"La réforme du collège est mauvaise parce que son inspiration n’est pas juste"

La vice-présidente du MoDem a défendu ce matin au micro de Radio Classique et LCI une école de l’excellence pour tous les élèves.

La vice-présidente du MoDem, l’invitée ce matin de Radio Classique et LCI. Bonjour Marielle de Sarnez, merci d’avoir accepté notre invitation. Nous allons bien sûr parler du centre, de vos ambitions pour les régionales, de 2017 qui approche et de la stratégie du MoDem, de l’Europe et des quotas – je sais que le sujet vous tient à cœur – mais j’aimerais débuter avec la réforme du collège. Najat Vallaud-Belkacem a hier saisi le Conseil Supérieur des Programmes sur les langues et les questions de culture notamment du latin et du grec. Est-ce une victoire pour vous ou pas ?

Cela veut dire que quand on se mobilise à droite, à gauche, au centre, quand les citoyens se mobilisent, ils sont quelquefois - pas toujours - entendus par le pouvoir mais je crois qu’il va falloir qu’elle plus loin que cela !

Est-ce une mauvaise réforme pour vous Marielle de Sarnez ?

Oui, c’est une mauvaise réforme parce que son inspiration n’est pas fondée, son inspiration n’est pas juste. Si on prend l’exemple des classes bilingues : il y a 18 % d’élèves dans les classes bilingues – alors si on est un bon ministre de l’éducation nationale, qu’est-ce que l’on devrait se dire ? On devrait se dire « Il y a 18 %, c’est insuffisant, donnons l’excellence à tous ! Comment faire en sorte que la plupart des élèves puissent bénéficier demain des classes bilingues ? ». Au contraire, on dit « non, il n’y en a que 18 % donc on va supprimer les classes bilingues ». Moi je veux ou d’avoir chez eux des choses que d’autres n’ont pas, donc c’est une mauvaise inspiration ! Et moi je crois que la ministre serait bien inspirée de revoir l’ensemble de sa réforme.

Est-ce que vous pensez que c’est ce qu’elle va faire ? Est-ce que l’on peut parler d’un rétropédalage qui va se mettre en place ?

Je pense que c’est à peu près inévitable parce que cette réforme n’est pas une histoire de droite contre gauche, elle est critiquée partout et par tout le monde ! Hier, l’ancien ministre de l’éducation nationale Jack Lang, des universitaires de gauche, des enseignants ont dit « non, on veut pas de cette réforme ».

Quand vous envoyez un texto à François Bayrou, vous le faites en latin comme il le fait avec Alain Juppé ?

J’ai fait du latin il y a longtemps et j’aime le latin, mais non j’envoie des textos en français.

Le climat est quand même très tendu. Le Parisien parle ce matin d’un débat sur un terrain dangereux. C’est vrai qu’en ce moment les mots montent entre la droite et la gauche. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Je trouve cela nul. Je trouve que c’est absolument à côté du sujet. S’il y a une chose vitale dans notre République, c’est l’école ! S’il y a une chose qui doit marcher, sur laquelle on doit se concentrer au-delà des clivages politiques, c’est l’école ! Ça fait trente ans que cela se passe comme cela et qu’on ultra-politise les choses et que les sujets deviennent objets d’un débat politicien entre droite et gauche, gauche et droite. Résultat des courses : cela ne marche pas. On a aujourd’hui 40 % des enfants qui rentrent en sixième sans maîtriser parfaitement la lecture, dont 20 % qui ont du mal même à déchiffrer et 20 % qui déchiffrent mais qui ne maîtrisent pas le sens. Comment voulez-vous ensuite qu’au collège ces élèves réussissent ? C’est impossible ! Et donc ce débat politique, où on se renvoie les mauvais arguments, les insultes, les caricatures, droite et gauche confondues, c’est nul ! C’est régressif !

« Najat Vallaud-Belkacem est en passe de dépasser Christiane Taubira dans le combat effréné pour la médiocrité ». C’est cette phrase de Nicolas Sarkozy qui a mis le feu aux poudres. Jean-Christophe Cambadélis parle de relent xénophobe…

Je déteste les attaques de personnes. Je déteste l’utilisation d’arguments politiques bas, tout ceci ne va pas dans le bon sens !

Vous renvoyez dos-à-dos Nicolas Sarkozy et Jean-Christophe Cambadélis ?

