François Bayrou : "Un maire comme un président de région doit rassembler largement pour avoir une base qui ressemble à ses habitants, et non seulement à son parti."

François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité de Léa Salamé et Nicolas Demorand ce jeudi 6 mai à 8h20, dans le grand entretien de la matinale de France Inter.

Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

Vous faites de la politique François Bayrou depuis de longues années maintenant.

Vous faites partie de cette majorité, mais avez toujours, depuis l'élection d’Emmanuel Macron, su garder votre indépendance d'esprit et liberté de parole.

Alors expliquez-nous, car nous avons du mal à comprendre, ce qu’il se passe depuis cinq jours dans la majorité à Matignon, en région PACA, … Dimanche le Premier ministre annonçait un accord entre LREM et Renaud Muselier pour les régionales, donc en PACA - Il y aura bien sûr des candidats LREM sur cette future liste dit le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal - Renaud Muselier déclare trois jours plus tard qu'il n'en est pas question et il conserve le soutien de son parti LR.

Vaudeville, fiasco, imbroglio, on lit ces mots dans la presse : alors François Bayrou expliquez-nous.

D'abord, vous avez dit que j'étais Haut-commissaire au Plan, ce qui est vrai et que j'étais Président du Mouvement Démocrate, c'est également vrai ; il faut ajouter que je suis Maire de Pau. 

Un Maire de Pau, tout comme un président de région a une seule ligne de conduite, celle de rassembler le plus largement possible au moment de se présenter aux élections pour avoir une base qui ressemble à sa ville ou à sa région et non pas aux cartes de parti que l'on brandit, pour ensuite les oublier dès l'instant que l'on a été élu. Il s’est donc passé, à mon sens, ce qui aurait dû se passer depuis longtemps.

Pas seulement dans cette région mais dans d'autres. Si j’avais été président de région et que mon parti m'avait dit : « je vous interdis de vous allier avec un autre, car nous sommes dans l'opposition, pas question de parler à ces horribles gens de la majorité ! ».

J'aurais répondu « écoutez, mes chers amis du comité directeur du bureau politique de l'Exécutif et de la commission d'investiture, je suis président de la région, tout le monde connaît mes opinions, j'aurais évidemment des personnes de ma sensibilité politique et donc dans l'opposition et je chercherai aussi des personnes dans la majorité ».

Pourquoi ? Car une région a besoin d'être défendue et notamment lorsqu'il s'agit de participer.

Sauf que cela ne s'est pas passé comme cela.

C'est le problème de qui ?

Je n'ai pas fini.

Lorsque vous êtes à la tête d'une région, vous avez besoin d'avoir avec l'Exécutif des relations qui soient des relations de confiance, de pouvoir expliquer quels sont vos problèmes, ce que vous êtes et l'aide que vous attendez de recevoir.

Cela aurait dû se passer comme cela, en tout cas, c’est ce que j’aurais fait.

Pourquoi cela a raté ?

Christian Jacob dit « Jean Castex a reçu une gifle qui à mon avis aurait eu des résonances jusqu'à l’Élysée ». Les LR ont finalement fermé la porte, ils ont gagné.

Je ne suis pas certain qu'ils aient gagné, car ce n'est pas gagner que de se refermer.

Chaque fois que l'on se referme, au contraire de ce que vous indiquez, on perd. Vous voulez m'expliquer ce que dans une région comme la PACA, avec les difficultés qui sont les siennes et dans d'autres, pourquoi on garderait pour seule référence, la carte d'un parti et son inscription dans la vie politique nationale ? J'ai toujours défendu pour les municipales, comme pour les régionales une élection locale…

Parce que les alliances, cela se fait au deuxième tour et non au premier.

C'est vous qui décrétez que cela se fait au deuxième tour.

Non ce n'est pas moi, c’est LR ; je vous rassure je ne suis pas porte-parole de LR.

Alors, remettons les déclarations à leur place.

Vous dites que cela se fait au deuxième et moi, je vous dis qu’au deuxième tour cela ne fonctionne jamais.

Est-ce que cette affaire n'est pas navrante parce qu'elle instaure un climat de désorganisation généralisée ; ce n'est pas une question rhétorique que l’on vous pose lorsque l’on vous dit « expliquez-nous, on ne comprend pas ». Il y a de l’indistinction, on ne comprend pas ce que veut faire la majorité.

