đŸ“ș đŸ“» François Bayrou, invitĂ© de France Info

François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia dans la matinale de France Info, ce jeudi 26 novembre à 8h30.

Marc Fauvelle - Bonjour François Bayrou.

François Bayrou - Bonjour.

Le Premier ministre Jean Castex va donner en fin de matinée les détails de la sortie du confinement, mais déjà, on entend plusieurs voix qui réclament des assouplissements aux rÚgles annoncées par Emmanuel Macron, c'est le cas par exemple d'une partie des catholiques qui ne comprennent pas pourquoi ils ne pourront pas assister à des messes à plus de 30, y compris quand la cérémonie va se dérouler par exemple dans une cathédrale.

Est-ce que vous partagez leur revendication ?

D'abord, il est lĂ©gitime, quand on est responsable d'un pays, que l'on fixe des rĂšgles pour arrĂȘter une Ă©pidĂ©mie de cette gravitĂ©.

AprÚs, il y a toujours des adaptations. C'est vrai que le chiffre de 30, chiffre unique quelle que soit la taille de l'édifice religieux, dans une petite chapelle, c'est trop, mais 30 dans une cathédrale, franchement ce n'est pas adapté.

Je crois qu'il y a une chose simple à faire et qui réconcilierait tout le monde, c'est de fixer un quota, un nombre de participants à l'office par rapport à la surface.

Par mÚtre carré, comme on fait dans les commerces.

Oui, on va faire 8 mĂštres carrĂ©s dans les commerces, faisons 8 mĂštres carrĂ©s - en tout cas, c'est la proposition qui me paraĂźtrait la plus adaptĂ©e - dans les Ă©difices religieux pour que l'on puisse ainsi ĂȘtre assurĂ© du respect des distances, du respect des prĂ©cautions Ă  prendre et, en mĂȘme temps, que la vie normale et spirituelle, qui est trĂšs importante pour un grand nombre de nos concitoyens, puisse se dĂ©rouler normalement. Et cela ne vaut pas que pour les Ă©difices catholiques bien sĂ»r. Cela vaut absolument pour tous les Ă©difices religieux.

Vous qui dialoguez réguliÚrement avec le Président de la République, vous lui avez soumis cette idée ?

Oui, je lui ai soumis cette idée ; je pense qu'il y a eu un défaut de communication dans cette affaire.

C'est-à-dire ?

J'ai entendu dire que le chiffre de 30 était en rapport avec 30 % des places.

Vous pensez qu’Emmanuel Macron n'a pas utilisĂ© la bonne formulation avant-hier ?

Je pense que, de ce point de vue, il y a des adaptations Ă  faire.

30 places ou 30 %, cela fait une petite nuance.

Si l'on prend le mĂȘme gabarit, la mĂȘme norme pour les magasins qui vont rouvrir et pour les Ă©difices religieux dans lesquels la libertĂ© de culte est trĂšs importante pour un grand nombre de ceux qui y participent, alors il me semblerait qu'il y a quelque chose de normal et de rĂ©gulier dans la dĂ©cision prise.

Des questions se posent aussi concernant l'isolement des malades. Le Président souhaite que le gouvernement et le Parlement mettent en place des conditions contraignantes.

Contraignantes jusqu'oĂč ? Est-ce que vous ĂȘtes pour une amende ?

Je pense que c'est une question trĂšs importante.

Avant de savoir les modalitĂ©s pratiques, je pense que le minimum de responsabilitĂ© quand on est malade d'une maladie aussi contagieuse et qui frappe aussi durement - nous avons tous des amis morts dans cette affaire et pas seulement des gens ĂągĂ©s, aussi des gens plus jeunes - quand on est devant une maladie aussi dangereuse, alors c'est un devoir impĂ©ratif que de s'isoler quand on est malade surtout que, comme vous savez, l'isolement dure 10 jours pas plus et qu'aprĂšs on n'est plus contagieux et d'ailleurs on est soi-mĂȘme - espĂ©rons-le - immunisĂ©.

