Grand débat sur les solidarités avec Sarah El Haïry et Philippe Jahshan

Mercredi 25 mars 2020, le Mouvement démocrate poursuit ses Grands débats à distance, par facebook live. Confinés, nous avons à cœur de continuer à réfléchir sur les enjeux essentiels pour demain : dans ce moment d’urgence sanitaire, la crise économique et sociale se dessine. Les solidarités sont indispensables, vitales pour nos sociétés fragilisées. Notre porte-parole Sarah El Haïry, députée de Loire-Atlantique et Philippe Jahshan, Président du Mouvement Associatif (qui regroupe plus de 700 000 associations), ont répondu à vos questions en direct.

Nous vivons une période grave, pleine d’incertitudes, dans laquelle la solidarité représente la seule manière de tenir bon, de faire société. Notre secrétaire générale adjointe, Alice Le Moal, a invité, à distance, Sarah El Haïry et Philippe Jahshan à réfléchir ensemble, dès à présent, sur la crise qui s’ouvre, et qui inaugure des temps nouveaux.

Philippe Jahshan le remarque d’emblée : les associations vivent de rencontres et, aujourd’hui, les règles du confinement nous obligent à la distance. Il faut repenser l’action collective dans ce contexte inédit. Forces vives, les associations se mobilisent. Deux plateformes ont été mises en place, en concertation avec le gouvernement : le site de la réserve civique, qui permet de mettre en lien ceux qui veulent agir (pour des actions comme l’aide alimentaire d’urgence, les gardes d’enfants du personnel soignant, les solidarités de proximité, etc.), ainsi que la plateforme benevolat.fr qui assure l’intermédiation du bénévolat.

Sarah El Haïry a fait part de sa colère : les pouvoirs publics n’ont pas pensé tout de suite à inclure le monde associatif aux dispositifs d’urgence adoptés. Il a fallu une bataille de dernière minute pour que les associations bénéficient des mêmes mesures que les entreprises. Cela aurait dû être automatique. Trop souvent, abonde Philippe Jahshan, les associations oscillent entre le visible et l’invisible. On oublie leur rôle dans l’économie du pays, qui ne se réduit pas à la seule économie marchande.

En période de crise, on voit les fragilités d’un pays de manière plus forte. Cette crise est un facteur démultiplicateur des inégalités, avec une forte violence sociale. Aujourd’hui, une personne à la rue se trouve doublement rejetée dans la misère. Nous avons besoin de soutenir les structures qui coordonnent. C’est une réflexion en profondeur qu’il faut mener. Car, de cette crise, nous ne sortirons pas semblables à ceux que nous étions. Notre capacité à nous transformer, à transformer nos chaînes de production s’éprouve en ce moment.

Sarah El Haïry se dit fière de son pays, de ses voisins : de nombreuses actions de solidarité, spontanées ou concertées, ont fleuri ces derniers jours. Il faut cependant espérer que ce n’est pas là une simple parenthèse. La prise de conscience doit entraîner des changements de comportement durables. En situation d’urgence sanitaire, les citoyens ont montré qu’ils pouvaient créer du lien, d’une autre façon.

Face à cette pandémie, nous sommes égaux, riches ou pauvres, Nord ou Sud, nous sommes tous en danger. La solidarité doit l’emporter sur la peur. C’est l’humain qui doit primer. Sarah El Haïry rappelle cette parole de l’Abbé Pierre : « Le contraire de la misère, ce n’est pas la richesse : c’est le partage. »

Il nous faut retrouver une respiration démocratique et collective. Les gens ont besoin de sens, dans leur quotidien, dans leur manière de consommer. Il nous faut devenir des consommacteurs. Dans nos économies capitalistes, traditionnelles, financiarisées, les règles doivent changer, en respectant l’humain. L’Etat a toujours été là pour aider les banques et les banques devront être à la hauteur du moment. Sarah El Haïry préconise la création d’un ministère de l’engagement, qui serait doté et porté économiquement. Le monde associatif, jusqu’à présent, a trop souvent été saucissonné par thèmes.

Philippe Jahshan explique que la réponse ne pourra être pensée que dans sa globalité. Si le premier terrain est sanitaire, mais il faudra considérer toutes les conséquences sur le tissu social, sur les individus les plus isolés, les plus précaires.  Philippe Jahshan a souligné à quel point la solidarité internationale évolue. L’Europe n’est plus le centre du monde qui doit aider les autres, c’est une humanité consciente des problématiques communes qu’elle a en partage. La question climatique relève de la même logique : tous les pays du monde ont la même vulnérabilité mais tous n’ont pas la même capacité de réponse. La solidarité internationale est donc indispensable. Avec l’Accord de Paris et un agenda international du développement durable, nous avons changé de paradigme. La fracture Nord/Sud, c’est terminé.

Si nous n’accompagnons pas l’Afrique qui arrive sur une crise sanitaire après l’Europe, nous allons arriver sur plusieurs crises sanitaires consécutives, a confirmé Sarah El Haïry, qui avoue avoir été déçue, dans un premier temps, par la réponse européenne : Nos humanités sont inter-connectées.

Beaucoup de pays en développement ont tiré des leçons des précédentes économies comme EBOLA. La société civile locale est très active en Afrique, il existe des filets de sécurité mais il faut rapidement que la solidarité internationale soit pensée dans un plan de réponse. Les ONG sont inquiètes des conséquences du repli sur soi et du manque budgétaire, ce n’est pas « la Corrèze contre le Zambèse », c’est une affaire mondiale.

Sarah El Haïry a rappelé les enjeux de la philanthropie. La philanthropie, le mécénat est un investissement social et non pas seulement une niche fiscale. Nous avons un pays engagé, il nous faut avancer sur de nombreux sujets, l’emploi associatif, l’accompagnement des bénévoles, l’accompagnement des petites structures, il nous faut changer notre regard sur le mécénat, et le voir comme un investissement et non comme un coût.

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