d'éveiller les consciences des femmes et des hommes politiques, comme de tous les citoyens. Dans ce combat, la territorialisation de la santé environnementale s'impose comme une nécessité et une politique de bon sens. La sagesse, le principe d'équilibre et de précaution sont requis. En ce moment, les débats à l'Assemblée Nationale sur le projet de loi Climat et résilience ont soulevé l'idée d'un délit d'écocide. La députée Sandrine Josso se réjouit de voir les débats citoyens se multiplier. Si l'on trouve de plus en plus de bonnes volontés, il faut qu'elles puissent ensuite s'associer avec le politique. Discernement, équilibre et sagesse doivent guider nos positions.

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