Journée mondiale de lutte contre le sida : "la mobilisation politique est un élément indispensable pour combattre la maladie"

Farida Adlani
(© DR)

Farida Adlani est Vice-Présidente de la région Ile-de-France, en charge de l'action sociale, de la santé et de la famille. Elle revient, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida ce 1er décembre, sur les politiques menées au sein de la région Ile-de-France, particulièrement touchée par le VIH.

Mouvement Démocrate - Comment favoriser concrètement le dépistage du virus en France ? 

Farida Adlani - L'Île-de-France reste la région de France métropolitaine la plus touchée par le VIH avec des taux d'incidence estimés près de 4 fois supérieurs à ceux du reste de la France.

Le dépistage reste le principal enjeu de la lutte contre le SIDA, nous travaillons beaucoup sur le public qui ignore sa séropositivité.

L'Observatoire régional de santé (ORS) indique des résultats positifs sur le dépistage du VIH  :

  • En Île-de-France, près de 7 personnes sur 10 déclaraient avoir eu recours à un test de dépistage du VIH au cours de la vie ; ce qui représente un taux plus élevé en Île-de-France que hors Île-de-France.
     
  • Le recours au dépistage au cours des 12 derniers mois était plus élevé en Île-de-France parmi les populations les plus exposées : personnes nées dans un pays avec une moyenne ou forte endémicité du VIH (Afrique subsaharienne, Caraïbes), personnes ayant des relations exclusivement homosexuelles et personnes ayant plusieurs partenaires. C’est signe que le travail pour démocratiser le dépistage porte ses fruits ! C’est un effort à poursuivre.
     
  • Ce travail nous y nous y avons grandement contribué à la Région, en diffusant les autotests VIH et les TROD (Tests Rapides d’Orientation Diagnostic) qui constituent une réelle opportunité de favoriser un meilleur dépistage des publics cibles. La Région est particulièrement proactive sur ce point en renforçant le nombre d’autotests achetés, avec un total qui sera de 24 000 à la fin du plan.
     
  • Pour la journée mondiale contre le sida, ce premier décembre, la Région donnera plus de 3 600 autotests.

L’Ile de France s’est fixée des objectifs très ambitieux en termes de lutte contre le Sida, comment comptez-vous parvenir à cette ambition d’une Ile de France sans sida ? 

En adéquation avec la stratégie de l’ONUSIDA et l’initiative des FastTrack Cities, le Conseil régional d’Île-de-France a été la première région à adopter, à l’unanimité, en juillet 2017 le plan "Agenda pour une Région Île-de-France sans SIDA".

L’objectif de réduction de l’épidémie a été poussé par la Région au-delà des 90% habituels définis par l’ONUSIDA :

  • 95% des personnes vivant avec le VIH diagnostiquées ;
  • 95% des personnes diagnostiquées sont sous traitement ;
  • 95% des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable.
     

Pour atteindre ces objectifs nous jouons sur tous les leviers :

  • Le soutien aux acteurs de la lutte : associations engagées dans la lutte contre la maladie, accompagnement des personnes et la prévention, lutte contre les discriminations (homophobie, sérophobie etc.).
     
  • L’augmentation du dépistage et des traitements : diffusion des autotests VIH, financement de bus TROD (test rapide d’orientation diagnostique). Un dépistage a été réalisé récemment à Jussieu : 14 personnes ont appris leur séropositivité en 2-3J de présence du bus de HF prévention sur le site de l’Université... Nous favorisons également la promotion et diffusion de la PrEP (prophylaxie pré-exposition)et TasP (Treatment as Prevention).
     
  • La sensibilisation de tous les publics : sensibilisation des personnels et étudiants des Instituts de formation en soins infirmiers et des travailleurs sociaux, développement du site de géolocalisation des structures de santé sexuelle pour les jeunes : l'iPasscontraception.
     
  • Renforcement de la recherche : aide des jeunes chercheurs et développer le soutien aux Domaines d’intérêts majeurs (Dim).

De quels leviers dispose une région pour aider à la prévention et à la prise en charge des malades ?

La Région peut compter sur l’engagement permanent d’Île- de-France Prévention- Santé-Sida :

En plus des actions de dépistage et de prévention qu’elle mène quotidiennement, cet organisme associé à la Région a déjà formé 51 instituts de formation en soins infirmiers et instituts de formation des travailleurs sociaux aux questions de l’accompagnement des personnes vivant avec la maladie.

Et toujours dans une démarche nouvelle, elle est le premier organisme formateur des étudiants en service sanitaires de la région, et ainsi ce sont 100 000 jeunes qui ont reçu un message de prévention notamment sur la question du VIH.

