Covid-19 et économie : 3 questions à Patrick Mignola 

Patrick Mignola

Patrick Mignola, député de Savoie, Président du groupe parlementaire Mouvement Démocrate et apparentés à l'Assemblée nationale et Vice-président du Mouvement Démocrate, revient sur l'impact de la crise sanitaire pour l'emploi et l'économie. Il précise également les mesures de soutien aux entreprises prises par le gouvernement.

Pourquoi, au-delà de certains services publics comme la santé et la sécurité, mais aussi l’agriculture, est-il important de maintenir autant que se peut, lorsque les conditions sanitaires le permettent, d’autres activités ? N’est-ce pas contradictoire avec la stratégie de confinement ?

Le confinement ne signifie pas l’emprisonnement. Tous ceux qui peuvent continuer à travailler, lorsque leur entreprise a pris les précautions d’organisation indispensables pour garantir leur sécurité sanitaire ou qui peuvent avoir accès au télétravail, doivent continuer à travailler. C’est évidemment le cas dans certains secteurs vitaux, comme l’agriculture et l’agroalimentaire, mais aussi ce qui permet à cette industrie de tourner : la logistique, les transports, les télécommunications, les banques…

Dans une économie fortement interconnectée, il faut avoir en tête que toute cessation d’activité dans un secteur peut avoir des conséquences considérables sur l’ensemble de la chaîne de production.

Bien entendu, cela ne signifie pas pour autant qu’il faut que la vie économique des entreprises continue "comme si de rien n’était". Il y aura des problèmes d’approvisionnement, des difficultés de débouchés ou de mise en vente, des ralentissements d’activité, des objectifs à revoir à la baisse. Nous sommes dans une situation inédite. Chacun doit s’adapter selon ses possibilités. Le Gouvernement est là pour accompagner au maximum ces adaptations : prise en charge du chômage partiel, report de divers impôts et taxes…

Je tiens également à saluer les initiatives de certaines entreprises, qui ont su modifier leurs chaînes de production pour fabriquer du matériel dont nous avons tant besoin, et qui peuvent être pourtant éloigné de leur production d’origine, comme du gel hydro-alcoolique ou des masques de protection…

Je forme le vœu que ces initiatives soient mieux encouragées et accompagnées, en lien avec les collectivités locales, les CCI, les CMA et l’ensemble des élus.

La deuxième raison, c’est qu’il est important que l’économie continue de tourner à chaque fois que c’est possible pour financer les solidarités d’aujourd’hui et les relances de demain. Le Président de la République a lancé mercredi l’opération militaire "résilience". C’est un beau mot, très juste, qui correspond parfaitement à ce que nous devons accomplir, en termes de santé publique, de cohésion sociale et nationale et aussi d’économie.

Ne nous leurrons pas, cette crise sanitaire est doublée d’une crise économique et financière à côté de laquelle celle de 2008 fait pâle figure. De nombreux économistes comparent plutôt la crise à venir à celle de 1929. Tous les efforts que chacun fournira dans les semaines à venir seront d’autant plus précieux lorsque nous sortirons de cette épidémie.

Que propose le Gouvernement et la majorité pour soutenir l’activité économique pendant cette épidémie ?

Notre objectif est de protéger l’emploi des Français et d’éviter au maximum que des entreprises mettent la clé sous la porte pendant et à l’issue de cette crise sanitaire inédite. Voilà pourquoi l’État prendra en charge de manière temporaire, le chômage partiel, afin que les entreprises puissent garder leurs salariés et les retrouver lors de la sortie de crise, mais a également proposé plusieurs mesures de soutien aux entreprises : de nombreux reports de charges, de taxes et d’impôts, un fonds de garantie des prêts jusqu’à 300 milliards d’euros ou encore des aides à destination des travailleurs indépendants.

Les différentes administrations sont en permanence à la disposition des entreprises pour leur fournir les réponses adaptées en fonction de leurs situations particulières.

Le Parlement a également autorisé le Gouvernement à prendre plusieurs ordonnances, concernant le gel provisoire du jour de carence, des assouplissements temporaires et strictement encadrés du Code du travail, mais aussi mettant en place des dispositions concernant des secteurs ou des professions spécifiques.

Devra-t-on imaginer un nouveau modèle économique post-crise du Covid-19 ? 

Il est encore trop tôt pour tirer toutes les conséquences d’une crise dont nous n’avons pas encore atteint le pic épidémique… Au Mouvement Démocrate, nous avions néanmoins d’ores-et-déjà certaines certitudes, qui se trouvent validées par la situation actuelle.

Nous avons l’obligation de revaloriser les métiers de la santé. A l’instar des professeurs, les infirmiers ou aides-soignants, très considérés, sont très mal payés.

Un deuxième exemple : à l’occasion du vote sur le CETA à l’Assemblée nationale, nous avions pu, notamment par la voix de Marielle de Sarnez, souligner l’importance de repenser le commerce international de demain. La paralysie de notre économie mondiale lorsque la Chine, usine du monde, est à l’arrêt, doit en effet nous faire réfléchir sur les priorités que nous devons accorder au commerce international et les secteurs industriels que nous devons massivement recréer en Europe et en France. C’est le cas de l’industrie pharmaceutique et la fabrication de médicaments. Un sujet sur lequel notre collègue député du Gard Philippe Berta, a déjà tiré la sonnette d’alarme. Fabriquer nos médicaments, comme nos masques, en Asie, ne peut plus être une solution ! Nous nous sommes battus avec François Bayrou pour parler du "produit en France", dès 2007 et encore plus fortement lors de la campagne présidentielle de 2012. Aujourd’hui, cette question de l’indépendance économique et de la relocalisation prend une ampleur nouvelle. Nous devrons très vite nous y atteler, dès cet été.

Au lendemain de la crise, chacun proposera "son monde d’après". Et j’imagine assez bien que les populistes, notamment en France, joueront leur partition habituelle. Je ne sais pas quel sera l’état psychologique des Français à l’issue de cette épidémie. Il y a un vrai risque qu’une majorité d’entre eux soit séduit par le discours de repli sur soi prôné par les extrêmes.

Nous devons parvenir à proposer aux Français un chemin différent, celui d’une mondialisation maîtrisée, régulée, en fonction des impératifs écologiques, celui d’une société où tout ne peut pas relever du secteur marchand et où nous devrons préparer la prochaine crise, inéluctable, celle du réchauffement climatique.

Ce nouveau chemin, nous ne pourrons l’emprunter seul. Nous devrons également repenser la manière dont l’Union européenne fonctionne. Cette crise a révélé dans le même temps des égoïsmes nationaux, mais aussi des élans de solidarité entre États membres. Il y a donc, je crois, motif à espérer, même si cet espoir est fragile. Pendant la campagne des élections européennes, nous avons porté un message d’une politique environnementale européenne ambitieuse, doublée d’une politique agricole centrée sur des normes sanitaires de qualité et une certaine forme de protectionnisme européen. Depuis le début de son mandat, l’objectif du Président de la République est de convaincre certains de ses partenaires européens de cette urgence. Gageons que cette crise mondiale sera de nature à ouvrir les yeux des plus réticents…

Thématiques associées

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par