"On ne peut pas ne rien faire. Cette épidémie galope, explose, et met à l’épreuve notre système hospitalier."

François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité de la matinale de France Inter, ce mercredi 28 octobre à 8h20. 

Extraits :


Retrouvez ci-dessous la retranscription de l'entretien :

Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

Merci d'être présent ce matin.

Question à l'agrégé de lettres que vous êtes : le Président de la République « annoncera », « annoncerait » le reconfinement ce soir. Il faut employer le conditionnel ou pas ?

Je pense qu'il faut l'employer, en tout cas pour moi, si je regarde la situation, je vois des choses absolument claires.

La première de ces évidences, c'est que l'on ne peut pas ne rien faire. C'est quelque chose qu'il faut prendre en compte parce qu’en réalité la plupart des commentaires laissent entendre que l'on pourrait ne pas agir.

Or ce n'est pas possible, car ce que nous avons sous les yeux, c'est une épidémie qui galope, qui explose et qui met à l'épreuve notre système hospitalier, car on voit bien que, d'ici quelques jours, quelques semaines au maximum, on risque de se trouver dans une situation totalement déstabilisée.

C'était très bien raconté sur les journaux de France Inter, le constat est là et nous le connaissons. Pourquoi dans ce cas employer le conditionnel ?

Le reconfinement n'est pas certain ?

Parce que vous avez employé une expression que pour ma part je ne partage pas, mais on verra ce que les autorités vont décider. Ce que je ne partage pas, c’est le reconfinement généralisé, l'idée que l'on refermerait tout.

Vous êtes contre ?

Si on peut l'éviter, notre devoir est d'essayer de l'éviter tout en gardant les précautions sanitaires qui s'imposent.

Reconfinement généralisé, qu'est-ce cela veut dire ? Cela veut dire que l'on ferme les lieux de travail, les écoles…

Les commerces, etc.

Les commerces, c'est encore autre chose mais si on prend les lieux de travail et les écoles qui sont les deux premières préoccupations, alors à ce moment-là on voit que, dès cet instant, la vie du pays s'arrête. Et c'est évidemment un risque, et à mon sens - mais je ne m'exprime qu'à titre personnel…

C'est le conseil que vous avez donné à Emmanuel Macron.

C'est un risque qu'il faut éviter autant que possible, et sans porter atteinte à l'action qui vise à bloquer l'épidémie ou en tout cas à la ralentir suffisamment pour que l'on puisse agir contre elle et soigner les malades qui sont le plus exposés.

Si j'ai le choix, en tout cas, moi, je ne me prononce pas pour un reconfinement généralisé.

Je pense qu'il faut prendre des mesures de précaution, mais si on peut éviter de paralyser complètement le pays comme on l'a fait au printemps avec les conséquences que nous avons vécues, alors c'est mieux de garder des éléments de vie qui nous permettent de rester le plus près possible d'une vie normale ou en tout cas d'une vie active.

Les écoles, vous dites qu’il faut les laisser ouvertes.

On entend les écoles primaires. Qu'est-ce vous dites pour les collèges, pour les lycées ? On entend beaucoup que les lycées pourraient refermer et les élèves travailler en distanciel, c’est possible pour ceux qui vont passer le bac à la fin de l'année ?

On devrait pouvoir aménager, peut-être faire des demi-groupes dans certaines classes, mais, pour moi, enseignement primaire et enseignement secondaire, c'est un bloc. Vous le savez bien.

Donc, les collèges, les lycées doivent rester ouverts et accueillir les élèves ?

Il me semble que l'on devrait pouvoir travailler aux précautions nécessaires pour que collèges et lycées et écoles primaires demeurent ouverts.

Si on vous comprend bien, vous êtes donc contre le reconfinement ?

Ce n'est pas à moi de décider.

Ce que vous décrivez ressemble à ce que nous vivons aujourd'hui avec des mesures un peu plus restrictives.

