🏛 Intervention de Marielle de Sarnez lors du débat sur la proposition de résolution condamnant l’offensive militaire turque en Syrie

Marielle de Sarnez, présidente de la Commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, a pris la parole dans l'hémicycle au cours du débat sur la proposition de résolution condamnant l’offensive militaire turque en Syrie. Voici son intervention :

« Pour la première fois dans l’histoire de notre Assemblée, l’ensemble des présidents de groupe porte ensemble une déclaration politique commune.

Je veux les en remercier. Ce geste rare et solennel d’unité de notre parlement a valeur de symbole.

Les opérations militaires turques dans le Nord Est syrien bafouent des valeurs fondamentales et des intérêts vitaux qui doivent être défendus.

À cette heure, nous déplorons plusieurs centaines de morts, près de 300 000 personnes sur les routes de l’exil, des exactions insoutenables que continuent de perpétrer sur le terrain les supplétifs de l’armée turque.

Grâce au sacrifice des Forces Démocratiques syriennes qui avaient combattu Daech en notre nom, le Nord Est syrien était devenu un espace de stabilité au sein duquel les différentes populations locales construisaient un début de dialogue, démocratique et égalitaire, tranchant avec l’obscurantisme dans la région.

Le chemin était encore long mais ces évolutions étaient prometteuses pour l’avenir de la Syrie dans son ensemble. Le Nord Est syrien donnait à voir ce à quoi le pays aurait pu aspirer à devenir : une Syrie décentralisée, inclusive et respectueuse des minorités.

L’offensive turque contre les Kurdes et leurs alliés arabes et chrétiens, rendue possible par le lâchage américain, constitue une rupture de confiance. 

Cette grave situation nous pousse à nous interroger sur l’avenir de nos alliances – au sein de la coalition internationale contre Daech mais également au sein de l’OTAN – et révèle une fois de plus, face à l’inconséquence des décisions américaines, l’impérieuse nécessité pour la France et pour l’Europe de se doter, dans les plus brefs délais, d’une véritable autonomie de pensée et d’action.

De cette situation dramatique doit émerger un sursaut. Notre crédibilité est en jeu. Notre silence et notre inaction constituent des encouragements à nuire. Face à l’hégémonisme du président Erdođan, il n’y a qu’un seul chemin à tenir : celui de la fermeté.

Ne nous y trompons pas, la mort d’Al Baghdadi, ne signifie pas la fin de notre combat contre le terrorisme international et contre Daech en particulier. L’organisation terroriste n’a pas été vaincue. Elle a été défaite territorialement grâce à l’appui et au sacrifice des Forces démocratiques syriennes, mais l’idéologie est toujours là, et les cellules clandestines de Daech sont nombreuses et représentent plus que jamais une menace pour la sécurité au Moyen Orient et en Europe.

Le chaos provoqué par les opérations turques favorise la résurgence de Daech, augmente considérablement le risque de dispersion des combattants terroristes étrangers actuellement détenus dans le Nord Est syrien.

Aujourd’hui, un nouvel équilibre des forces se dessine sur le terrain entre la Russie, la Turquie, l’Iran, et le régime de Damas.

Afin de continuer à peser, voire même simplement d’exister au Levant, il nous faut, sans plus attendre, repenser notre action collective contre Daech, rebâtir une coalition solide et solidaire à même de mener loyalement le combat au long cours contre le terrorisme.

Face à la catastrophe humanitaire qui s’aggrave d’heure en heure, nous condamnons la stratégie d’Ankara de relocalisation forcée de milliers de réfugiés avec pour seul objectif de changer durablement la composition ethnique du Nord Est syrien. Une telle opération visant à chasser les nombreuses minorités présentes, kurdes, chrétiennes, syriaques, yézidies ne pourrait qu’engendrer de nouveaux conflits. Aucune démocratie ne doit l’accepter.

Monsieur le Ministre, nos condamnations unanimes de ce jour doivent impérativement se traduire en actions fermes et résolues.

De notre détermination à agir pour stabiliser le Nord Est syrien, – et plus globalement le Moyen Orient actuellement exposé à de nombreuses secousses d’Irak au Liban – dépendra une part de la stabilité du monde.

Ainsi, au moment où cette région bascule dans la violence, dans l’injustice et dans le risque, il est juste et nécessaire que nous appelions la France et l’Europe à être à la hauteur de l’Histoire.

Je vous remercie. »

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