Avec "Alice et le maire" : Nicolas Pariser déjoue les stéréotypes qui collent à la politique 

Pour le premier Grand débat 2020, mercredi 15 janvier, le Mouvement démocrate avait invité le réalisateur Nicolas Pariser, pour la projection-débat de son film Alice et le maire. Fabrice Luchini y incarne le maire socialiste de Lyon et sa relation avec une jeune philosophe, qui lui rappelle le sens initial de son engagement politique.

Paul Théraneau (Fabrice Luchini) a fait de la politique sa vie. Mais, au moment où s’ouvre le film, c’est un maire fatigué, en panne d’idées que nous découvrons. Las, surtout, de devoir afficher haut et fort un progressisme qui ne correspond plus à des projets concrets. Pour que les mots aient un sens, il faut rattacher la pensée à l’action pratique.

C’est ce que va tenter de faire Alice (Anaïs Demoustier), jeune normalienne, philosophe, affectée à un Pôle des Idées tout juste créé. Très simplement, en posant des questions pertinentes, Alice bouscule le maire, lui redonne, par instants, l’énergie et l’acuité qui lui manquent. Et, dans un univers de cabinets tourbillonnant, où tout est traité sur le mode de l’urgence, elle lui apprend à ralentir. A réfléchir, par exemple, sur la "décence commune" d’Orwell, sur la modestie, à relire Melville. De son côté, la jeune philosophe s’acclimate à un monde politique, certes déroutant, mais à certains égards, fascinant, et qu’il est trop facile de critiquer en bloc.

Pour le débat, animé par Alice le Moal, Jean-Jacques Jégou, trente ans maire du Plessis-Trévise (20000 habitants), et Didier Dousset, qui en est le maire actuellement, ont discuté des enjeux du film avec Nicolas Pariser. Jean-Jacques Jégou a ainsi jugé bien vu le rythme un peu dingue des journées du maire, que son entourage s’applique souvent à couper des réalités quotidiennes.

La folie des cabinets peut transformer la vie d’un maire, en lui faisant perdre le sens pratique.

Avec humour, il a remarqué qu’il est sorti de 30 ans de mairie sans savoir utiliser internet. Il y a toujours un conseiller pour vous faciliter les petits gestes quotidiens et il faut veiller à garder les pieds sur terre. La relation du maire avec Alice lui a beaucoup plu : "un maire a besoin de gens qui le comprennent et qui ne soient pas des courtisans". Didier Dousset comme Jean-Jacques Jégou ont indiqué que la course après le temps n’empêchait pas, heureusement, de prendre du temps pour lire un peu chaque jour.

Richard Ramos, député du Loiret et Secrétaire général adjoint du Mouvement Démocrate, a apprécié la réflexion sur la distance entre l'homme et la fonction : "parfois, on pense que sa fonction dépasse sa personne, à d'autres moments l'inverse. Le film interroge ces oscillations"

En cette période où les populismes menacent, Nicolas Pariser a-t-il voulu, avec ce film, réhabiliter ce que la démocratie a de précieux ? "Bien sûr", a répondu le réalisateur, "la démocratie est décevante et humaine, et cette fragilité est aussi ce qui la rend belle. Comme si l’on avait le choix entre Shakespeare (où, à la fin, personne n’est déçu mais tout le monde est mort) et Tchekov (tout le monde est déçu, mais vivant) : or, ne pas vouloir être déçu aboutit à la violence".

Avec Alice et le maire, Nicolas Pariser a voulu déjouer les stéréotypes. Aujourd’hui, les hommes politiques et les intellectuels sont généralement détestés de l’opinion. Le film montre un maire qui n’est pas cynique, et une intellectuelle qui n’est pas totalement névrosée. Entre eux, une intimité se tisse, une compréhension se développe. Le temps de l’écriture d’un discours sur "nos enfants de la République", où d’une conversation téléphonique comme suspendue, quelque chose émerge, qui ranime l’énergie politique du maire. Pudique, la relation entre le maire et Alice fait un peu penser au Nelly et Monsieur Arnaud de Claude Sautet.

Mais quel périmètre d’action lui reste-t-il exactement ? Entre la gestion quotidienne de la ville, les grands projets (un "Lyon 2500" ubuesque porté par Thomas Chabrol, très drôle), le Congrès du Parti socialiste et la perspective des présidentielles, le maire s’interroge sur les échelles de l’action. Et de combien de temps dispose-ton pour agir ?

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