Mon sentiment à moi - je ne suis pas à la place de ceux qui décideront - c'est que l'on ne peut pas refermer le pays sur lui-même complètement. On ne peut pas se retrouver comme à la situation du printemps avec un blocage complet qui fasse que les parents, les familles se trouvent empêchés d'avoir une vie aussi active que possible car l'activité du pays, son activité de travail, son activité laborieuse, son activité d'étude, son activité studieuse, c'est la vie du pays que nous avons entre les mains.

C'est contradictoire, au tout début vous avez commencé il y a moins de 5 minutes en disant : « la situation est catastrophique, il faut vraiment prendre des décisions très fortes. »

Je n'ai pas employé le mot « catastrophique ».

Je résume !

Dieu sait que j'ai de l'admiration pour le métier que vous faites, mais la pente des médias, c'est de toujours vouloir aller à l'excès.

Vous avez dit : « les chiffres sont alarmants. »

J'ai dit qu'il y avait une épidémie qui explosait.

Et qu'elle est hors de contrôle et, en l'occurrence, c'est le président du conseil scientifique qui le dit. Quand vous entendez Jean Castex annoncer que novembre sera éprouvant alors que nous ne sommes encore qu'en octobre, on se dit que la situation, qualifions-la de catastrophique ou non, justifierait des mesures radicales, drastiques.

Pour vous, on peut éviter ces mesures les plus contraignantes à savoir le confinement généralisé ?

Il est très important de faire preuve de sang-froid et de bon sens. C'est notre devoir, notre responsabilité. Cela devrait être notre responsabilité partagée : à la fois les auditeurs qui nous entendent, vous, les médias, et les responsables politiques.

Comme citoyen, on en a marre, François Bayrou, il y a de l’anxiété, de la lassitude de la colère et surtout le sentiment de vivre dans l'incertitude sans savoir à quelle sauce on va être mangé.

Vous le comprenez ?

Est-ce que vous comprenez que l'expression que vous utilisez : à quelle sauce on va être mangé est à peu près exactement le contraire de la situation ?

Il ne s'agit pas d'imposer des situations dans lesquelles on a le sentiment d'être mangé à une sauce qui n'est pas la vôtre, il s'agit de préserver des vies et de préserver en même temps la vie de la nation.

Moi, en tout cas, je n'ai pas envie ou je trouve que la décision de bloquer… Peut-être un jour on y sera conduit, mais notre devoir est de faire en sorte que l'on garde un peu de sang-froid en face de tout cela.

Cela veut dire pour les bars, pour les restaurants, pour les coiffeurs par exemple, pour les libraires : cela ferme ou il ne faut pas les fermer ?

Ce sont des décisions qui ne sont pas encore arbitrées.

À titre personnel ?

À titre personnel, je pense qu'il y a beaucoup de commerces qui peut-être sont dans une situation difficile. Dans ce cas, il faut les aider, il y a sans doute des échoppes et des commerces qui sont nécessaires à la vie, ne serait-ce que les commerces alimentaires.

Les bars et les restaurants, il faut les fermer ou pas, selon vous ?

Pour l'instant, c'est une question qui s'est posée dans tous les pays européens et ils ont tous décidé de les fermer.

Vous êtes un proche du Président de la République, vous lui parlez, hier vous avez vu le Premier ministre Jean Castex qui disait ne rien savoir des décisions que prendra Emmanuel Macron.

Comment est-ce possible dans une démocratie ? C'est ce que l'on entendait tout à l'heure dans la bouche de Christian Jacob.

La bouche de Christian Jacob, toute respectable qu'elle soit, ce n'est pas l'oracle de Delphes. J’étais à cette réunion et c'est évident que le Premier ministre et le gouvernement ont devant eux des options qui vont être validées aujourd'hui.

Tranchées dans le secret du Conseil de défense à l’Élysée.

Oui, c'est même l'endroit où cela doit se trancher.