C'est un climat navrant.

Lorsque Xavier Bertrand, ce matin dit : « c'est de la traîtrise et du déshonneur » et il emploie le mot de Winston Churchill contre Hitler, c'est-à-dire vous avez voulu éviter la défaite au prix du déshonneur, vous aurez la défaite et le déshonneur. C’est un mot de Winston Churchill contre Hitler, rien que cela !

Xavier Bertrand, lors des dernières élections régionales il y a six ans, tout le monde, tous les partis politiques du champ démocratique républicain français, se sont désistés et ont appelé à voter pour lui, y compris en sacrifiant leurs sièges : la gauche n'a plus de siège dans le Nord-Pas-de-Calais. Et Xavier Bertrand dit - j’ai moi-même appelé à voter pour lui évidemment - « je respecterai toutes les opinions ».

Trouvez-vous que c'est ce qui est en train de se faire actuellement ?

Soyons justes, vous ne précisez pas qu'il réagit au fait que la majorité veut envoyer face à lui, Éric Dupont-Moretti ; et du coup il répond, je le cite : « Emmanuel Macron est un calculateur froid et destructeur. Pour avoir Marine Le Pen au second tour, il lui faut briser la Droite. Il met en place les conditions objectives de la victoire de l'extrême-droite, c'est un danger mortel ».

Vous en pensez quoi ?

Vous vous exprimez éloquemment au soutien d'une thèse insoutenable.

Je ne soutiens rien ! Je vous oppose les choses, je vous rassure.

J’essaye de dire les choses.

Xavier Bertrand a mobilisé tous les courants politiques français lors de son élection, il y a six ans contre Marine Le Pen pour que tout le monde rassemble ses forces pour le soutenir. Aujourd'hui, il dit : « ceux qui m'ont soutenu » - nous en étions - « ce sont des ennemis, je ferai tout pour combattre ces destructeurs ».

En face de lui, les forces politiques mises en cause et accusées disent : « on fait une liste ».

Pour ma part, je n'aurais pas choisi, à la place de Xavier-Bertrand, cette stratégie-là. J'aurais choisi une stratégie de rassemblement, car je pense qu'il n'y a rien de plus important pour notre pays dans l'état où il se trouve aujourd'hui que de se rassembler pour essayer de faire avancer les choses.

Tout le monde à l'air de considérer ou fait comme si cette élection se passait dans un climat ordinaire, habituel, dans lequel on se trouverait au fond avec du beau temps, un ciel bleu et où l’on peut aller sur la pelouse du stade de rugby pour faire un match et se taper dessus ! Mais ce n'est pas cela, la situation, car elle est plus grave dans notre pays qu'elle ne l'a jamais été depuis la guerre.

Pourquoi est-elle plus grave ? Parce qu’il y a une épidémie sans précédent et aussi en raison de l’effondrement de notre appareil de production économique, et donc des emplois qui est sans précédent, car depuis 30 ans nous avons laissé s'effondrer cela.

Vous ne pouvez pas dire que je dis cela pour la première fois à votre micro !

Non ! Au nom de cela et nous allons parler de la situation de la France, car nous vous avons aussi invité pour parler de cela, mais nous voudrions essayer de comprendre le climat politique et surtout la stratégie. Est-ce de la tactique électorale ?

Est-ce que derrière ce que vous dites, c'est-à-dire qu’il faut l'union, car le pays va mal, il n'y a pas une volonté d’Emmanuel Macron, dans ce qu'il a fait en PACA, en envoyant Éric Dupont-Moretti face à Xavier Bertrand dans les Hauts de France, qu'il n'y ait au fond plus rien, plus aucune force ou incarnation politique entre lui et le RN ?

Est-il en train de nous expliquer, « au nom de l'union nationale » le pays va mal, qu'en gros c'est lui contre Marine Le Pen et qu'il n'y a aucune autre alternative ?

Il m'arrive assez souvent de parler avec le Président de la République et je crois savoir à peu près ce qu'il a en tête.

Qu’a-t-il en tête ? Il a en tête que l'on puisse enfin, s'attaquer à tous ce qui mine notre pays depuis des décennies et que pour l'instant nous n’avons jamais réussi, y compris à identifier. Nous le savons bien, ce sont des fléchissements.