Et il y a toutes les actions que nous conduisons directement en lien avec les associations, les universitaires, les chercheurs.  

Quelles sont les dotations attribuées à ce sujet par l’Ile-de-France? Y a-t-il des disparités territoriale à ce sujet?

La santé n’est pas une compétence de la Région mais face à l’impératif d’agir nous nous mobilisons. Je regrette que l’Etat ne soit pas en capacité de satisfaire les 3h par an et par niveau de classe à la vie affective et sexuelle. En Ile-de-France il n’y a qu’une infirmière pour 8 établissements !  Les moyens accordés à la prévention en France restent insuffisants.

Au niveau de la région nous soutenons notre organisme associé Île-de-France Prévention- Santé –Sida à hauteur de près de 3 M€ par an.

Depuis le début du plan, près de 600 000 € en fonctionnement ont été versés par la région à des structures et associations pour informer, dépister et accompagner les personnes.

Et pour un montant de 800 000 €, elle a soutenu en investissement des projets.

Et puisque c’est contre la maladie qu’il faut lutter et non pas contre les personnes malades, plus de 613 000 € depuis 2017 ont été engagés dans le cadre de programme de lutte contre la sérophobie et l’homophobie.

En deux ans près de 11 millions d’euros ont été investis dans des programmes de recherche.

Le combat se mène également sur le volet culturel :

La Région Île-de-France est également le premier soutien du festival Solidays qui a lieu chaque année, et pour lequel elle contribue à hauteur de 800 000 € par an.

Elle a soutenu la production du film « 120 battements par minute » pour un montant de 300 000 €.

Auriez-vous quelques exemples concrets d’actions qui ont été menées en Ile de France sur le sujet ? 

Pour le volet recherche : le DIM One Health, permet l’articulation entre la recherche, l’innovation et la formation de la communauté scientifique dans le domaine de l’infectiologie. Le DIM Thérapie Génique travaille à l'accélération du développement de la thérapie génique, permettant ainsi de bénéficier des avancées scientifiques sur ce domaine pour la recherche contre le VIH.

Pour aider au dépistage par HF Prévention : 50 000 € ont été investis en 2019 pour le déploiement d’une intelligence artificielle, un agent conversationnel permettant à l'usager de mesurer les risques pris lors d'une relation sexuelle – une réalisation en lien avec Publicis Heath et l’école de Polytechnique et de l’Ecole des Mines.

Nous soutenons l'association Ikambere. Sa présidente, Bernadette Rwenegera,  a été récompensée du trophée Elles de France pour son accompagnement des femmes touchées par le SIDA.

Nous accompagnons l’acquisition de bus effectuant des TROD sur l’ensemble du territoire francilien afin de projeter hors les murs de Paris le dépistage. Notre démarche va dans le sens "d’aller vers" et d’aller "hors les murs" afin de démocratiser le dépistage.

Quel est le rôle du politique dans la prévention et la prise en charge des maladies, de manière générale ?

Nous intervenons sur l’ensemble des leviers évoqués dans notre Agenda IDF sans SIDA pour accompagner les porteurs de projets.

Lorsque nous ne pouvons pas intervenir à notre niveau : nous alertons les autorités nationales, avec des courriers à l’attention de la ministre des Solidarités et de la Santé. Par exemple, pour que les infirmiers soient formés aux méthodes de prévention sida dès leur formation initiale. 

La mobilisation politique est un élément indispensable pour combattre la maladie. La Région partage ce constat avec l'association "Elus Locaux Contre le Sida" (ELCS).

Cette collaboration permanente, par la tenue des états généraux de l’association à la Région ou au travers de réunions menées sur l’engagement des élus franciliens est aujourd’hui plus que jamais nécessaire.

Ce soutien à ELCS, réaffirmé tous les ans, démontre le partage d’une vision et d’une volonté commune de ce que doit être l’engagement du politique face à la maladie.

Quel bilan pour la PreEP, un traitement préventif accessible en France depuis 2016 ?

La PreP (prophylaxie pré-exposition) est de plus en plus connue, diffusée et utilisée.

Nous avons tout fait à notre niveau pour en assurer la diffusion.

La PReP, véritable chance d’endiguer l’épidémie, est par exemple soutenue sur une dimension recherche pour 120 000 € sur 3 ans à destination d’une équipe de l’ANRS.

La communication sur ce traitement novateur a été effectuée plusieurs fois dans l’année dans les transports franciliens, ainsi que par le CRIPS et des associations relais.

La Région a également porté auprès de la Ministre des Solidarités et de la Santé le message des associations afin de rendre la PReP plus accessible.

En savoir plus sur le Plan une Île-de-France sans sida

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