Vous avez écrit un livre il y a quelques années qui s'appelait : Abus de pouvoir contre la verticalité du pouvoir exercé par Nicolas Sarkozy. En l'occurrence, aujourd’hui, on est en plein dedans.

J'aime beaucoup que vous citiez mes œuvres, mais j'aimerais encore davantage que vous les lisiez car je n'ai jamais soutenu la thèse que vous dites.

Dans un État, il faut qu'il y ait un lieu d'arbitrage, il faut qu'il y ait une organisation de l'État et, au sommet de l'organisation de l'État, il y a l'Exécutif qui, après avoir discuté, concerté - nous l'avons fait pendant plus de 2 heures hier soir avec tous les responsables de tous les partis politiques sans exception - décide de ce qui va être tranché pour le pays.

Le calendrier, c'est d'abord le Premier ministre qui rencontre des partenaires sociaux, des patrons de partis, sans leur dire grand-chose. Ensuite, le Président de la République va parler et ce n'est qu'après la déclaration solennelle d’Emmanuel Macron qu'il y aura un débat devant les chambres au Parlement.

C'est normal ?

Oui, absolument.

C'est le fonctionnement de la Vème République. Les parlementaires ne servent à rien ?

C'est drôle que vous soyez à ce point éloigné - comment dirais-je - des règles d'éducation civique normales.

Comment se vote une loi ?

Une loi, et là on n'est pas dans les lois, on est dans les décisions de l'Exécutif, une loi, c'est un projet de loi. Un projet de loi, c'est l'Exécutif qui va devant l'Assemblée, devant sa majorité quand il en a une et qui dit : « Il me semble qu'il faudrait prendre un texte dans ce sens ». Ensuite, il y a un débat, puis un vote.

C'est exactement ce que nous allons avoir là et chacun va pouvoir s'exprimer.

Ce qui est étonnant, c'est que l'on est dans un pays où - et la situation s'y prête parce qu'il y a beaucoup de tensions et d'inquiétudes - on est dans un pays où l'on fait polémique de tout.

Qu'auriez-vous dit si l'Exécutif n'avait pas tranché, s'il était venu….

Au moment de la première vague, il y avait eu une certaine forme de consensus politique. Face à la deuxième, on voit qu'il n'y a plus de solidarité sur la scène politique.

Je ne suis pas d’accord avec ce point.

Tous ceux qui étaient à la réunion hier soir se sont exprimés pour dire qu’ils avaient l'intention d'être solidaires des décisions prises. Ils ont chacun exprimé leur sentiment. Et ce sentiment que j'ai essayé de traduire devant vous : premièrement, il faut absolument faire quelque chose, et deuxièmement, pas de reconfinement généralisé.

En tout cas, c'est ce que j'ai retenu de l'intervention des autres présidents de partis et des autres responsables d'organisations d'élus ou de groupes parlementaires.

C'est exactement, ce qu'ils ont dit et je crois que si on peut faire preuve d'un minimum de calme et de sang-froid dans une situation difficile, mais dans laquelle le pays ne va pas disparaître...

J'entendais tout à l'heure sur vos antennes dire : « Quel espoir ou quelle espérance ? ». C'est très simple : c'est un pays suffisamment fort, suffisamment mûr, j'espère, pour faire face à une situation qui s'impose à tous les pays du monde et dont personne n'est responsable, parce que le virus est arrivé sur la planète sans que qui que ce soit l'y ait mis.

Cette responsabilité, on va l'assumer et on va s'en sortir.

La question qui se pose quand même est : le gouvernement a retenu quoi de la première vague ? Quelles leçons en avez-vous tirées ? On avait tout à l'heure M. Valletoux, le président de la Fédération Hospitalière de France qui disait : « on n'a pas tiré de leçon, on n'a rien appris, on n'a rien retiré. »

Vous êtes d'accord ?