Oui, je trouve que ceci ne fait aucun sens. Si on est un responsable politique, c’est pour servir notre pays et la manière de le servir est de se concentrer sur l’essentiel de ce qui fait au fond l’ascension sociale, l’égalité des chances pour les jeunes et pour les enfants. On a des problèmes dans l’éducation nationale très lourds. Moi je reproche à la gauche, mais ça c’est d’un point de vue politique, d’avoir dit « la seule question de l’école est la question des moyens » : « plus on mettra les moyens, plus on créera de postes, plus ça va régler la question ». Mais la réponse est non, ça ne règle pas la question ! Moi je demande que l’on reprenne les fondamentaux. Ce n’est plus possible d’avoir cette entrée en sixième avec ces élèves qui ne maitrisent plus le français ! Il faut que l’on apprenne à maîtriser notre langue, il faut une école de l’excellence pour tous et il faut aussi un certain nombre de réformes qui concernent par exemple l’apprentissage, la formation professionnelle, qui aujourd’hui en France ne marchent pas.

Dernière question sur ce sujet : Najat Vallaud-Belkacem est-elle à la hauteur pour vous ?

Je ne fais pas de procès a priori, parce que ceci ne produit rien. En tout cas, il faut qu’elle retire cette réforme ! La philosophie et l’inspiration de cette réforme ne sont pas juste. Quand on est en charge de l’éducation nationale, qu’importe sa couleur politique, on doit avoir qu’un seul souci en tête, c’est l’excellence pour tous els élèves.

L’autre sujet dans l’actualité ce matin, ce sont les mauvais comptes de Rachida Dati, épinglés par la cour des comptes, 190 000 euros entre 2007 et 2010 lorsqu’elle était ministre de la justice. Votre sentiment sur cette affaire ?

Elle dira ce qu’elle a à dire sur ce dossier. Laissons-la se défendre.

On passe à l’Europe avec le drame des migrants. Bruxelles demande des quotas, Londres dit non. Que répondez-vous ?

Vous allez un peu vite, parce que ce n’est pas l’expression qui a été utilisée hier par Jean-Claude Juncker et par la commission, et justement j’ai trouvé cela plus intelligent. On a des arrivées massives de migrants sur les côtes européennes et ils arrivent majoritairement en Italie, en Grèce, à Malte, car ce sont les trois pays parce qu’ils sont placés ainsi par la géographie. Est-ce que l’on doit avoir un devoir de solidarité ? La réponse est à l’évidence oui. En même temps, on a aussi un devoir de fermeté. Moi je demande que les frontières de l’Union européenne soient sécurisées, je demande depuis longtemps un corps de garde-côtes européen. Je trouve que les responsables européens ont eu raison de demander un mandat à l’ONU pour lutter contre tous les trafics, les trafiquants, les passeurs y compris dans les eaux territoriales libyennes. Ça été une demande faite au Conseil de sécurité lundi et c’est extrêmement important que l’on mène la guerre à ces trafiquants qui sont vraiment passibles de crimes contre l’humanité. Je crois que l’on doit harmoniser le droit d’asile en Europe, cela fait partie des choses urgentes. Quand vous demandez le droit d’asile en France, cela peut durer jusqu’à trois ans, quatre ans, cinq ans ce qui est une situation qui ne va pas, ni pour la France, ni pour ceux qui demandent l’asile et à qui l’asile est refusé au bout de cinq ans. Dans certains pays, ça dure moins de six mois. Donc je demande qu’en moins de six mois, dans tous les pays de l’Union européenne, on puisse répondre « oui » ou « non ». Et quand c’est non, qu’il y ait effectivement les reconduites à la frontière. Oui bien sûr, il faut être solidaire mais la France prend sa part et accueille un certain nombre de migrants. C’est un principe de protection, c’est-à-dire conformément au droit d’asile.

Retour en France avec les régionales qui approchent. Avant de parler de votre candidature en Île-de-France, quelles sont les ambitions du MoDem pour ces régionales ?

Ce sont des élections importantes pour nous parce que nous sommes régionalistes, parce que nous aimons la décentralisation, parce que nous aimons cette idée de région. On pense que c’est très important : c’est important de réformer notre État, de réformer l’Europe, et d’avoir des régions qui pèsent pour le développement économique, pour l’aménagement du territoire, pour les transports et donc nous aimons cette échéance-là. Pour nous la campagne c’est trois étapes. Première étape jusqu’à fin juin, le temps des idées et du projet. Je suis chef de file avec Yann Wehrling en Ile de France : nous sommes dans un moment où l’on regarde ce qui n’est pas bon car il faut dire les choses honnêtement et  donc nous allons proposer aux franciliens des changements très concrets pour demain. Pas pour après ou après-demain.

Les changements, c’est aussi avec la droite ou pas ?

J’y arrive. Première étape de la campagne, les idées. Deuxième étape, la stratégie : est-ce qu’on fait des rassemblements ? Moi, je suis plutôt sur l’idée que la région Ile de France a besoin de changement. Donc si on veut un changement pour l’Ile de France il faut gagner et si l’on veut gagner il faut probablement des rassemblements larges. Est-ce que vous faites ces rassemblements tôt ou est-ce que vous les faites plus tard ? Moi, cela ne me dérangerai pas de le faire tôt. Je trouve que la candidate de l’UMP est compatible et si le rassemblement peut se faire dans le respect de ce que les uns et les autres sont et apportent, pourquoi pas.