Devoir impĂ©ratif qui doit donc ĂȘtre sanctionnĂ© quand il n’est pas respectĂ©.

Devoir impératif et il est normal, le Parlement va s'en occuper, que l'on réfléchisse à la forme de cet impératif.

Cet impĂ©ratif doit ĂȘtre respectĂ© et les pouvoirs publics ont le devoir de mettre une insistance particuliĂšre pour que chacun fasse face Ă  ses responsabilitĂ©s.

L'attitude de quelqu'un qui est malade qui connaĂźt la gravitĂ© la maladie et qui dit « je m'en fiche de la transmettre aux autres », c'est une attitude qui, dans un pays comme le nĂŽtre, ne peut pas ĂȘtre admise.

Vous, personnellement, est-ce que vous ĂȘtes pour une amende par exemple ?

Je ne sais pas trÚs bien sous quelle forme, mais comme vous savez, nous avons une application « Tous anti Covid » qui doit permettre de suivre et de vérifier.

Il n'y a rien de contraignant dans « Tous anti Covid », est-ce que vous demandez que les malades qui ne respectent pas l’isolement soient


Le Parlement va décider de cela, je ne veux pas m'avancer sous la forme de : est-ce un délit ou pas, est-ce une amende, est-ce un P.V. ? Je n'en sais rien.

Le plus raisonnable, c'est de faire cet appel insistant à la responsabilité dont on a besoin.

Emmanuel Macron a exclu de rendre le ou les futurs vaccins contre le Covid-19 obligatoires. Je voudrais vous faire entendre ce que vous disiez il y a quelques jours sur Europe 1, François Bayrou, ce n'est pas tout Ă  fait la mĂȘme tonalitĂ© sur les vaccins.

« Et donc vous seriez favorable à cette obligation pour le vaccin anti Covid ?

AprÚs que l'on se sera assuré que le vaccin marche et qu'il est complÚtement
.

Sur le principe ?

Sur le principe, oui bien sĂ»r. Heureusement que l'on a des vaccinations obligatoires, il y a des pays oĂč la rougeole est en train de repartir parce qu'on a Ă©tĂ© nĂ©gligent vis-Ă -vis des vaccinations et cela tue et je ne connais aucun mĂ©decin autour de moi qui ne soit pas certain que c’est dans ce sens qu’il faut aller. »

Est-ce que vous savez pourquoi Emmanuel Macron n'a pas repris cette proposition ? Est-ce qu’il a eu peur, par exemple, de froisser la partie d’opinion hostile au vaccin ?

Non, je pense que le souci de la liberté, de la responsabilité personnelle


Que vous n'avez pas, vous ?

Je pense que l’on n’a vaincu la poliomyĂ©lite, pour prendre un exemple cruel, pour l’instant que parce qu'on a instituĂ© une vaccination obligatoire.

Je ne suis pas choquĂ© par les vaccinations obligatoires, je l’ai dit. Le PrĂ©sident de la RĂ©publique a choisi une autre voie et je comprends aussi le respect de la libertĂ©. Cela veut dire que, dĂšs que l'on aura vĂ©rifiĂ©, c'est la premiĂšre partie de ma phrase


On a laissĂ© l’intĂ©gralitĂ© de vos propos...

C’est bien et je vous en remercie.

DÚs que l'on aura vérifié, un, que le vaccin est efficace, deux, son innocuité, que cela ne nuit en rien à la santé, dÚs que l'on aura vérifié cela, et si cette maladie, je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que cette maladie a fait sur la France et sur la planÚte. On va se trouver avec une crise économique et sociale comme on n'en a pas connue depuis la guerre et pas seulement cela, il y a eu des dizaines de milliers de morts et de familles endeuillées et des enfants qui ont perdu leurs parents.