Non, je suis président d'un hôpital important - l'hôpital de Pau - et l'hôpital de Pau est mieux entraîné, mieux armé, mieux organisé aujourd'hui naturellement qu'il ne l'était au printemps puisqu'il a fait face à la première vague.

On a déclenché le plan blanc avant-hier parce que tout le monde se prépare évidemment à la montée des cas difficiles.

On a l'impression que l’on est encore dans la réaction et pas dans l'anticipation.

Non, je vous donne quelques preuves : on a acheté des médicaments, des molécules pharmaceutiques, on n'en avait plus au printemps.

Vous savez que l'on s'est trouvé devant des ruptures d'approvisionnement, ce qui pose d'ailleurs la question qui m'intéresse en tant que responsable de cette organisation du Haut-Commissariat au Plan. Comment fait-on pour garantir que l'on ait des productions chez nous de ces molécules indispensables pour les anesthésies, pour les corticoïdes, les antibiotiques, les produits anticancéreux, que sais-je encore.

On a acheté près de 10000 respirateurs qui permettent comme on dit « d'armer des lits », des lits qui ne sont pas strictement des lits de réanimation où les patients ne sont pas intubés, ni sous assistance respiratoire, mais ils sont ventilés avec de l'oxygène.

Vous avez rempli les stocks.

J'ai dit que, oui, on avait préparé les choses.

Est-ce parfait ?

Si vous connaissez quelque chose de parfait dans la vie, même à France Inter, vous allez découvrir que, oui, il n'y a pas grand-chose dans la vie, il arrive assez souvent que l'on rencontre des difficultés, qu'elles soient répétées ou réitérées au travers du temps.

Il demeure que l'essentiel, c'est-à-dire la préparation à ce que nous allons vivre, oui, a été mieux prise en compte pour cette deuxième vague que pour la première.

Mais il est possible que la deuxième vague soit plus compliquée que la première, c'est une possibilité.

Une question pour Monsieur Bayrou, de Françoise.

Bonjour Monsieur Bayrou. Est-ce qu’il serait envisageable de confiner les personnes à risques ? C'est-à-dire par tranche d'âge : les plus de 80 ans pour enrayer l'épidémie ?

On peut donner des conseils, on ne peut pas s'adresser à nos concitoyens qui ont par exemple plus de 80 ans pour leur dire : ne sortez plus jamais.

Cela, je ne crois pas qu'ils l'accepteraient.

Je pense que, simplement, on peut partager les consignes de prudence et par exemple, en effet, ne pas multiplier les rencontres lorsqu'on appartient aux âges à risques ou aux catégories à risques.

On sait bien qu’il existe des situations de santé qui exposent d'avantage au virus que d'autres.

Vous vous souvenez du 14 juillet, de l'intervention du Président de la République qui disait qu'en cas de deuxième vague, nous serions prêts. Est-ce que nous le sommes ?

Visiblement pas ?

Cela a l'air de vous énerver.

Non, cela ne m'énerve en rien, c'est une réaction que vous avez le droit d'avoir, que beaucoup de gens ont et je dis qu'on est mieux préparé aujourd'hui qu'on ne l'était au printemps.

Les équipes médicales savent mieux prendre en charge la maladie.

Les molécules pharmaceutiques et les équipements, je pense aux respirateurs, sont plus garantis aujourd'hui qu'ils ne l’étaient et je pense que nous pouvons nous dispenser de dire que nous n'avons tiré aucun enseignement de tout cela, car ce n'est pas vrai.

Cela était souvent dit sur vos antennes ; en effet, on sait qu'une deuxième vague est possible. On a appris après qu’elle était probable et on se trouve aujourd'hui devant cette responsabilité.

Cela dit, si vous voulez me faire dire… je vais le dire en le soulignant de toutes les façons.

Que les choses soient claires.

Gouverner, c'est prévoir et donc les plans de mobilisation, on doit les multiplier pour tous les secteurs dans les situations inédites sans précédent que l'on rencontre dans la vie et que nous sommes encore en train de rencontrer cette fois-ci.

