"Temps numérique et démocratie", avec Michèle Cotta et François Bayrou
Le 2e Rendez-vous de la Démocratie s'est tenu mardi 18 décembre, sur le thème "Temps numérique et démocratie", autour de Michèle Cotta et François Bayrou. Revivez l'événement.
Nous vivons dans un « temps numérique » : en vingt ans, l’essor des nouveaux médias a transformé le monde de la presse et de la politique. Sur internet, les blogs et les réseaux sociaux (twitter, facebook) ont accentué la réactivité des citoyens face à l’actualité et au fait politique.
La démocratie sort-elle alors renforcée ou affaiblie de ce changement d’ère ? A l’occasion du deuxième « Rendez-vous de la démocratie », la journaliste Michèle Cotta est venue porter un regard critique sur la question.
La presse et le numérique : la vérité peut-elle survivre à la rapidité ?
Le nombre de médias a explosé, faisant naître une compétition acerbe : d’un côté, la presse écrite traditionnelle ; de l’autre, les nouveaux supports numériques. Mais les médias en ligne, toujours plus rapides et guidés par le « buzz » à tout prix, peuvent menacer la qualité de l’information. Or cette « culture de l’instantanéité » empêche une nécessaire prise de recul sur les évènements.
Les journalistes ont longtemps bénéficié d’un accès prioritaire aux dépêches. Aujourd’hui ce monopole a disparu : l’information est accessible à tous. La conception des rapports sociaux a changé. Le numérique permet au lecteur de devenir partie prenante de l’information. Devant un foisonnement souvent chaotique, il revient au journaliste de hiérarchiser l’information et d’en vérifier l’authenticité.
L’accélération de l’actualité a favorisé les « réactions à chaud » et le règne des émotions. La classe politique a saisi ce changement, jouant à tort sur les passions de la société. Il est du devoir des responsables politiques d’agir suivant la raison, et non en fonction des émotions.
La politique et le numérique : sous les critiques, le courage de décider
Le numérique a offert aux citoyens un nouvel espace démocratique. Mais l’irruption de nouveaux canaux, plus directs, d’expression populaire, vient défier le modèle classique de la démocratie représentative.
Les acteurs traditionnels du pouvoir – les décideurs, les experts, les syndicats – sont interpellés par cette « génération spontanée ». Les partis politiques n’ont plus le monopole des propositions. Certains avancent l’idée d’un « Parlement virtuel » capable de légiférer sur toutes les questions. Sommes-nous allés trop loin ?
La pression immédiate de la communauté de blogueurs s’applique tous les jours sur les hommes politiques et leurs idées. On peut se féliciter qu’il y ait une démocratisation de l’accès aux débats de société. Mais pour les gouvernants, il devient plus difficile de diriger le pays sous le feu d’opinions divergentes et chaotiques.
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