Journée internationale des femmes : "La "génération égalité" nous dit que les choses changeront encore plus profondément à partir des plus jeunes d’entre nous"

Josy Poueyto
(© Groupe Modem)

À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, du 8 mars, Josy Poueyto, députée de la 1ère circonscription des Pyrénées-Atlantiques, particulièrement engagée sur la thématique, souligne les avancées encore nécessaires en matière d'égalité entre les femmes et les hommes. Entretien. 

Mouvement Démocrate - "Je suis de la génération égalité" : c'est l’intitulé, cette année, de la Journée internationale des femmes, ce 8 mars. Comment l'interprétez-vous ?

Josy Poueyto - Pour moi, c’est un appel de nature à souligner le sens de ce combat universel qui a largement dépassé la seule condition féminine dont on parlait avant. C’est un message qui s’adresse à tous : garçon, filles, hommes et femmes à la fois. La "génération égalité" nous dit surtout que les choses changeront encore plus profondément à partir des plus jeunes d’entre nous. Cela fait aussi écho aux politiques publiques soutenues par notre majorité et menée notamment au ministère de l’Éducation nationale par Jean-Michel Blanquer.

L’objectif, c’est de construire une solide culture de l’égalité. Le chantier est engagé. Malheureusement, rien n’est encore gagné. À l’occasion d’une rencontre avec des élèves de CM2, j’ai été surprise d’entendre des questionnements sur le besoin d’interdire le port de maillots de bain jugés "provocants". Les enfants ne pensaient pas aux maillots de bains portés par les hommes mais bien à des bikinis !

En 2019, l’actualité a été marquée par une seconde vague #metoo en France. Quelle est votre position au sujet des polémiques liées à ce sujet ?

De quoi parle-t-on ? Si les violences sexuelles font scandale, c’est quand même normal car elles sont intolérables ! Mais je ne suis pas certaine que ce débat provoque davantage de polémiques que de réactions positives. Je me méfie toujours de l’écume des vagues mise en avant dans les médias et les réseaux sociaux. Placer dans l’espace public, sans tabous aujourd’hui, l’équilibre des relations entre les hommes et les femmes et prendre conscience, grâce à une parole libérée, d’abus trop longtemps maintenus, à tort, dans l’espace privé, m’apparaît plutôt comme un progrès majeur.

L’égalité entre les hommes et les femmes couvre un grand nombre de thèmes. Certains, souvent les plus spectaculaires, en effet, peuvent alimenter l’actualité nationale et des polémiques. Mais les sujets, dans les régions, qui touchent le quotidien de femmes anonymes, comme le harcèlement sexuel ou moral, les formes d’emprise économique ou psychologique, suscitent, me semble-t-il, moins de réactions médiatisées. J’aimerais que l’on s’indigne aussi davantage des inégalités salariales ou des différences d’évolution de carrière.

Je mesure, malgré tout, le chemin parcouru car je suis engagée aux côtés des femmes et des victimes depuis le début de mon parcours politique aux côtés d’Yvette Roudy. Et je suis heureuse d’avoir contribué, l’année dernière, à faire progresser cette bataille sur le plan législatif. Nous avons ainsi travaillé sur les violences conjugales tout au long du processus du Grenelle porté par Marlène Chiappa. Au nom du Groupe Mouvement Démocrate et apparentés, j’ai même défendu la proposition de loi Pradié. Depuis le mouvement #Metoo, nous vivons une mutation sans précédent. Tout le monde est concerné. Même l’univers du sport est touché et je veux aussi saluer l’engagement fort de la ministre Roxana Maracineanu. J’ai pu le constater, à l’occasion d’un match du tournoi féminin des VI nations, à Pau, où nous avons échangé à ce propos. Elle sait que nous sommes à ses côtés.

Cela dit, il ne faut pas nier les risques d’un débat décomplexé. Sachons condamner fermement ce qui doit et peut l’être. Dans le même temps, sachons raisonner dans le respect des droits de chacune et de chacun. L’extrême densité de ce sujet mérite mieux que l’excès de polémiques qui s’affichent désormais sur l’écran de nos smartphones.

Le Haut conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes a publié son rapport annuel sur l’état du sexisme en France. Qu’en retenez-vous ?

Depuis la loi de janvier 2017, le Haut Conseil a, en effet, obligation de publier, une fois par an, un état des lieux. La deuxième édition vient d’être livrée. On y retrouve encore des éléments qui font froid dans le dos comme le décompte macabre des 149 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2019. Si j’en crois les auteurs du document, les mots "sexisme, violences sexistes ou sexuelles" n’ont jamais été autant utilisés que cette année-là en France. C’est révélateur. Le rapport met également en lumière des avancées et cite la création de nouvelles infractions comme l’outrage sexiste ou le renforcement de la définition du harcèlement sexuel.

Le Haut Conseil a choisi de développer trois thèmes particulièrement intéressants : l’entreprise, les médias et la vie politique. Ces secteurs concourent à la structuration de notre société tant sur le plan des fonctions que des symboles. J’invite le plus grand nombre à prendre connaissance des constats qui sont dressés pour vérifier qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire.

Parmi les 32 préconisations qui sont avancées, retenons les efforts à porter sur les sensibilisations ou les formations à engager et discutons ensemble de l’idée d’instaurer une journée nationale de mobilisation de lutte contre le sexisme comme cela est proposé. Pour moi, c’est un défi qui doit être aussi relevé au niveau européen car la formidable mutation en cours ne s’arrête pas à nos frontières.

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