Je parlais d'économie et de l'appareil productif, industriel, agricole, de service, etc., mais nous avons des problèmes très graves en matière d'Éducation nationale, nous avons aussi des problèmes très graves en matière d'adaptation à l'emploi, de formation pour que les jeunes y aillent, et avons des problèmes très graves en matière d'État. Nous avons un État qui avec le temps a dérivé et est devenu plus bureaucratique que soutiennent des initiatives de la société.

Ce sont des problèmes vitaux ! Je ne sais pas comment il est possible de dire cela : c’est une question de vie ou d'effondrement.

Mais la bonne santé du débat public aussi est un problème vital, François Bayrou.

À ce micro Michel Barnier dit en conscience et gravement : « il ne faut pas jouer avec le feu, ce pays a besoin de clarté, d’une droite républicaine. Je dis que ceux qui essayent de dynamiter ou d'effacer tout ce qui existe entre l'Exécutif actuel et le Front National prennent des risques d'ouvrir la voie à quelque chose d’improbable et que je ne veux pas voir arriver dans mon pays ».

Que répondez-vous à Michel Barnier qui n'est pas là dans une tactique de court terme et qui formule tout le même une inquiétude très grave sur l'état de l'espace public en France.

Que répondez-vous à cette inquiétude ?

Il y a 15 ans qu'à votre micro et à tous les autres, j'ai formulé le diagnostic que LR, la Droite qui venait de l'UMP et le parti socialiste étaient, tous les deux, en situation de déliquescence. Pourquoi ?

Parce que leurs idées avaient perdu leur originalité, leur pertinence, leur définition par rapport à ce qui était nécessaire, c'est-à-dire un grand rassemblement central pour affronter les problèmes du pays. Je vais prendre des exemples très simples.

Lorsqu’Éric Ciotti dit à peu près : « Il n'y a qu'une chose qui nous sépare du Front National, c'est une notre capacité à gouverner ». Alors du point de vue des idées, il y a là un aveu d’échec et au fond de disparition.

Quelle différence en matière économique, en matière européenne, entre Michel Barnier que vous citiez à l'instant et le Président de la République ? Ils ont mené ensemble la politique européenne.

Quelle différence y a-t-il en matière économique ? La preuve c'est que le Premier ministre, le Ministre de l'Intérieur, le ministre de l'économie, sont issus des rangs de LR, ce sont des camarades de parti, des compagnons de parti, même des amis lointains ! Ils étaient engagés sous la même étiquette avec la même carte dans la poche.

La preuve de cette incohérence dans laquelle on se trouve et où l’on refuse de voir la réalité en face, Xavier Bertrand dit ce matin « Emmanuel Macron ne sait jamais occuper de sécurité ». Il se trouve que le Ministre de l'Intérieur chargé de la sécurité, s'appelle Gérald Darmanin et qu'il était le bras droit de Xavier Bertrand, y compris dans sa région.

Vous parlez de la sécurité, parlons-en puisqu'un policier a été tué hier dans une opération anti-drogue au cours de laquelle plusieurs autres policiers ont été pris pour cible.

Sur la sécurité, Jérôme Fourquet à ce micro nous disait que c'est un sujet absolument prioritaire pour les Français. À un an de la présidentielle, il nous disait qu'en avril 2018, 40 % des Français faisaient confiance à Emmanuel Macron dans la lutte contre la délinquance. Aujourd'hui ils ne sont plus que 25 % à lui faire confiance sur les sujets de sécurité. Comment vous expliquez cela ?

Comment vous expliquez, alors que vous venez de nous dire qu’il y avait Gérald Darmanin au pouvoir et que ce sont des personnes de Droite, etc. qu’Emmanuel Macron n'a pas réussi à donner confiance aux Français sur les sujets de la sécurité ?

Ce que je vous indiquais par cette citation de Gérald Darmanin, c'est qu'il n'est pas vrai qu'il y ait des politiques différenciées sur ce sujet entre LR, le Gouvernement et le PS, car d'ailleurs tout le monde se heurte aux mêmes difficultés.

La sécurité.

Sur ce point, pourquoi est-ce que nous en sommes là ? C’est parce que notre société est en voie de décomposition, par rapport à l'éducation, l'éducation par la famille, les trafics de drogue, tous ces sujets-là, on les trouve, chacun, dans sa région et chacun dans sa ville. En conséquence, oui, je pense qu'il y a de très gros progrès à faire, notamment en rapprochant la Police nationale, des responsables locaux et des maires en particulier.