Question de Benjamin : En tant que commissaire au Plan pourquoi ne pas avoir recommandé en urgence l’ouverture de lits de réanimation et de mettre des moyens pour les hôpitaux quand vous êtes arrivé en prévision de la deuxième vague et pourquoi en tant que député pendant des années vous avez voté pour tous les plans de réduction de budget de la sécurité sociale ?

Je sais bien que c'est un angle polémique, mais pour moi c'est injuste. Pas seulement pour ce gouvernement qui vient d'en rouvrir quelques milliers, mais pour les gouvernements précédents.

Pourquoi ?

Les fermetures de lit dans les hôpitaux, de quoi sont-elles venues ? Vous le savez très bien dans votre propre vie : c'est qu'un très grand nombre d'opérations se passent maintenant en ambulatoire, c'est-à-dire que l'on est opéré le matin, on sort le soir ou on est opéré la veille et on sort le lendemain alors qu’avant on restait 5 ou 6 jours dans les services hospitaliers. Et tous les médecins, toutes les infirmières, tout le personnel des hôpitaux sait que c'est la vérité.

Les fermetures de lits n'ont pas été dans les secteurs brûlants comme ceux-là en tout cas dans l'hôpital que je connais le mieux, celui de ma ville, vous savez que les maires sont présidents des Conseil de surveillance des hôpitaux.

C'est comme cela que cela se passe.

Il n'est pas vrai qu'il y ait eu ce complot contre les lits d'hôpitaux, ce n'est pas vrai.

On a simplement changé les pratiques hospitalières et maintenant, tout le monde sait, pour un accouchement on restait 8 jours à l'hôpital avant et, là, on reste 36 ou 48 heures et c'est cela qui fait que l'on a adapté le nombre de lits aux besoins des malades.

Cela, cela fait quelques années malgré tout que l'on se doutait que certains spécialistes tiraient des sonnettes d'alarme en disant si on a une grosse crise sanitaire, ce ne sera pas tenable.

On le savait, malgré tout ?

Non, je ne crois pas, je pense que ces affirmations péremptoires sont très souvent des affirmations après coup, car il y a beaucoup de gens qui prédisent exactement après coup.

Je vais vous dire quelque chose, je ne sais pas dans quelle catégorie de défense ou au contraire de réquisitoire il faut la mettre : j'ai toujours craint ou pensé comme observateur que l'on aurait un jour une épidémie pulmonaire virale de cet ordre.

Pourquoi ? Parce que j'avais étudié beaucoup ce qui s'était passé au moment de la grippe espagnole dont tant et tant d'esprits majeurs français comme Guillaume Apollinaire sont morts et, ces trois vagues de la grippe espagnole, j'ai toujours pensé toujours qu'on ne les retrouve un jour dans le monde contemporain. Mais j'avoue à ma grande faiblesse que je n'avais pas vu les conséquences majeures planétaires que cela pourrait avoir sur l’économie, sur les rencontres et le changement de monde, le changement d'attitude, que nous sommes en train de vivre. On ne s'embrasse plus, on ne serre plus la main, on ne se visite plus, on ne voyage plus, on change les habitudes de consommation.

Tout cela, c'est un changement extrêmement profond et je présenterai cet après-midi devant le Conseil économique et social au titre du Plan cette première note sur le thème : « Et si le Covid durait ? ».

Qu'est-ce cela implique comme changement profond ?

Comment peut-on prévoir ce qui va se passer dans 30 ans, ce qui est votre travail de Haut-commissaire au Plan?

Comment imaginer l'avenir alors que l'avenir est complètement incertain aujourd'hui ?

Je ne crois pas qu'il soit complètement incertain, je vais vous dire ce que je crois.

On peut, non pas dire avec assurance du haut de son fauteuil : « Voilà ce qui va se passer », mais on peut réduire les incertitudes.

