Dangers des pollutions plastiques : 4 questions à Philippe Bolo

Philippe Bolo

Des emballages à usage unique aux plastiques les plus techniques dans le secteur des transports ou de la construction, le plastique imprègne nos sociétés. Le coût pour l’environnement de cet emballement de la consommation est immense. Or, la production actuelle de plastiques (360 millions de tonnes) devrait doubler d’ici 2050. Entretien avec Philippe Bolo, député du Maine-et-Loire, rapporteur de la mission OPECST sur les dangers des pollutions plastiques.

Vous êtes rapporteur de la mission OPECST sur les dangers des pollutions plastiques. Pouvez-vous nous expliquer votre rôle ?

Mon rôle a consisté à rassembler les informations pour répondre à la saisine du Président de la commission du développement durable du Sénat sur les causes, les conséquences et les solutions de la pollution des mers par les plastiques. Dans cet objectif, 139 auditions et 18 visites ont été organisées. Au terme de 240 heures d’auditions, 458 personnes ont été entendues. Un tiers d’entre elles était des entreprises (des producteurs de polymères aux recycleurs de déchets plastiques en passant par les plasturgistes et les metteurs en marché des produits plastiques). Un deuxième tiers était des chercheurs (spécialistes de la chimie, de la physique, de la biologie, de la sociologie, de l’économie, etc.). Le dernier tiers était composé pour moitié de collectivités territoriales, pour un quart d’ONG environnementales et pour un quart d’institutions nationales et européennes. La matière première issue de ces rencontres a permis de dresser des constats rassemblés dans le rapport d’étude.

Pensez-vous que les dangers représentés par les pollutions plastiques sont assez connus aujourd’hui de l’opinion publique ?

L’opinion publique associe à la pollution plastique les images véhiculées sur internet et d’autres médias. Ces images ce sont celles de grandes animaux marins enchevêtrés dans des déchets plastiques ou des continents de plastiques. Ces images sont réductrices. S’agissant des continents plastiques, ils correspondent davantage à des zones de fortes concentrations : les chercheurs parlent de « soupes de plastiques ». Ensuite, ces images n’évoquent pas d’autres formes de la pollution, insidieuses ou invisibles, par les micro et la nano-plastiques. A l'instar des pneus qui s’érodent à mesure des kilomètres qu’ils parcourent. Un pneu usé pèse deux kilos de moins qu’un pneu neuf. Au niveau mondial, l’érosion des pneumatiques libèrerait chaque année 5,86 millions de tonnes de particules. Ces autres formes de la pollution plastique sont peu identifiées par l’opinion publique alors qu’elles provoquent des impacts déjà identifiés et qui restent à préciser.

Quelles ont été vos constations au cours de cette année de travail ?

La production des plastiques est exponentielle. Leurs caractéristiques (couleurs, légèreté, solidité, faible coût de production) les rend attractifs et adaptables à de nombreux objets de la vie quotidienne. Dans certains secteurs (médecine, mobilité pour ne citer qu’eux) le plastique a ainsi apporté des avantages indéniables. Malgré l’omniprésence du matériau, tous les plastiques ne contribuent pas à la pollution. Le problème vient de ceux qui fuient dans l’environnement avec des impacts significatifs sur les organismes aquatiques. Les plastiques à usage unique sont aussi l’une des origines du problème de pollution. Les auditions montrent également que les pollutions plastiques se distribuent sur toute la planète sous l’effet des rivières, des fleuves, des courants marins, des vents et des pluies. Les solutions mises en place sont réelles mais doivent être renforcées face à l’ampleur du phénomène et aux faisceaux de connaissances qui convergent pour reconnaître que les effets de la pollution ne peuvent être négligés.

Quels sont les axes à développer selon vous pour remédier à ce fléau ?

Identifier précisément les plastiques contributeurs à la pollution pour les éviter, les substituer et mieux les gérer au terme de leur usage. Il faudra aussi mettre un terme à l’exportation des déchets plastiques vers des pays où l’infrastructure de traitement n’est pas de nature à les absorber. Ces exportations sont aussi celles de nos responsabilités. La gestion des déchets mérite également d’être améliorée dans la mesure ou le recyclage n’est pas la solution magique pour tout résoudre. La réduction de la quantité de plastique utilisée, notamment dans les emballages est un axe important à considérer, comme celui de nouvelles pratiques de consommation pour sortir du tout plastique.

Vous préconisez des actions communes à l’échelon européen voire international. Cela vous paraît-il réellement envisageable ?

C’est indispensable. La pollution plastique, comme le changement climatique, est un phénomène planétaire. Les actions de quelques-uns ne permettront pas, à elles seules, de remédier au problème des fuites de plastique qui, une fois dans l’environnement, se fragmentent pour migrer, plus ou moins rapidement vers les océans. Il est indispensable que la communauté internationale se mobilise dans son ensemble.

Consulter l'essentiel du rapport 

Thématiques associées

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par