Donc vraiment, lorsque l’on aura vĂ©rifiĂ© cela, moi en tout cas je pense que la vaccination va se multiplier et que tout effort qui va dans le sens d'une vaccination efficace et respectĂ©e par tout le monde irait dans le bon sens car ce n'est pas tout Ă  fait la grippe, vous avez compris.

Cela n’a Ă©chappĂ© Ă  personne...

L'Assemblée Nationale a voté mardi le texte controversé de la loi sécurité globale et sa mesure phare : l'interdiction de diffusion des images de policiers dans un but malveillant.

Parmi les députés de votre parti, le MoDem, 33 ont voté pour, 5 contre et 18 abstentions.

Il y a comme un malaise face au texte dans vos rangs ?

Est-ce que vous, vous l’auriez votĂ©, ce texte ?

Oui. Je ne dirai pas qu'il y a un malaise, je dirai qu'il y a un souci trÚs grand dans nos rangs de la liberté personnelle, de la liberté d'information, de l'équilibre entre l'information et l'ordre et le maintien de l'ordre et comme nous sommes un mouvement politique dans lequel ces valeurs sont trÚs importantes, oui, un certain nombre se sont opposés, d'autres se sont abstenus.

Vous l'auriez voté en toute confiance ?

Je l'aurais voté parce que ce qui est visé par le texte, c'est la diffusion malveillante.

Je ne sais pas trÚs bien comment on définit le terme et le Conseil Constitutionnel va s'exprimer puisque le Premier ministre a décidé de le saisir sur ce texte.

Je voudrais dire une chose : les policiers, ce sont des femmes et des hommes qui font partie intégrante de notre peuple, dont on a absolument besoin pour que la société ne soit pas déstabilisée.

Ce sont trĂšs souvent des femmes et des hommes qui viennent du peuple, ce sont des femmes et des hommes qui n'ont pas des situations mirobolantes et c'est vrai qu'un certain nombre d'entre eux vivent trĂšs difficilement, trĂšs douloureusement d'ĂȘtre ciblĂ©s dans leur vie personnelle, dans la citĂ© oĂč ils habitent, que leurs femmes, que leurs enfants Ă  l'Ă©cole soient dĂ©signĂ©s comme flics, comme ils disent et donc cette difficulté  Autrefois, l'anonymat les protĂ©geait, autrefois les familles n'Ă©taient pas ciblĂ©es comme elles le sont.

Vous voulez dire que sans les réseaux sociaux, ils étaient plus anonymes.

Bien sûr, le rÎle des réseaux sociaux est trÚs important et on ne va pas le changer.

C'est cela que le lĂ©gislateur a visĂ©, que le gouvernement a visĂ©. Le gouvernement a visĂ© cette espĂšce de mal-ĂȘtre, de malaise qui est celui de ces femmes et de ces hommes qui naturellement sont chargĂ©s du maintien de l'ordre qui ont une famille et une vie.

Est-ce qu’en l’état le texte est Ă©quilibré ?

Je ne sais pas s'il est efficace en l'Ă©tat. On va voir ce que le Conseil Constitutionnel en dit, cela va ĂȘtre trĂšs important.

Je sais quelle était l'intention de ceux qui ont rédigé ce texte.

Vous dites partout, François Bayrou « j’aurais sans doute votĂ© un texte, mĂȘme si je ne suis pas sĂ»r qu’il soit efficace ». Dans ce cas, c'est de la littĂ©rature, ce n’est plus une loi.

Espérons que non, le gouvernement dit que non. On va voir comment cela va se passer. Je comprends l'intention du gouvernement et de ceux qui ont voulu protéger et les femmes et les hommes chargés en notre nom du maintien de l'ordre, je dis bien « en notre nom ».

L'espÚce de ciblage de la fonction de ces femmes et de ces hommes du maintien de l'ordre est malsaine et je comprends que le gouvernement veuille les protéger.

D’un mot, il y a un problĂšme GĂ©rald Darmanin aujourd'hui, ou c'est une force pour Emmanuel Macron ?