On peut discerner, deviner, je vais en prendre une : on est devant une augmentation formidable au sens impressionnant du terme, on est devant une augmentation formidable des dépenses de santé et de soutien de l'économie.

Chômage, indemnisations, soutien aux entreprises, etc.

Pour soutenir ces dépenses-là, il faut naturellement que nous ayons les moyens, la dépense publique et les rentrées fiscales ou sociales nécessaires.

Ce qui veut dire qu'il faudra nécessairement retrouver sur notre sol des capacités de production que, depuis des décennies, on avait perdues.

J'ai l'impression d'être un peu obsessionnel, comme vous vous souvenez j'ai fait une campagne présidentielle sur le thème « Produire en France ».

Et aussi une autre sur la dette en l'occurrence qui n'est plus une de vos préoccupations. Tout change, c'est la seule constance en politique !

Question Amaya : En cas d'un confinement global ou partiel, qu'est-ce qu'il va advenir des résidents des EHPAD qui ont déjà payé un lourd tribut une semaine avant le confinement, une semaine avant le 16 mars, ils ont déjà été confinés. J'habite sur la côte basque j'ai un papa en EHPAD qui a Alzheimer. Cela a été une période extrêmement compliquée pour les accompagnants, mais surtout pour eux.

Je suis scandalisée car on a tous respecté cette distance, les visites qui ont été quand même fortement réduites, même au déconfinement.

L'établissement a tout fait pour protéger les résidents et nous sommes dans une petite commune qui s'appelle Guetary pour ne pas la citer où nous avons eu une influence de l'extérieur qui a été monstrueuse cette année.

Personne n'a respecté le port du masque.

Maintenant qu'est-ce qu'il va se passer ? Ce sont les résidents de cet EHPAD qui est en plein centre du village qui vont payer les pots cassés.

Ils ne sont pas résignés, les Français, ils sont en colère.

C'est très important ce qu’Amaya vient de dire.

À la question : qu'avons-nous appris de la première vague ?

Quelle leçon en tirer ? Il y a une leçon : on ne peut pas fermer - enfin à mes yeux, encore une fois je ne suis pas décideur - les EHPAD comme on les a fermés au printemps car c'est trop difficile pour les pensionnaires et pour leurs familles.

Qu'il faille imposer des précautions, c'est nécessaire, mais les fermer, je ne crois pas que ce soit possible. C'est pourquoi je m'opposais tout à l'heure à l'idée que vous défendiez de reconfinement généralisé. Mais il y a une deuxième chose qu’Amaya a dite : à tout cela il y a des causes. Et notamment - je vis dans les Pyrénées-Atlantiques et Amaya aussi - il y a eu, notamment pendant les vacances en effet, des afflux de populations parfaitement décidées à ne pas respecter les règles et les mesures sanitaires, les mesures de précaution que l'on avait décidé de prendre, ils avaient décidé que c’était fini et que l'on ne se soumettrait pas à tout cela.

En effet, l'augmentation de la contagion et de l'épidémie dans les Pyrénées-Atlantiques vient en très grande partie de ce qui s'est passé d’irresponsable pendant les vacances.

C'est la dernière question, une réponse courte : François Hollande l'ancien Président de la République disait que le déconfinement avait été mal fait.

Est-ce que vous partagez le même point de vue ?

Non, la tentation des « responsables » politiques et je mets le mot "responsables" entre guillemets, dans cette phase, c'est de faire des polémiques à propos de tout.

Quand on a été aux responsabilités, c'est le cas de François Hollande, on sait que le réel est plus difficile à maîtriser qu'on ne le dit dans les micros et on sait qu'on avance par essai et par erreur, un pas après l'autre et on tire les conclusions du pas précédent pour faire le pas suivant et on peut aussi essayer de regarder à long terme ce qui aurait dû être fait depuis longtemps.

Merci François Bayrou.

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