Vous discutez avec Valérie Pécresse ?

Non, je ne discute avec elle pour le moment. Je vous ai dit qu’il y avait trois étapes dans notre calendrier. On verra à l’été ce que l’on fait. J’ai une position de principe ouverte au rassemblement pour changer la région. L’Île-de-France c’est 20% de notre démographie, c’est 30% du PIB de la France C’est donc une région extrêmement importante qui doit tirer la croissance en France.

C’est un bastion de gauche depuis pas mal d’années ?

Je trouve surtout que c’est un bastion qui n’est pas bien géré. La question ce n’est pas droite-gauche, une fois de plus.

Donc une alliance avec la droite ?

Je pense que le bilan de la gauche n’est pas bon. Cela fait 17 ans que la région n’est pas bien gérée. Tous les franciliens qui prennent les transports en commun pourront vous le confirmer.

Le fait que ce soit Bartolone et pas Huchon, cela change quelque chose pour vous ou pas ?

On verra. Chacun a une personnalité différente. L’un a géré, l’autre ne l’a pas fait, c’est une différence objective. Après on verra les projets. En tout cas, moi je vous dis qu’il faut une énergie nouvelle pour cette région, qu’il faut repenser la politique des transports, faire des choses pour améliorer la vie quotidienne des franciliens et je proposerai avec Yann Wehrling, des vrais changements parce que c’est cela l’important. Sur les transports il faut augmenter la qualité ; sur le plan économique, il faut construire un biotope pour les entreprises, notamment les entreprises de taille intermédiaire qui manquent cruellement ; il faut que l’on fasse de l’Ile de France une référence en matière d’apprentissage. La Bavière a trois fois plus d’apprentis que notre région : on voit bien là les défis immenses qu’il faut relever et c’est cela qui m’intéresse.

Vous étiez alliée avec NKM aux municipales. Là on sent bien…

Je vous ai dit clairement que je suis pour le rassemblement et que Valérie Pécresse est compatible, à partir du moment où ce rassemblement se fait en prenant en compte ce que nous représentons.

Est-ce que le MoDem est repassé au centre droit ?

Le MoDem est au centre et nous n’avons jamais dit que nous ne voulions pas de partenariat. On ne peut pas gouverner tout seul. Regardez la France depuis 30 ans : vous croyez que l’on a réussi à faire les réformes nécessaires ? J’écoutais Nicolas Bouzou tout à l’heure : il a raison de dire que c’est le moment de réformer le marché du travail si la croissance est là. Est-ce que vous imaginez que camp contre camp vous y arriverez ? Est-ce que vous imaginez qu’avec une droite qui représente 25% des voix et une gauche à 20, on arrive à réformer le pays ? A la vérité non. Voilà pourquoi je suis pour des majorités plus larges, à l’exemple de Schroeder en Allemagne. Que l’on ait des objectifs communs, chacun restant ce qu’il est. De la droite républicaine en passant par le centre jusqu’à des réformateurs, socio-démocrates éclairés et réalistes, c’est là qu’il faut bâtir le corps central pour les faire les réformes dont la France a besoin. Voilà ce que je crois.

2012, vous avez voté François Hollande…

En 2012, je n’ai pas voté Nicolas Sarkozy parce que je trouvais que son bilan n’était pas bon.

En 2017 ?

J’ai envie de voter pour Alain Juppé. Alors après il va y avoir la primaire. En tout cas, c’est un candidat qui n’est pas centriste. Cela veut dire d’abord qu’il y a des femmes et des hommes politiques qui sont capables d’aller soutenir des candidats qui ne sont pas de leur famille politique et je trouve que c’est plutôt bien et mérite d’être souligné. Alain Juppé, il a une grande qualité, au-delà de ses qualités personnelles, c’est qu’il permet des rassemblements larges. C’est exactement ce que je viens de vous dire. J’en ai ras le bol que depuis trente ans, on est droite, gauche, alternativement qui gouverne la France et que rien ne change. Est-ce que l’éducation nationale s’est améliorée depuis 30 ans ? Non. Est-ce que  notre économie structurellement va mieux depuis 30 ans ? Non. Est-ce que les grandes réformes ont été faites, sur les retraites, sur la dépense publique ? Non. Est-ce que vous croyez que l’on fera ces réformes camp contre camp ? La réponse est non. Moi j’ai envie que l’élection présidentielle soit pour une fois utile au pays et être utile au pays c’est changer le logiciel de la politique, faire en sorte qu’il y ait quelqu’un en capacité de rassembler large. Voilà pourquoi nous soutenons, je soutiens Alain Juppé.

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