Je pense que la distinction qui est faite depuis si longtemps et qui est d'ailleurs légale et constitutionnelle sans doute, fait que nous pourrions beaucoup améliorer cette question de présence sur le terrain des forces de sécurité.

Il y a une deuxième chose : il faut rapprocher les attentes des forces de sécurité avec la justice. Les décisions de justice sont naturellement commandées par l'appareil des lois, mais lorsqu'un policier arrête un dealer et qu'il le retrouve dans le quartier, le lendemain comme vous l'avez raconté 10 000 fois sur vos antennes, alors il y a quelque chose qui est blessé et atteint de ce point de vue.

La sécurité ne peut être assurée que par une entente nationale entre les forces de sécurité et la justice.

On file au standard. Il y a beaucoup de questions, François Bayrou, sur votre poste de Haut-Commissaire au Plan.

Question : je vous sens plus fort en plan de relance politique et stratégique que de ce que vous êtes chargé : la relance du plan économique, Covid-19, etc. Je vous ai rarement entendu. Je voudrais savoir quels sont votre poste et votre rôle. J'espère qu'il n'est pas fictif. Excusez-moi.

Vous m'avez invité quatre fois de suite pour parler des productions du Commissariat au Plan et je pense que nous allons encore le faire aujourd'hui.

Au mois d'avril, j'ai proposé que nous ayons un traitement de la suite de l'épidémie de Covid-19 avec ce que j'ai appelé un Plan Marshall pour la reconquête industrielle et productive.

Pourquoi ? Parce que depuis 30 ans, nous avons laissé s'effondrer cette production en France, je vous donne un seul chiffre : en Allemagne, l'industrie c’est 25 % du PIB, en France c'est entre 11 et 12 %, soit moins de la moitié.

Cela ne s'est pas fait en un jour, cela s'est fait par des suites de décisions ou de non-décisions au travers du temps. J'ai chiffré à 250 milliards l'investissement qu'il faudrait faire. Ce n'est pas de l'argent de subventions ou de l'argent perdu, c'est pour reconquérir des secteurs entiers de l'industrie dont nous sommes exclus alors que nous avons toutes les capacités technologiques, industrielles et de recherche pour le faire.

Est-ce que ce plan de 250 milliards va être voté ?

Vous avez vu peut-être, car c'est un peu passé inaperçu, lorsque j'ai proposé cette idée, une partie du gouvernement a dit « non, on n'en a pas besoin », et puis le Président de la République est allé à Bruxelles et il dit « oui il nous faut un deuxième plan de relance ».

De ce point de vue, oui, c'est un choix absolument essentiel. Nous allons sortir dans les jours qui viennent, une note, la même étude sur la démographie du pays. La France a été pendant très longtemps en tête de l'Europe pour ce qui est de la démographie, de la vitalité du pays. Aujourd'hui, cette démographie fléchit. Cela veut dire qu'il y a une perte du moral du pays à la suite de l'épidémie, mais cela a probablement commencé bien avant.

Cela doit donc faire naître des politiques qui sont des politiques de soutien à l'enfant, de soutien à la petite enfance, de soutien aux mères de famille qui travaillent, car cette spécificité française d'avoir plus de femmes au travail que d'autres, c'est quelque chose dont nous sommes fiers et que nous devons aider.

Nous pouvons ainsi faire le tour des sujets que nous avons traités, avec Monsieur Alain, avec une toute petite équipe, puisque nous sommes en tout et pour tout sept équivalents temps pleins.

Ce n'est donc pas un emploi fictif pour rassurer notre auditeur.

Ni de près ni de loin, j'ajoute que c'est de surcroît un emploi bénévole.

Question : J’ai une question toute simple. Compte tenu du compagnonnage de route de Monsieur Bayrou et du MoDem avec Monsieur Emmanuel Macron, je voulais savoir si en 2022 lui-même où l'un de ses proches sera candidat à la présidentielle ?

Je suis un soutien du Président de la République. Je crois qu'il se représentera et je pense que ce sera bien. Pour le reste, je n'ai jamais accepté l'idée des phrases définitives du genre : « moi jamais plus ! ».

Eh bien, vous laissez la porte ouverte !

Cela veut dire que si Emmanuel Macron venait à ne pas se présenter, pourquoi pas ?