Pas du tout. Il y a un ministre de l'Intérieur qui travaille, qui est actif, qui est énergique et les ministres de l'Intérieur, toujours au travers du temps, je peux vous citer des noms connus, prennent à juste titre cette attitude de défense de ceux qui, sous leurs ordres, sont chargés de maintenir la sécurité de la population.

LĂ , est-ce qu’il ne va pas trop loin en revenant sur les libertĂ©s individuelles ?

Une remarque, est-ce que vous connaissez un pays dans lequel on laisse s'installer un campement sauvage sur une des places principales de la capitale ? 500 personnes.

La question, ce n’est pas forcĂ©ment celle de l’évacuation, mais la maniĂšre dont cette Ă©vacuation a Ă©tĂ© faite.

Oui, c'est vrai, mais il y a des moments de tension et des gestes qui ne sont pas tout Ă  fait normaux.

Ces images d’évacuation Place de la RĂ©publique vous ont choquĂ© François Bayrou ?

Oui, je les ai vues, je trouve qu'elles n'Ă©taient pas ce que l'on souhaiterait, mais enfin, en mĂȘme temps, il n'y a pas eu de blessĂ©s, pas de morts d'hommes, pas de blessures.

Il fallait attendre la mort d’un homme ?

Non, pas du tout, ne déformez pas ce que je dis. Il n'y a pas eu de blessures, il y a eu une bousculade et, dans la bousculade, il y a eu des gestes qui n'étaient pas normaux, mais pour autant, ce n'est pas une dictature.

Je ne connais aucune dĂ©mocratie dans le monde, et citez-m’en si vous en connaissez, je vous prends Ă  tĂ©moin, qui peut laisser s'installer un campement sauvage dont on sait qu'il est constituĂ© de personnes en situation irrĂ©guliĂšre.

Ce n'est pas normal.

Les jeunes Afghans - pour l'essentiel c'Ă©tait des Afghans, qui Ă©taient lĂ  -on ne peut pas s'accommoder de ce qu’ils s'installent durablement dans des campements sauvages.

On venait d’en Ă©vacuer 3000 qui Ă©taient, comme vous savez, au bord des autoroutes.

Pour autant, est-ce que je considÚre que le traitement des personnes en situation irréguliÚre et notamment des déboutés du droit d'asile en France va dans le bon sens ?

Je pense qu'il faut le reprendre assez profondément.

Enfermer ces personnes ou ces garçons car ce sont plus souvent des garçons, dans des hĂŽtels Formule 1 rachetĂ©s par les pouvoirs publics, on en a 120 Ă  Pau qui sont installĂ©s dans ces hĂŽtels Formule 1, qui ne peuvent pas sortir avec interdiction de travailler
.

Sinon ils n’ont pas les aides publiques.

Et jamais expulsés. On a promis de les expulser, on ne les expulse pas.

Vous voyez bien qu'il y a là quelque chose qui n'est pas durable comme l'on dit. On ne peut pas pendant longtemps, s’accommoder d’une situation de cet ordre.

Il faut donc que l'on y réfléchisse et, dans la fonction du Plan qui est la mienne, je compte bien mener cette réflexion.

Dans cette fonction de Haut-Commissaire au Plan, François Bayrou, vous devez rĂ©flĂ©chir Ă  la France de 2040 - 2050. C'est une France qui, si l’on s’arrĂȘte aux comptes de cette annĂ©e, sera endettĂ©e Ă  120 % de son PIB, c’est un niveau inĂ©dit depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Avez-vous la certitude, vous, que l'on remboursera bien cette dette un jour ?

Le déficit et la dette ont été des combats pour moi.

Que vous portez depuis longtemps. C’est pour cela que je vous pose cette question. Vous ĂȘtes sĂ»r que l'on va la rembourser ou est-ce qu’on peut commencer Ă  envisager d'en effacer une partie ?

Effacer, je ne suis pas certain que ce soit accepté.

Faire racheter une partie de la dette par la BCE comme le propose par exemple Arnaud Montebourg ?

