"Uni, le centre gouvernera"

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[Entretien - Ouest France] Le président du MoDem réunit ses troupes à Guidel (Morbihan) jusqu’à dimanche. Le maire de Pau, soutien d’Alain Juppé, juge « nécessaire » une recomposition politique, mais pas à n’importe quel prix.

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Quel sera votre message central, dimanche, à Guidel ?

Donner les clés pour la reconstruction du pays et de la vie politique. Nous serions tous des Gaulois…

La présidentielle va-t-elle se jouer sur l’identité ?

L’obsession identitaire, dans laquelle on entraîne le pays, empêche de se poser des questions sur sa vie, sa santé, sa démocratie et sur les grands choix dont aucun ne dépend de la question de l’identité. Le chômeur ne se lève pas en se demandant si ses ancêtres sont gaulois ! La situation du chômage, l’échec éducatif, la situation de l’entreprise, l’organisation de notre sécurité sociale, ça ne dépend pas de l’identité.

Comment relancer le pays ? Tous les candidats de la primaire nous préparent à l’idée d’une explosion des déficits…

De manière stupéfiante ! Que la droite française, dans la situation où nous sommes, en vienne à promettre une gestion « robinets ouverts » montre à quel degré d’irresponsabilité on est arrivé. Un jour, on va devoir écraser le pays sous les impôts pour rembourser la dette. On est déjà à 100 % d’endettement. Un certain nombre de candidats disent qu’ils vont baisser la dépense publique de 100 milliards et laisser filer les déficits de 100 milliards. C’est inquiétant. Pour la première fois de ma vie, je ressens que la dislocation de l’Europe devient possible. L’écart qui est en train de se créer, entre la France et l’Allemagne en particulier, rend l’explosion européenne crédible. On a l’impression d’une vie politique qui a perdu la boule. Et tout cela pour plaire aux plus déraisonnables de son camp !

La primaire en est une explication ?

Sans aucun doute oui. Elle enferme le débat à l’intérieur d’un camp et donne aux plus agressifs un double avantage : ils pèsent plus dans leur camp que dans l’électorat, et c’est eux qui imposent les thèmes du dé- bat. Le général de Gaulle a créé la V e République pour que le Président échappe aux partis. Et, aujourd’hui, le risque est qu’on plonge dedans !

Face à l’émiettement politique, les centres ne sont-ils pas devant une opportunité inédite ?

Pour moi, il n’y a pas des centres, il yaun seul centre!Les appareils sont concurrents, il y a des rivalités, mais le centre est en fait le courant le plus homogène de la vie politique française. Ce centre a été mis sous le boisseau parce qu’un certain nombre de ses responsables ont été séduits par l’idée d’un parti unique et parce que la loi électorale l’a constamment privé de la représentation qui devait être la sienne. Or c’est une faute historique que d’avoir fait le soi-disant « parti unique de la droite et du centre »:ainsi, la droite n’a pas pu jouer son rôle et le Front national a prospéré;et le centre n’a pas pu jouer son rôle, notamment dans l’Ouest, et le Parti socialiste s’est installé. La France a besoin d’un vrai centre. Le jour où il sera uni et indépendant, il gouvernera la France.

Son unité, c’est la condition pour diriger la France ?

Oui. Les deux partis, PS et LR, qui ont le monopole du pouvoir, ont fait la preuve de leur échec. La situation va exiger des recompositions. Et ce message de changement devra être défendu, soit en étant allié et soutien de quelqu’un qui partage ce besoin de rassemblement – Alain Juppé – soit directement devant les Français à la présidentielle.

On vous soupçonne de guetter l’éventuel échec de Juppé pour, vous, être candidat…

Je ne mange pas de ce pain-là!Il y a plein de gens qui jouent du billard à trois bandes, ce n’est pas mon cas. Quand je dis que je soutiens Alain Juppé, je le soutiens. Parce qu’il est le mieux placé de ceux qui veulent à la fois le rassemblement et la ré- forme. Et parce qu’il est personnellement fiable. Ilaune intelligence, une expérience et le sens de l’honneur : autant de raisons pour moi d’avoir confiance en lui. 

Vous refusez d’être, dites-vous, la roue de secours de Macron ?

Oui. De qui que ce soit.

Même d’Alain Juppé ?

Non, d’Alain Juppé, je suis un allié. Quant à Macron, c’est très simple : parmi les échecs de François Hollande, il y a d’abord sa politique économique, le chômage, les déficits. Il se trouve que M. Macron est l’inspirateur pendant deux ans, et le décideur les deux années suivantes, de cet échec de François Hollande !

L’UDI Jean-Christophe Lagarde préconise une recomposition de Juppé à Valls en passant par Macron…

Une recomposition est nécessaire, mais elle n’est envisageable que sans faux-semblants et sans masques. Les grands courants politiques ont leur ADN, leurs convictions, leur histoire. C’est à partir de cela qu’ils peuvent assumer de prendre leur part de l’avenir. Voilà pourquoi il faut des institutions qui garantissent le pluralisme. Il faut que chacun soit repré- sentéàsa juste part, en fonction du soutien des Français. Et il faut un Pré- sident rassembleur. C’est ainsi que nous pouvons changer la politique française. Le centre, pour moi, c’est cela : la revendication d’une authenticité, et pas la tentation permanente de se jeter dans les bras des voisins.

Recueilli par Michel URVOY.

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