Je ne veux pas dire des phrases de cet ordre qui ferait naturellement des événements, ce n'est pas du tout cela qui m'intéresse.

Lorsque l'on est un citoyen, on est un citoyen engagé et je n'ai jamais mis de limite à mon engagement. Vous avez d’ailleurs eu la gentillesse de dire que j'avais toujours conservé une liberté de parole et d'esprit qui sont ma raison d'être et la raison d'être du Mouvement Démocrate que j'ai créé.

Avez-vous toujours une liberté de ton et d'esprit sur la question de la levée des brevets.

Joe Biden a annoncé dans la nuit qu'il soutiendrait la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19. La majorité a voté contre au Parlement européen. Vous êtes pour ? Contre ?

Qu'en pensez-vous ?

Pas seulement la majorité, mais la majorité des représentants du champ politique français, …

Oui, sauf les Verts et les Insoumis.

Oui, car le PS a voté contre et LR a voté contre. Pourquoi ?

Car il n'y a de recherche que si les chercheurs sont respectés et récompensés lorsqu’ils trouvent.

Il peut donc y avoir une levée des brevets, je trouverais cela très bien, pourvu que le vaccin en question soit efficace et garanti. Je trouverais cela très bien, mais naturellement il faudra indemniser les laboratoires de recherche. Cela peut se faire par une démarche internationale.

Vous êtes un fervent défenseur de la proportionnelle, vous étiez venu nous le dire à ce micro lors de votre précédente venue dans le 7/9.

Ce combat est-il perdu pour ce quinquennat ?

Non.

Vous y croyez encore ?

Pour le quinquennat je dis ?

Non, ma conviction profonde c'est que nous avons vérifié depuis des années qu'il fallait changer les rapports entre l'Exécutif et le pays, entre la décision centrale et le pays.

Ce rapport symbolisé par la fonction présidentielle, il faut qu’en face nous ayons une vraie représentation du pays. Voilà pourquoi je soutiens et pas seulement moi, …

Vous n'êtes pas suivi par le Président de la République sur ce point.

Vous affirmez que je ne suis pas suivi et moi je vous dis que je considère que ce combat essentiel n'est pas perdu. Je pense que le jour où nous aurons rééquilibré les rapports entre le Président de la République et l'Exécutif, le Président de la République et le Gouvernement et la représentation nationale, nous aurons alors fait un pas très important pour que le débat soit intéressant et considéré par les Français comme sincère.

Alors qu'approche le 10 mai prochain, le quarantième anniversaire de la victoire de François Mitterrand en 1981, le rapport Duclert, sur le rôle de la France dans le génocide au Rwanda en 1994, pointe la faillite de la politique française et met directement en cause François Mitterrand et son entourage, même si le rapport ne conclut pas à une complicité de la France dans ce génocide.

Nicolas Sarkozy s'exprime ce matin sur la question dans le Point et parle de l'aveuglement dramatique qui était le fait d'un petit groupe au plus haut sommet de l'État. Il cite le Chef d'État-major particulier « Cellule Afrique » et le président Mitterrand lui-même.

La France doit-elle aujourd'hui s’excuser pour ce qu’il s'est passé au Rwanda ?

J'étais membre du gouvernement de François Mitterrand qui était le Président de la République, avec un Gouvernement de cohabitation. Je n’ai jamais vu d'indices qui aillent dans ce sens. Je pense qu'il est possible que, peut-être à l'époque, une partie de l'État-major ait été…

Au courant ?

… au courant ou en tout cas ait éludé quelque chose, mais pour avoir souvent parlé avec François Mitterrand de ces sujets, je n'ai jamais senti la moindre indulgence, la moindre indifférence à l'égard de ces choses-là. Je n'étais pas dans l'appareil militaire, je n'étais pas dans les relations internationales, j'étais ministre de l'Education, mais moi, je n'ai jamais senti cela.

La France doit s'excuser ?

Je ne sais pas de quoi devrait-elle s'excuser. Si les faits sont établis, la France dira qu'il y a eu des erreurs à cette époque, mais je n'aime pas la politique perpétuelle de l'excuse. Je trouve que c'est tellement confortable dans un fauteuil, 25 ou 30 ans après, de pointer du doigt ceux qui étaient aux responsabilités. Je n'aime pas cette démission devant l'Histoire.

Merci.

Thématiques associées

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par