Cela s'est déjà fait !

Au passage, oĂč en serions-nous aujourd'hui, oĂč l’on est obligĂ© d'investir des centaines de milliards pour soutenir les familles, les personnes et les entreprises dans cette situation de crise, si nous n'avions pas la BCE ?

OĂč en serions-nous aujourd'hui si nous n'avions pas votĂ© oui Ă  Maastricht quand il a fallu construire cela ?

C'est notre rempart. C'est de là que vient notre sécurité. C'est de là que nous pouvons, grùce à cette BCE, faire face à cette obligation de solidarité et c'est trÚs important.

Est-ce qu’on est condamnĂ© Ă  l’austĂ©rité ?

Pour l'instant, on n'est pas à l'austérité. On n'est pas si loin de cette proposition : considérer que cette dette Covid a une nature particuliÚre qui ne ressemble à aucune autre.

D'habitude, on fait des dettes parce qu'on a mal gĂ©rĂ©. LĂ , il ne s'agit pas de cela, il s'agit d'une Ă©pidĂ©mie qui n'a pas d’auteur, qui est un virus qui s'est attaquĂ© Ă  toute la planĂšte et sur laquelle Ă  mon avis il n'y a pas d’auteur, je ne suis pas complotiste...

Cette dette Covid, on en fait quoi ?

Ma proposition Ă©tait qu'on l'isole, qu’on la caractĂ©rise, qu'on la cantonne comme l'on dit et que l'on prenne un diffĂ©rĂ© d'amortissement de 10 ans et que, dans 10 ans, on commence Ă  la rembourser.

On la met au frigo, on n'y touche pas, on ne la rembourse pas pour l’instant et on la remboursera dans 10 ans. C’est le dĂ©but d’un effacement, mais ce n'est pas un effacement.

Ceci arrive trĂšs souvent quand vous achetez un appartement ou une maison ; quand vous ĂȘtes un jeune en dĂ©but de vie professionnelle ou un jeune en dĂ©but de vie de couple, il arrive trĂšs souvent qu'il y ait un diffĂ©rĂ© d'amortissement. Eh bien, ce diffĂ©rĂ© d'amortissement, Ă  mon avis, il est justement adaptĂ© Ă  la situation de cette dette, encore une fois, dont personne n'est responsable.

Jean-Michel Blanquer le ministre de l'Éducation nationale est au cƓur d'une polĂ©mique ces derniers jours selon les rĂ©vĂ©lations de Mediapart et de LibĂ©ration. Le ministre est soupçonnĂ© d'avoir tĂ©lĂ©guidĂ© le syndicat Avenir lycĂ©en pour qu’il soutienne les rĂ©formes du gouvernement.

Vous qui avez Ă©tĂ© ministre de l'Éducation nationale entre 93 et 97, est-ce que vous trouvez que c'est un scandale ?

Je ne sais pas ce qu'il y a dans cette affaire. J'ai lu les journaux comme vous. Si je comprends bien, c'est un syndicat qui recevait une subvention, d'ailleurs modique par rapport Ă  d'autres, de quelques dizaines de milliers d'euros, un syndicat lycĂ©en et dont le trĂ©sorier a dĂ©pensĂ© une partie de l'argent avec la carte bleue du syndicat, si j’ai bien compris.

Dans des hĂŽtels de luxe.

Cela, c'est la partie financement. L’autre partie, c'est que LibĂ©ration, notamment, a dĂ©voilĂ© plusieurs tĂ©moignages ; j’en cite un, celui d’une des fondatrices de ce syndicat lycĂ©en : « C’est dĂ©gueulasse, on nous a utilisĂ©s, on nous a brossĂ©s dans le sens du poil en nous filant plein d’argent, sans contrĂŽle, sans encadrement ni rien et aujourd'hui des mineurs sont suspectĂ©s dĂ©tournement de fonds. »

Jean-Michel Blanquer est suspectĂ© d’avoir chouchoutĂ© un syndicat qui le lui rendait bien. C'est normal ?

Je ne connais pas de ministre de l'Éducation qui puisse manipuler les syndicats ! Ceci n'existe pas, quel que soit le degrĂ©.

En tout cas, vous voyez bien que, oui, cette jeune fille a raison. Quand il y a une subvention Ă  une organisation, il faut un contrĂŽle. Il faut ĂȘtre prĂ©sent, mais l'espĂšce de prĂ©sentation hyperbolique d'un risque formidable parce qu'un jeune lycĂ©en a utilisĂ© la carte bleue du syndicat, franchement, par rapport au temps de crise que nous vivons, par rapport Ă  ce qui nous attend et Ă  ce qui vient, Ă  ce qui attend tous ces jeunes qui sont lĂ , cela ne me paraĂźt pas du mĂȘme ordre de grandeur.

Ce n'est pas une affaire ?

C'est une anomalie qui doit ĂȘtre sanctionnĂ©e, si elle doit l’ĂȘtre.

Et qui doit ĂȘtre tranchĂ©e par une commission d’enquĂȘte parlementaire, comme le rĂ©clament les Insoumis ?

Bon, cela veut dire non, quand François Bayrou tousse !

C'est tellement disproportionnĂ©. Si l’on fait une commission d'enquĂȘte parlementaire pour des faits qui sont aussi lĂ©gers, alors c'est que le Parlement n'est plus Ă  sa place, c'est que, tout cela, il y a derriĂšre des jeux qui sont des jeux de syndicats d'un bord contre syndicats d'un autre bord.

Je n'ai pas envie de me laisser entraĂźner dans ce genre de jeu.

Avant que cet entretien touche à sa fin, je voudrais consacrer quelques minutes à un grand homme qui vient de mourir qui s'appelle Daniel Cordier, résistant, un secrétaire de Jean Moulin, un hommage national lui sera rendu tout à l'heure dans la cour des Invalides à Paris. C'est quelqu'un que vous aviez rencontré ?

Oui, que je connaissais bien. Je serai Ă  cet hommage national parce qu'il y a eu une histoire formidable : c'est Ă  Pau, dans le pĂ©ristyle de la mairie de Pau qu’a commencĂ© l'aventure de Daniel Cordier. Il Ă©tait le jeune responsable d'un mouvement qui est, Dieu sait, un de cette aspiration, qui Ă©tait les Croix de feu, les Maurrassiens. Il Ă©tait le responsable des jeunes de ce mouvement qui, Ă  l'Ă©poque, Ă©tait trĂšs vigoureux et il a Ă©tĂ© indignĂ© par le discours de PĂ©tain que l'on baisse le drapeau et que l'on cesse le combat.

Il a été indigné, il a réuni 200 jeunes dans le péristyle de la mairie de Pau, il avait 18 ans ou 19 ans. Il les a réunis et ils ont décidé de partir en Angleterre.

Le soir mĂȘme, ils se sont embarquĂ©s dans des moyens de transport, ils ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s par l'armĂ©e, ils sont repartis le lendemain matin et ils sont partis Ă  17, la veille du 18 juin 40.

Ils sont partis les 17 et ils sont allĂ©s en Angleterre. C'est le premier acte de rĂ©sistance de la jeunesse française et nous avons posĂ©, Daniel Cordier et moi, une plaque il y a trois ans Ă  l'endroit mĂȘme oĂč ce premier acte de rĂ©sistance de la jeunesse française a eu lieu.

Je trouve que c'est incroyable qu'une vie de cette ampleur se soit enchaßnée à partir d'un mouvement spontané pour dire non à l'inacceptable de la part de jeunes gens qui avaient sans doute d'autres préoccupations et d'autres sensibilités.

C'est la preuve aussi, s'il en fallait une, François Bayrou, que l'on peut changer radicalement dans sa vie.

Encore heureux.

Commencer royaliste, antisémite et finir gaulliste dans les rangs de la résistance.

Merci beaucoup.

Merci.

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